CHAPITRE 24 : Forcer l'ennemi à sortir

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Je rejoignis tout le monde dans la salle du Trône après un passage par les cuisines où je pus calmer ma faim. Dans la salle de marbre, il ne manquait que Legolas, alité mais réveillé, me prévint Aragorn, et Merry et Pippin, le second veillant sur le premier. Gandalf était inquiet.

- Frodon est passé au-delà de ma vision. Les ténèbres s'épaississent.

- Si Sauron avait l'Anneau, nous le saurions, le rassura l'héritier d'Isildur.

- Ce n'est qu'une question de temps... Il a subi une défaite, c'est vrai...Mais... derrière les murs du Mordor, notre ennemi se regroupe.

- Et bien qu'il y reste et qu'il y pourrisse ! Pourquoi s'en soucier ? grogna Gimli, assis près de moi à fumer sa pipe.

- Parce que dix mille Orques se tiennent entre Frodon et la Montagne du Destin. Je l'ai envoyé à la mort...

Le désespoir avait envahi Gandalf. Je levais les yeux vers Aragorn et croisais son regard. Je connaissais cet éclat dans ses yeux et ça ne me plaisait pas...

- Non... Il y a encore de l'espoir pour Frodon. Il a besoin de temps et d'un chemin sûr pour traverser les Plaines de Gorgoroth. Et cela nous pouvons le lui donner.

- Comment ? Demandais-je, curieuse.

- En attirant les armées de Sauron ! En vidant ses terres. Rassemblons toutes nos forces et marchons sur la Porte Noire.

- Nous n'obtiendrons pas la victoire par la force des armes, rappela Eomer.

- Pas pour nous... mais nous pouvons donner à Frodon sa chance si l'Œil de Sauron reste braquer sur nous ! Rendons-le aveugle à tout autre chose en mouvement.

- une diversion... murmurais-je.

- Une mort certaine ! Une faible chance de succès ! Mais qu'attendons-nous ? S'égaya Gimli.

Ça pouvait marcher... Mais comment attirer l'attention du Mordor ? Je me doutais qu'Aragorn avait déjà son idée et qu'il savait qu'elle ne nous plairait pas.

- Sauron soupçonnera un piège. Il ne mordra pas à l'appât, contra Mithrandir.

- Oh je crois que si, lui assura Estel.

Laissant Aragorn s'occuper des préparatifs de la diversion, je retournais tenir compagnie à Legolas, mais à mon arrivée, il dormait encore. Je m'installais à la fenêtre et entonnais une chanson à voix basse, attendant que son réveil.

Immen dúath caeda

Sui tollech, tami gwannathach omen

Lû ah alagos gwinnatha bain

Boe naer gwannathach, annant uich ben-estel

An uich gwennen na ringyrn e-mbar han

Uich gwennen na 'wanath ah na dhín

Boe naid bain gwannathar

Boe cuil ban firitha.

Je me tus, mais la voix du Prince s'éleva derrière moi, et je lui fis face en souriant.

En soupirant
Tu te retournes
Le cœur lourd
Sans rien dire
Tu verras
Que le monde a changé
Pour toujours

Et maintenant les arbres
Changent de couleurs
Et le soleil pâlit
J'aurais aimé te tenir
Près de moi

- C'est une bien triste chanson que nous chantons, Amour...

- Les temps sont encore sombres. Aide-moi à me redresser.

Je l'aidais à s'asseoir dans le lit, l'informant qu'il allait bientôt pouvoir être transférer dans l'aile des invités avec nous tous.

- Raconte-moi, que s'est-il passé pendant que j'étais inconscient ?

Je déglutis péniblement et lui expliquais le plan d'Aragorn... A ma grande surprise, il ne protesta pas quand je lui avouai que je comptais les accompagner.

- Quelle utilité aurais-je là-bas ? Je ne suis pas capable de marcher seul pour le moment, même si ça ne durera pas. Et on n'enferme pas le vent d'automne..., ajouta-t-il à mon égard.

Je passais le reste de ma journée à ses côtés, l'accompagnant lorsqu'il fut envoyé dans sa chambre dans l'aile où je résidais également. Gimli nous tint compagnie un long moment. Bouleversé et heureux à la fois d'avoir failli perdre un ami cher et de le voir en vie avec la langue déjà acérée.

A la nuit tombée, je laissais Legolas seul et me dirigeais vers la salle du Trône. Je me tins à l'affût dans la pénombre, attendant qu'Aragorn arrive. J'avais deviné ce qu'il comptait faire et je préférais m'assurer qu'il ne courre pas de danger. La porte s'ouvrit enfin et il alla déposer le Palantir au pied du trône.

- Trop longtemps tu m'as traqué. Trop longtemps je t'ai évité. Plus maintenant. Contemple l'épée d'Elendil.

Sa voix avait résonné, sûre et posée. La voix d'un chef. Je sortis de l'ombre où j'étais tapie et m'approchais, silencieuse afin de ne pas le déconcentrer. Il bondit d'un seul coup en arrière, laissant tomber la Pierre au sol. En même temps, j'entendis un bruit cristallin et vis le pendentif d'Arwen se briser sur le sol de marbre et je ne pu retenir un hoquet de surprise, se faisant retourner Aragorn.

- Litya.

Je lui fis face, posant une main rassurante sur son épaule tremblante.

- Pardonne-moi Estel, mais j'avais deviné ton intention. Je voulais seulement m'assurer que tu ne risquais rien à utiliser le Palantir.

- Ma sœur... Car je t'ai toujours considéré comme telle... J'ai vu Arwen mourante... Et son pendentif...

- Un hasard ! Le coupais-je, refusant la fatalité. Même si Arwen est liée au Mal qui vit au Mordor, tant que Sauron n'a pas son Anneau, elle ne mourra pas ! Immortelle ou non. Tu m'entends, Estel ? Garde espoir, car si toi-même sombre dans le noir, qui restera-t-il pour reprendre le flambeau ?

Ses yeux, qui avaient perdu leur éclat, parurent reprendre vie.

- Sauron doit être détruit. C'est notre seule chance.

- Ça marchera. Il ne peut pas se permettre de laisser un héritier d'Isildur remonter sur le trône du Gondor.

Après une accolade, nous nous séparâmes. Je retournais dans la chambre de Legolas et me déshabillais en silence avant de me glisser auprès de lui sans le réveiller.

Les rôdeurs (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant