Détestable Colocation

Chapitre 40

TIANA

"J'ai froid, très froid. Mes vêtements sont trempés. Recroquevillés sur moi-même, mes membres tremblent tant la pluie qui s'abat sur moi est violente. Je ne reconnais pas l'endroit où je suis, mais à première vue, ça semble être un parc. Je suis au milieu d'un parc tentant tant bien que mal de me protéger de la pluie qui déferle sur moi.

J'entends des voix d'enfants qui s'amusent. Mais dans la nuit noire étoilée, je suis seule, complètement seule.  

Machinalement, sans que je ne le veuille, je me lève et je vois deux silhouettes au loin. Elles semblent si loin de moi. Et plus je m'avance vers elles, plus j'ai l'impression qu'elles s'éloignent.

-Ma chérie, viens avec nous, me disent ces voix avant de disparaître. Tout autour de moi semblent se dissoudre, le parc n'est plus qu'un vilain souvenir, je n'entends plus de voix d'enfants. Je suis de nouveau seule dans le noir.

-Maman, papa, où êtes-vous ? Sangloté-je en espérant qu'ils viendraient me récupérer et me rassurer.

-Personne ne viendra, ils ne t'aiment pas, chuchote une voix faisant écho dans ma tête.

-Ils t'ont abandonné, chuchote une autre voix près de mon oreille

D'un coup, je me sens poussé dans un grand puits qui semble sans fin.

Je me débats, au bord de la crise cardiaque. Ma chute dure un long moment alors que j'hurle toujours pour que quelqu'un ou quelque chose amortisse ma chute. Mais je manque d'air et la fatigue commence à se faire ressentir alors je me laisse tomber dans ce gouffre..."

Je me réveille en sursaut, le souffle court, et le corps en sueur. L'air me manquait, j'avais besoin d'eau rapidement, alors je pris la bouteille posée sur la table de chevet et bus une énorme gorgée. 

Je n'avais pas fait ce cauchemar depuis que j'avais 13 ans, je ne comprenais pas pourquoi maintenant. Je ne rêvais que rarement de mes parents et à chaque fois, leur visage était toujours aussi flou. Les rares fois où je faisais ces rêves étranges étaient quand j'étais perturbée. J'ai récemment lu un livre sur la signification de certains rêves. Les rêves peuvent nous servir à nous mettre en garde contre un problème que nous n'arrivons pas à analyser de façon consciente, ils peuvent aussi servir à nous réconforter, nous féliciter et nous donner d'y courage ou nous forcer à ouvrir les yeux - métaphoriquement bien sûr. Quoiqu'il en soit, le rêve ou plutôt le cauchemar que je venais de faire était tout sauf anodin, il avait de nombreuses interprétations psychanalytiques variées. L'une d'elle était l'acceptation d'un changement de l'être ; le masque tombe et le rêveur s'accepte tel qu'il est, dans sa vulnérabilité et sa fragilité. J'ignorais si je devais vraiment associé ce rêve à ma relation avec Jayson qui me rendait plus que tout vulnérable. Je n'étais pas une spécialiste et je décidai donc que j'en parlerais à mon cousin, lui mieux que personne savait mettre un mot sur les rêves.

En me redressant complètement du lit et après avoir allumé ma lampe torche, je découvre que je suis couchée dans mon lit. Honnêtement, je n'ai aucun souvenir d'avoir marché jusqu'à ma chambre. La dernière image qui me vient en tête, c'est moi affalé sur le canapé, mon plat à la main et un film ou peut-être une série en fond. J'étais complètement ailleurs, tiraillé par les cachoteries de Jayson.

En parlant du loup...

Peut-être avait-il préféré dormir dans sa chambre puisque qu'il n'y avait aucune trace de lui dans ma chambre. Mais en me rendant dans sa chambre toujours rien.