CHAPITRE 23 : Un répit bien trop court

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Après le passage de l'armée des Morts, il ne nous restait plus rien à faire. Je me mis à la recherche de mes amis de la Communauté, accompagnée des fils d'Elrond. Maintenant que la frénésie de la bataille était terminée, je sentais mon dos me lancer, ainsi que mes côtes et je grimaçais. En plus je devais me déplacer à pied, mon cheval s'était enfui et je ne remettais plus la main dessus. Je regrettais Elfwinë qui était bien tranquille dans les écuries de Denethor, enfin j'espérais.

Enfin je les trouvais. Aragorn était déjà parti aux Maisons de Guérison avec Eomer, sa sœur dans les bras. Elle avait participé à la bataille, m'apprit Gimli. Il me serra dans ses bras, ce qui fit craquer mon dos et m'arracha un gémissement, pendant que les jumeaux saluaient Legolas d'une accolade chaleureuse. Enfin je fus face à lui, je me contentais de le regarder, un sourire sur mes lèvres. Sa main se posa sur ma joue et il fondit alors sur mes lèvres. Un hoquet de surprise retentit derrière moi pendant que je nouais mes mains autour de son cou. J'eus l'impression que ce baiser ne dura qu'une seconde car je n'étais pas rassasiée mais un toussotement se fit entendre et je m'écartais à regret.

- Je t'ai cru morte, meleth nîn. J'ai cru mon cœur déchiré en deux peu de temps avant que nous débarquions sur la rive.

- Un Troll m'avait écrasé contre un mur, murmurais-je, j'ai perdu connaissance un moment.

- Vous allez nous expliquer ? Ou dois-je demander au nain ici présent ? Maugréa Elrohir, sous les rires de Gimli.

- Ne sois pas jaloux, mon ami, cette elfe guerrière a ravi totalement mon cœur. Je ne te laisserai pas tenter de la séduire, prévint le Prince.

- J'avais tenté ma chance, mais je n'ai récolté que des contusions, à mon grand désarroi !

Nous retournâmes tous les cinq à Minas Tirith, joyeux et tristes à la fois. Joyeux car nous étions en vie, tristes car il y avait eu tant de morts... Legolas m'envoya rejoindre Aragorn afin de vérifier que je n'avais rien de cassé, mais c'était seulement des contusions et je pus aller me reposer dans ma chambre. Je fis d'abord un détour par le lit de Faramir qui s'était réveillé et était heureux de l'issue du combat, bien qu'il n'ait pas pu participer.

- Je me demande comment va le jeune Pérégrin ? Songea Faramir, alors que je me levais pour prendre congé.

- Il est plus âgé que vous en fait, bien que sa petite taille vous fasse penser le contraire, riais-je.

Je ne montrais pas la pointe d'inquiétude que sa question avait fait naître. Je le saluais et sortis rapidement rejoindre Legolas et les jumeaux pour leur en parler.

- Merry devait sûrement être là aussi, serait-il possible qu'ils soient quelque part sur la plaine ? Réfléchit le Prince à voix haute.

- Il n'y a qu'un moyen de le savoir, fit Elladan en se détournant.

Je haussais un sourcil et vit la direction qu'il prenait. Nous le suivîmes et sans prendre la peine de seller nos montures, nous descendîmes vers les portes de la ville. J'essayais de ne pas imaginer leurs cadavres parmi ceux des Orques... Une fois sortis, les fils d'Elrond partirent de leur côté tandis que je mettais ma monture au pas près de celle de Legolas, nos yeux à l'affût. La nuit tombait et il devenait difficile de distinguer les couleurs.

- Là-bas ! S'écria Legolas !

Je suivis ce qu'il me montrait du doigt et je distinguais deux petites silhouettes qui marchaient difficilement, l'une soutenant l'autre. Je sautais de Elfwinë et courus vers eux.

- Litya ! Attention !

Je fus projetée à terre et en me redressant, je constatais qu'une flèche était enfoncée au-dessus du coeur de Legolas. Je bondis sur l'Orque qui avait tiré et qui tentait de s'enfuir. Tombant sur ses épaules, je pris sa tête entre mes mains et lui brisais les cervicales brutalement. Il tomba au sol, mort, et je me retournais vers mon âme-sœur qui gisait sur le dos, une main crispée près de la flèche. Je hurlais.

- Elrohiiiiiiir !

J'entendis des chevaux arriver pendant que je courais vers Legolas, les yeux noyés de larmes.

- Meleth nîn...

- Ne parle pas... Legolas, c'est...

- Flèche noir, je... je sais... Je sens la douleur, le poison qui envahit déjà mon corps...

Il gémit et je poussais un cri.

- Elro !

- Je suis là ! Je ne peux rien faire ici, il faut le transporter à Aragorn !

- Alors va !

Nous installâmes Legolas sur son cheval et je demandais à Elladan de prendre Merry avec lui, tandis que je prendrais Pippin. Les deux Hobbits étaient effrayés, et Merry avait le même mal qu'Eowyn. Il avait touché le Roi-Sorcier et en payait les conséquences. Je regardais les deux chevaux s'éloigner et tendis la main à Pippin.

- Dites Litya...

- Oui Pippin ?

- Ils vont survivre ?

- Aragorn va les soigner... Merry est un Hobbit, il va se remettre rapidement. Ce n'est pas irréversible.

Je le rassurais d'un sourire, ne parlant pas de Legolas. Je sentais qu'il dépérissait, l'écho de son cœur en moi avait des ratés. Je n'étais pas sûre de survivre s'il venait à mourir. J'avais manqué de prudence et c'était lui qui allait mourir. Nous rentrâmes à la cité au petit trot, et dès notre arrivée, Pippin couru aux Maisons de Guérison. Je pris le temps de passer par ma chambre, préparant mes affaires pour un exil, tant l'issue était incertaine pour le Prince.

- Je savais que je te trouverais ici...

- Elrohir...

- Estel s'occupe de lui. Il va s'en sortir. Attend que la nuit passe avant de repartir sur les routes...

- Son cœur...

- Bon sang ! Litya, fille d'Haldir, Gardien de la Lòrien, depuis quand baisses-tu les bras si vite ?

Il m'avait empoigné les épaules, me forçant à le regarder à travers mes larmes.

- Je... Je devrais être à ses côtés, ne pas me terrer dans ma chambre à pleurer...

Il poussa un soupir soulagé et j'abandonnais tout en vrac sur le sol de ma chambre pour me précipiter au chevet de Legolas, Elrohir sur mes talons. Aragorn me retins à l'entrée des Maisons de Guérison et posa un doigt sur ses lèvres avant de m'entraîner dehors.

- Il dort pour le moment, j'ai fait mon maximum. Maintenant, il faut attendre que la nuit passe. Au matin, si la fièvre est tombée, il sera tiré d'affaire. Mais il sera faible pendant quelques temps.

- Puis-je le voir ?

- En fait, tu vas devoir passer la nuit avec lui, car je n'ai personne de disponible pour surveiller son état. Et j'ai d'autres blessés à voir.

Je hochais la tête et il me conduisit au lit du Prince. Sa respiration était saccadée, son front luisait de sueur, mais il était vivant, c'était le plus important. J'eus honte de ma réaction première. Je passais une main légère sur son visage et ses yeux papillonnèrent.

- Litya ?

- Chut, ne parle pas. Tu dois te reposer et reprendre des forces...

- Mellon le...

Je passais la nuit à rafraîchir son corps, priant les Valars de ne pas me l'enlever. Au petit matin j'étais épuisée, je n'avais laissé personne prendre ma place. Lorsqu'Estel vint à l'aube voir ce qu'il en était, je lui adressais un sourire vainqueur. Lasse, je le laissais au chevet de Legolas et partis prendre un bain dans ma chambre.

Les rôdeurs (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant