CHAPITRE 3 - La fuite

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Avant même que l'aube se lève, je réveillais Sam qui se chargea de lever les autres pendant qu'Aragorn cherchait un poney à acheter. A son retour avec un animal mal-nourri mais apparemment heureux de quitter ce bourg, nous étions prêts, bien que les Hobbits soient un peu bougons d'avoir eu un déjeuner frugal.

Pendant plusieurs jours, Grand-Pas nous guida dans la forêt. Je savais que nous irions à Fondcombe et je n'étais toujours certaine de ma décision, même si je n'en montrais rien et restais attentive au moindre bruit et à la moindre odeur suspecte pendant que je fermais la marche derrière les Hobbits. Leur conversation me fit cependant sourire.

- Comment être sûrs que ce Grand-Pas et cette elfe sont bien des amis de Gandalf ? Chuchota Merry à l'oreille de Frodon, oubliant par là l'ouïe des elfes, et que j'entendais ce qu'il disait.

- Je pense qu'un serviteur de l'ennemi serait plus attirant et à la fois plus repoussant

- Il l'est déjà bien assez, fit Merry en parlant d'Aragorn.

Je réprimais un rire en entendant cela et en voyant les épaules d'Aragorn se raidir de façon imperceptible.

- Nous n'avons pas le choix, il faut leur faire confiance.

- Mais où cest qu'il nous emmène ? Demanda Sam.

- A Fondcombe, maître Gamegie, dans la demeure d'Elrond, lança le rôdeur.

Je vis les Hobbits sursauter et se tourner vers moi, surpris qu'il ait pu les entendre. Je pris le temps de les observer avec le sourire tout en avançant et ils se turent, soudain muets, sauf Sam :

- Vous avez entendu ça ? Fondcombe ! Nous allons voir des elfes ! Enfin... encore plus, bafouilla-t-il, rougissant.

Durant notre voyage, je découvrais avec fascination les habitudes, pour le moins inhabituelles à mes yeux, des Hobbits. Peu avant d'entrer dans le Marais de l'Eau-aux-Cousins, j'appris qu'ils avaient sept repas dans la journée : deux petit-déjeuner, la collation de onze heures, le déjeuner, le goûter, le dîner et le souper ! Je soupirais et lançais une pomme à Merry tandis que Pippin prenait sur la tête celle que venait de lui lancer Aragorn.

La traversée des marais fut lente. Les Hobbits chutaient souvent à cause de leurs petites jambes et je devais les aider tout autant. Quand vint la nuit au milieu de ces eaux stagnantes, j'entendis le rôdeur chanter tout bas la complainte de Luthien et Beren pendant que je montais la garde plus loin. Mon cur se serra car je savais que ses pensées étaient tournées vers Arwen, la fille d'Elrond. Ils étaient amoureux, mais il n'était qu'un Homme mortel et elle, une elfe promise à une vie éternelle. J'avais hâte malgré tout de rencontrer celle qui avait ravi le cur de l'homme du Nord. Il m'avait parlé d'elle à de nombreuses reprises, des doutes qui hantaient son cur, du poids de ses origines qui influaient sur sa vie ainsi que du refus d'Elrond de voir sa fille avec un Homme, qui finirait par mourir, qu'il soit fils de Nùmenor et promis à une longue vie ou pas.

Je n'étais pas mécontente de n'avoir jamais rencontré l'âme-sur. J'avais toujours été libre, ne comptant sur personne, à part les rôdeurs qui m'entouraient, au gré de nos missions. Je décidais de ma vie comme bon me semblait depuis toujours et cela me convenait.

Enfin nous arrivions à la tour de garde d'Amon Sûl, vestige d'une époque révolue. Le soir tombait, et bien que l'endroit ne fût guère accueillant, je poussais un soupir de soulagement. Nous approchions du but. Une fois installés, Aragorn distribua des épées courtes et chacun de notre côté, nous allâmes surveiller les environs.

Il faisait nuit au moment où je regagnais la tour après avoir inspecté les environs, quand j'entendis un cri strident qui me fit dresser les cheveux sur la tête. Je tirais mon épée et grimpais les degrés quatre à quatre pour arriver jusqu'au sommet où je vis les Hobbits en bien mauvaise posture, entourés par les serviteurs de Sauron. Sam se fit assommer après avoir tenté d'attaquer les cavaliers et je me jetais sur ces derniers, tentant de les détourner de Frodon. Ce dernier laissa tomber son épée et enfila l'Anneau avant de se faire poignarder par le Roi-Sorcier Angmar. Aragorn arriva à ce moment-là et renversa le cours de la bataille. Armé d'une torche et de son épée, il les mit en fuite. Nous étions tous réunis autour de Frodon. J'entendais Sam appeler Grand-Pas, pendant que j'essayais coûte que coûte de prononcer quelques paroles de guérison en elfique. Malheureusement, je n'étais pas dotée de ce don et je cédais la place au rôdeur.

- Grand-Pas, aidez-moi ! Supplia le Hobbit joufflu.

- Il a été poignardé par une lame de Morgul, assena Aragorn, pendant que la lame de la dague se transformait en poussière et qu'il la laissait tomber sur le sol d'un air dégoûté. C'est au-delà de mes compétences de guérisseur, il lui faut la médecine elfique.

Impuissante, je le suivis avec les Hobbits, tandis qu'il se relevait avec Frodon dans les bras et qu'il l'installait sur Bill, le poney. Alors commença une course contre le temps, les Hobbits courant aussi vite qu'ils le pouvaient afin de fuir les cris stridents des Nazgûls. Nous fîmes une pause près de trolls empierrés, ceux de Bilbon d'après les dires de Merry et Pippin, pendant laquelle je me lançais à la recherche d'Athelas, ainsi que Sam et Aragorn, afin de tenter de ralentir les effets du poison de la lame. J'entendis une lame glisser hors de son fourreau à quelques pas de moi près de mon ami, et me redressait vivement. Une elfe le tenait en garde. Je vis alors le soulagement envahir les traits du rôdeur.

Ramassant la Feuille des Rois, nous retournâmes près des trolls et des Hobbits. Arwen, j'avais compris que c'était elle, expliquait à Aragorn que les spectres étaient à nos trousses, mais qu'ils n'étaient que cinq et qu'elle ne savait pas où étaient les autres. Elle décida d'emmener Frodon avec elle à Fondcombe à cheval.

- Aragorn, laisse-moi l'accompagner, je pourrais les protéger ou détourner l'attention des Nazgûls !

- Non Litya ! Elle ira bien plus vite seule

Je l'entendis murmurer à Arwen d'être prudente et de chevaucher sans se retourner. Je la regardais partir les bras croisés, pendant que Sam invectivait Aragorn, perdu dans ses pensées. Il nous fallait avancer sans tarder. Je repris la bride d'Alinaë et nous nous remîmes à crapahuter dans le bois à marche forcée, sachant que la route serait encore longue jusqu'à Imladris.

Les rôdeurs (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant