Chapitre 38

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Je pars faire quelques courses dans l'après-midi avec Mia que je laisse chez ma mère à notre retour. Je reviens dans la soirée rendre visite à mon cinquante nuances. Christian est plus animé et moins grognon à mon arrivée. Lorsque j'entre dans la chambre, Ray est déjà là, Je suis touchée par sa gratitude discrète envers Christian et, un moment, j'oublie mon inquiétude en les écoutant parler pêche et base-ball. Mais mon fifty se fatigue vite.

— Christian, on va te laisser dormir.

— Merci, bébé. Ça m'a fait plaisir que tu passes.

— Nous parlions de pêche, ton Christian et moi.

— De pêche..., lancé-je en faisant la moue.

— Ana ne raffole pas de la pêche, ironise Christian, en prenant une gorgée d'eau.

— Je ne connais pas beaucoup de femmes qui aiment la pêche, rétorque Ray en souriant.

J'embrasse Christian.

— On se voit demain, Christian, d'accord ?

Ma conscience pince les lèvres. À condition que personne ne s'en prenne à moi... ou pire. Aussitôt, j'ai le moral dans les chaussettes.

— Viens Annie, laissons-le se reposer.

Ray m'attend, l'air inquiet.

Arrive l'heure du dîner, toute la famille Grey s'installe dans la salle à manger.

Je n'arrive pas à manger. Gail a préparé un pot au feu, mais mon estomac est noué par l'angoisse.

— Annie, dis-moi ce qui ne va pas ? chuchote Ray.

Je reste muette.

— Ana, que se passe-t-il ? demande Kate. Puis elle ajoute, tu ne manges rien, tu es très pâle, tu es certaine que tout va bien ? Il faut que tu manges...

Je continue de m'enfermer dans mon mutisme.

— Mme Grey, puis-je vous parler en privé ? lance Sawyer que je n'avais pas vu arriver, il est tellement discret.

Je me lève et le suis dans le bureau dont il referme la porte derrière nous.

— Mme Grey, il faut que vous mangiez. Je sais que ce qui s'est passé vous a chamboulé mais il faut vous alimenter.

— Luke, je vous assure que je n'ai pas faim.

— Vous devez manger, pensez à vos bébés.

— Je vais bien et ils vont bien. Vous n'allez tout de même pas me nourrir comme l'a suggéré mon mari ?

— Si vous ne vous nourrissez pas, cela fait partie de mes attributions.

— C'est une plaisanterie ?!

— Non.

— Sawyer, personne ne peut me forcer à manger pas même vous.... Toute cette histoire, réponds-je en sanglotant.

— Allons, madame Grey, nous retrouverons vos enfants. Nous avons un début de piste.

Je sanglote de plus belle.

— Venez, nous allons retourner dans la salle à manger.

— A quoi bon ?

Nous quittons le bureau en le refermant à clé.

Deux minutes plus tard, nous rejoignons les autres dans la salle à manger.

Je m'installe à table.

— Ma petite Ana...

Gail s'est approchée. Je me redresse aussitôt en essuyant mes larmes.

— Je n'ai pas pu m'empêcher d'entendre votre perte d'appétit, dit-elle gentiment. Vous voulez une tisane, ou quelque chose d'autre ?

— J'aimerais un verre de vin blanc.

Elle se fige une fraction de seconde, et je me rappelle que je porte des jumeaux. Etant enceinte, je ne peux plus boire d'alcool.

— Je vous l'apporte.

— En fait, je préférerais une tasse de thé, je me ravise en m'essuyant le nez.

— Une tasse de thé, alors, répète-t-elle gentiment.

Elle prend mon assiette et se dirige vers le coin cuisine. Une cuisine américaine, cela fait partie des travaux qu'a entrepris mon fifty pour agrandir la maison de ma mère, pourquoi ne suis-je pas étonnée ? Je la suis et me perche sur un tabouret pour la regarder préparer mon thé. Elle pose la tasse fumante devant moi.

— Puis-je vous offrir autre chose, Ana ?

— Non, ça ira, merci.

— Vous êtes sûre ? Vous n'avez rien mangé.

— Je n'ai pas faim.

— Ana, vous devez manger, il ne s'agit plus seulement de vous, pensez aux jumeaux qui grandissent en vous. Laissez-moi vous préparer quelque chose. Qu'est-ce qui vous ferait plaisir ?

Elle me regarde avec espoir, mais vraiment je n'ai envie de rien. Mon mari a reçu une balle dans l'épaule, il se trouve actuellement dans un centre de rééducation, nos enfants manquent toujours à l'appel. Tout d'un coup, je suis prise d'une envie irrésistible de rire. Vous voyez, dans quel état vous mettez votre mère ! Je caresse mon ventre.

Gail me sourit avec indulgence.

— Vous êtes enceinte de 5 ou 6 mois, madame Grey. Si vous ne voulez pas manger, vous devriez au moins vous reposer.

J'acquiesce et, prenant mon thé, je me dirige vers ma chambre. 

Je sors mon BlackBerry de mon sac en envisageant de téléphoner à Christian mais je l'entends d'ici me réprimander parce que je ne me nourris pas. Il va réagir de façon démesurée comme d'habitude. Et quand ne ré agit-il pas de façon démesurée ? Ma conscience hausse un sourcil finement épilé. Je soupire. Mon cinglé et maniaque du contrôle en cinquante nuances...

— Et oui, il est comme ça, votre papa, mes Petits Pois. J'espère qu'il ira mieux et qu'il reviendra... bientôt.

Je sors de ma valise, l'édition originale de Thomas Hardy qu'il m'a offert lors de notre première rencontre, cela remonte à plus de vingt ans mais je suis incapable de me concentrer. Rien n'a jamais atteint Christian Grey et pourtant il a reçu une balle. Et si la rééducation prenait plus de temps que prévu ? Il faudrait peut-être que j'appelle le Dr Flynn, je me sens tellement perdue...

Qu'est-ce que ma vie est compliquée depuis que je l'ai rencontré. Est-ce lui ? Nous deux ? Et s'il ne s'en remettait jamais ? Il reviendra en pleine forme, je sais qu'il reviendra, mes petits pois.

Je m'allonge sur mon lit et m'assoupis.

Espérons que nos enfants seront présents pour Noël....

Toute la famille Grey est ici avec moi mais une personne manque à l'appel....

Gretchen...

Pourquoi n'est-elle pas présente ? A-t-elle été remerciée par Grace, comment a-t-elle pu disparaitre de la circulation...

Ana & Christian Grey : Envers et contre toutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant