Le soir tombait. Dans la journée, j'avais entraperçu du mouvement sur la rive Est et je n'avais pas eu besoin de mot pour me faire comprendre par Aragorn qui accéléra la cadence. La soirée qui suivit avait été tendue entre les Hommes.
- Minas Tirith est la route la plus sûre, plaida Boromir, vous le savez, de là nous pouvez nous regrouper, nous préparer à combattre le Mordor en force.
- Il n'y a plus de force au Gondor qui puisse nous être utile.
- Vous avez été prompt à faire confiance aux elfes, avez-vous si peu foi en votre peuple ? Oui il y a de la faiblesse ! Il y a de la fragilité. Mais il y a aussi le courage et le sens de l'honneur chez les Hommes ! Mais vous ne le voyez pas ! Vous avez peur ! Toute votre vie, vous vous êtes caché dans l'ombre effrayé par ce que vous êtes ! Qui vous êtes !
Le ton montait entre eux, j'hésitais à intervenir, de peur d'envenimer les choses. Boromir n'allait pas bien. Je ne savais pas ce que la Dame avait pu lui dire en pensée, mais il paraissait fébrile et apeuré depuis notre arrivée dans les bois. J'avais la crainte de le voir perdre pied et tenter de prendre l'Anneau par la force à Frodon. Aussi m'abstins-je de tout commentaire, estimant qu'Elessar était apte à gérer ce conflit.
- Je ne conduirais pas l'Anneau à moins de cent lieues de votre cité !
Boromir partit se coucher sans adresser un mot à qui que ce soit et je pris le premier tour de garde avec Aragorn. Je n'avais pas sommeil aussi l'envoyais-je se coucher à son tour, tandis que Legolas sortait de l'obscurité des arbres alentour après avoir vérifié que nul danger ne viendrait de là. Il s'assit sur le rocher près de moi sans un mot, son épaule contre la mienne. Je brisais le silence dans un murmure.
- Que vous a dit mon père ?
- Il m'a simplement demandé de veiller sur vous. Il vous a à peine retrouvé, il ne veut pas vous perdre si vite. Je lui ai dit que ce serait un honneur de pouvoir remplir cette mission pour le gardien de la Lòrien. J'ai un grand respect pour Haldir.
Je souris à la Lune et nous reprîmes notre garde, statues vivantes et immobiles, tous les sens aux aguets, attentifs au moindre changement dans l'air, au moindre bruit. Sans nous concerter, notre veille dura jusqu'à l'aube, laissant les Hommes, le nain et les Hobbits se reposer de tout leur soûl. Nous pouvions aisément nous passer de sommeil une nuit sans sentir la fatigue. Le déjeuner fut fait de thé froid et de lembas, du pain elfique, Aragorn ayant préféré ne pas signaler notre position en allumant un feu, au grand désespoir des semi-hommes.
Durant neuf jours nous naviguâmes sur la rivière jusqu'à ce que se profile l'Argonath. Tout avait été calme jusque là. Et c'est avec un silence respectueux que nous passâmes entre les statues immenses des anciens rois du Gondor, insectes minuscules à leurs pieds.
La halte fut plus tôt ce jour-là, les chutes du Rauros ayant été atteinte. Nous allions abandonner les barques sous peu après avoir traversé, mais le repos était nécessaire pour tous. La partie la plus difficile de notre périple s'annonçait. Je fronçais les sourcils en voyant Boromir respirer avec difficulté. Il était encore assis dans la barque. Je m'approchais de lui en tendant la main, pour l'aider à débarquer.
- Boromir ? Vous sentez-vous bien ?
- Ce n'est rien gente damoiselle. La fatigue, nous ramons depuis de longues heures.
Je sentais dans sa voix le mensonge, mais me tut. Il prit ma main et je le tirais hors de l'embarcation. Il me lâcha rapidement, non sans me faire un baisemain qui me fit éclater d'un rire léger et amena des sourires sur les visages tendus de la Communauté.
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Les rôdeurs (TERMINÉE)
FantasyLitya est une elfe, élevée par les rôdeurs au décès de sa mère, peu après sa naissance. Peu curieuse de son passé, elle a vécu au gré des changements de la Terre du Milieu. Lorsque le Mordor se réveille, elle accompagne Aragorn à Bree et son destin...