CHAPITRE 18 : Les ruines de l'Isengard

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Fangorn me semblait pleine de vitalité. Je sentais l'excitation des arbres. J'en frémissais même ! Notre troupe était silencieuse, chacun étant conscient que les arbres nous surveillaient. Enfin la forêt s'estompa, laissant apparaître les ruines d'un rempart, sur lequel étaient perchés... deux Hobbits ! Merry et Pippin se levèrent, un peu vacillants. J'observais les Rohirrim, étonnés devant la petite taille de nos amis, tandis qu'un franc sourire nous barrait le visage.

- Mes Seigneurs, bienvenue en Isengard ! Salua Merry.

- Oh jeunes coquins ! Une belle chasse dans laquelle vous nous avez entraînés, et on vous retrouve... à festoyer et... et à fumer ! S'indigna Gimli, me faisait éclater de rire.

- Nous sommes assis sur les champs de la victoire, et savourons quelque réconfort bien gagné. Le porc salé est particulièrement savoureux, nous nargua Pippin à son tour.

- Le porc salé ?

Je pouvais presque voir le nain baver en imaginant le goût du porc salé dans sa bouche.

- Les Hobbits... marmonna Mithrandir, dépité et nerveux.

Merry se tourna alors vers lui.

- Nous sommes sous les ordres de Sylvebarbe, qui vient tout juste de reprendre les rênes de l'Isengard.

Un Ent s'approcha alors de nous, chacun d'entre nous fut subjugué par cette créature mi-homme mi-arbre. L'Ent était grand, très grand. Il se pencha légèrement vers Gandalf, me remarquant au passage.

- Jeune Maître Gandalf. Je me réjouis de votre venue. Le bois et l'eau, les troncs et la pierre je peux en venir à bout, mais il y a un Magicien à matter ici, enfermé dans sa tour. Et... Oooh ! Litya, jeune elfe vagabonde, votre dernière visite en ces bois remonte à bien des années.

Je posais une main sur le cœur et le saluais dignement.

- En effet, ô Berger de Fangorn. Le temps fut bien long, mais puisse La Soleil briller sur chacune de nos rencontres.

Satisfait de ma réponse, il nous tourna le dos et nous mena vers la tour. L'eau arrivait aux jarrets des chevaux, J'avais pris Pippin devant moi et Aragorn, Merry.

- Montrez-vous ! Siffla le rôdeur entre ses dents.

- Prudence. Même vaincu Saroumane est dangereux, prévint Gandalf.

- Alors réglons-lui son compte et qu'on en finisse ! Proposa le nain.

-Non, il nous le faut vivant. Il faut qu'il parle.

Une voix doucereuse se fit entendre, nous faisant lever la tête. Au sommet de la tour se tenait le magicien. Je sentais le pouvoir se déverser dans ses paroles, tentant de nous envoûter.

- Vous avez mené bien des guerres et tué nombre d'hommes, Roi Théoden. Et vous avez tout de même fait la paix ensuite. Ne pouvons-nous tenir conseil comme nous l'avons fait jadis, mon vieil ami ? Ne pouvons-nous faire la paix vous et moi ?

Théoden parut hésiter, et sa voix était faible au début, prenant en force au fur et à mesure.

- Nous ferons la paix. Oui nous ferons la paix, lorsque vous répondrez de l'embrasement de l'Ouestfolde et des enfants qui gisent sans vie. Nous ferons la paix lorsque les vies des soldats, dont les corps furent dépecés devant les portes de Fort le Cor alors qu'ils étaient morts, seront vengés ! Lorsque vous pendrez un gibet pour le plaisir de vos propres corbeaux. Là nous serons en paix !

- Des gibets et des corbeaux ! Vieux radoteur. Que voulez-vous, Gandalf Le Gris ? Laissez-moi deviner. La clef d'Orthanc, ou peut-être même les clefs de Barad-Dûr avec les couronnes des Sept Rois et les baguettes des Cinq Magiciens ? S'énerva le traître.

- Votre traîtrise a déjà coûté de nombreuses vies et des milliers sont encore en péril, mais vous pouvez les sauver Saroumane. Car vous étiez dans les secrets de l'ennemi, fit Gandalf.

- Alors vous êtes venus quérir des informations. J'en ai pour vous. Quelque chose gronde en Terre du Milieu, quelque chose que vous avez omis de voir. Mais le Grand Œil l'a vu, lui ! Même maintenant il met à profit cet avantage, il attaquera très bientôt, vous allez tous mourir. Mais vous le savez, n'est-ce pas Gandalf ? Vous ne pouvez croire que ce rôdeur pourra un jour s'asseoir sur le trône du Gondor ? Cet exilé, sorti de l'ombre ne sera jamais couronné Roi. Gandalf n'hésite pas à sacrifier tous ceux qui lui sont proches, ceux à qui il manifeste de l'amour. Dites-moi, quel mot de réconfort avez-vous susurré au semi-homme avant de l'envoyer à sa perte ? Le chemin sur lequel vous l'avez jeté ne peut le conduire qu'à la mort.

J'avais frémis en voyant le Palantir dans ses mains. Et je m'étais tendue en entendant sa diatribe. Les mots avaient fait mouche dans la petite troupe... Les Hobbits jetèrent des regards horrifiés à Gandalf, je serrais l'épaule de Pippin et lui chuchota de ne pas l'écouter, car ses paroles n'étaient que poison. Il secoua la tête et se détendit.

- J'en ai assez entendu. Tuez-le. Transpercez-le d'une flèche, demanda Gimli à Legolas, qui s'empressa de tendre son arc.

Il fut stoppé dans son élan par Gandalf qui demanda à Saroumane de descendre, insistant sur le fait que sa vie serait épargnée.

- Gardez votre pitié et votre clémence, je n'en ai nul besoin, cracha ce dernier.

Une boule de feu enveloppa Gandalf, tentative du traître de tuer ce dernier. Les flammes disparurent, laissant Gandalf indemne.

- Saroumane ! Votre bâton est brisé !

Une explosion retentit au sommet de la tour, conséquence de la sentence de Gandalf. Grìma apparut à son tour, près de Saroumane. Théoden le vit également.

- Grìma ! Vous n'êtes pas obligé de le suivre ! Vous n'avez pas toujours été ainsi. Autrefois vous étiez un homme du Rohan. Descendez.

- Un homme du Rohan ? Qu'est-ce que la Maison du Rohan sinon une grange au bois de chaume, où les bandits boivent dans les relents pendant que leurs marmailles se roulent par terre avec les chiens ? La victoire du Gouffre de Helm n'est pas la vôtre, Théoden Dresseur de Chevaux. Vous êtes le piètre fils d'une prestigieuse lignée, se moqua le magicien.

- Grìma ! Rejoignez-nous. Libérez-vous de lui ! Insista le Roi.

- Libre ? Il ne sera plus jamais libre !

- Non, cria Grìma.

- A terre ! Chien !

Il gifla l'ancien homme du Rohan qui tomba au sol.

- Saroumane vous étiez dans les secrets de l'ennemi, dites-nous ce que vous savez ! demanda Gandalf.

- Rappelez vos gardes et je vous dirais où votre destin se décidera. Je refuse d'être prisonnier ici.

Ce fut la dernière phrase du magicien, Grìma s'était jeté sur lui et l'avait poignardé dans le dos. Legolas décocha une flèche, tuant l'assassin. Nous vîmes le corps de Saroumane tomber du sommet de la tour et s'empaler sur une roue pointue, semblable à une roue de moulin. Quelque chose tomba de sa manche et, avant que j'aie pu le retenir, Pippin avait sauté de mon cheval pour aller récupérer l'objet.

- Les immondices de Saroumane s'en vont enfin. Les arbres vont revenir vivre ici. Des jeunes arbres... de jeunes arbres sauvages, fit Sylvebarbe.

- Faites passer le mot à nos alliés et à tous les peuples de la Terre du Milieu qui sont encore libres, l'ennemi avance vers nous. Nous devons savoir où il va frapper, ordonna Gandalf.

- Pippin ! M'écriais-je, en voyant ce qu'il avait entre les mains.

- Par mon écorce ! s'exclama l'Ent.

- Pérégrin Touque ! Donnez cela, mon garçon. Dépêchez-vous !

Le Hobbit tendit la Pierre de Vision au magicien, mais je fus la seule à remarquer le regard qu'il lui lança une fois qu'il avait le dos tourné, qui me fit froid dans le dos. Je lui tendis la main et le remontais sur ma monture avant de suivre les autres qui s'en retournaient à Edoras.

Les rôdeurs (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant