CHAPITRE 32 : Retour au Gondor

1K 70 4
                                    

Voilà quelques jours déjà que nous étions revenus au Gondor. J'étais satisfaite de l'aide que nous avions pu apporter à mon père et je m'en étais retournée sereinement afin d'aider à la préparation du couronnement de l'Héritier d'Isildur. J'avais complètement mis de côté ce qui s'était passé avec Elfaron et j'étais simplement heureuse d'être en vie, amoureuse et comblée de joie par les évènements qui s'annonçaient.

La cérémonie aurait lieu le lendemain et je ne pouvais empêcher ma nature insouciante d'Elfe de reprendre le dessus tandis que je marchais près de Legolas dans les couloirs de la demeure d'Aragorn, malgré mes tentatives de rester neutre et les regards noirs, mais non crédibles, de mon fiancé.

- Arrête de sauter partout ainsi... Aragorn se rend bien compte qu'on lui cache quelque chose.

- Pardonne-moi, je ne tiens plus en place depuis la missive du Seigneur Elrond. Notre ami sera heureux de voir la délégation de la Vallée cachée. Plus qu'heureux.

J'adressais un immense sourire à Legolas qui me fusilla un instant des yeux, mais incapable de se contenir plus longtemps, il me rendit mon sourire et je battis des mains comme une enfant en éclatant d'un rire clair qui fit retourner les gens autour de nous.

- Je ne t'ai jamais vu si joyeuse depuis que je t'ai rencontré.

Mon sourire se fana et l'inquiétude traversa ses beaux yeux bleus. Je me repris, me morigénant intérieurement. L'Ombre était partie définitivement, je n'avais plus ce poids sur le cœur.

- C'est que tu ne m'as jamais vu avec Elladan et Elrohir ! Il n'y a pas mieux pour dérider quelqu'un.

- Aurais-je entendu une douce demoiselle soupirer après moi et murmurer tendrement mon nom ?

Je me tournais vers la voix veloutée et souris à Elrohir qui se dirigeait vers Legolas et moi-même. Son frère le suivait de quelques pas, les mains croisées dans son dos, un sourire ourlant ses lèvres.

- Ce n'est que le vent qui chuchotait, Elro ! Ou bien ton ouïe légendaire te ferait-elle défaut ?

- Par les Valars, j'aimerais mieux, étant donné que ma chambre est proche de la tienne ! Mais passons, je m'égare. La Dame du Rohan, la belle Eowyn, te recherche pour que vous vous mettiez d'accord sur vos robes.

Bon sang, il allait parfois trop loin. Il n'était pas obligé de parler de mes ébats nocturnes avec le Prince sylvain ! Nous étions quand même au beau milieu d'un couloir de la demeure du Roi ! Je lui tirais outrageusement la langue et m'éloignais après avoir embrassé Legolas et salué Elladan. Puisqu'Eowyn souhaitait me voir, je me rendis à sa chambre, croisant Eomer qui passait l'air pressé mais serein et me saluait cordialement. Arrivée à la porte en chantonnant, je frappais doucement et attendis qu'on me réponde. La porte s'ouvrit brutalement sur un tourbillon de jupons.

- Litya, enfin te voilà ! Entre vite !

Elle me saisit le bras et me tira à l'intérieur avant de me propulser vers une chaise. Je me massais le bras avec un léger rire tandis qu'elle se faufilait derrière un paravent dans une envolée de tissus.

- Je souhaite ton avis sur cette robe. Les couturières en ont fait une pour le moment. Si le modèle te plaît, elles s'attelleront à préparer la tienne. Alors ?

Je restais bouche bée devant la robe ivoire qu'elle avait enfilée avec l'aide de sa chambrière et qu'elle me présentait en tournant lentement sur elle-même.

- Je pense... Je pense qu'elle te va à merveille et que nous risquons toutes deux d'éclipser le Roi Elessar, fis-je avec un sourire.

Je regardais Eowyn battre des mains telle une enfant devant un cadeau avant de retourner derrière son paravent afin de retirer sa robe et de remettre une robe plus simple. Elle ressortit avec la robe ivoire sur le bras et je me levais afin de la suivre hors de la pièce. Elle se dirigeait dans les couloirs comme si elle était chez elle et je ne pus m'empêcher de l'observer à la dérobée : bien que le château de Meduseld ressemble davantage à un manoir de province qu'à un véritable château, Eowyn n'en avait pas moins un port royal et le pas assuré. Qui plus est, depuis sa rencontre avec Faramir, elle rayonnait littéralement et chacun ne pouvait que s'illuminer sur son passage et lui rendre son sourire qu'elle avait de façon permanente au visage.

- Dis-moi Eowyn ?

- Mmh ?

- A quand les fiançailles avec le bel intendant du Gondor ?

J'esquivais l'épaule de la Dame du Rohan qui s'était arrêtée brutalement et qui rougissait à vue d'œil.

- En fait... Faramir a demandé l'autorisation à Eomer ce matin et mon frère était venu me voir juste avant que tu n'arrives. Il souhaitait savoir si j'étais bien sûre de moi.

- Je suis heureuse pour vous deux. Vous méritez ce bonheur.

- Merci. Et toi et Legolas ? Quand comptez-vous vous marier ?

Incapable de répondre, je reprends le chemin vers les quartiers des couturières. Eowyn me rattrapait rapidement et posa une main douce sur mon bras, m'obligeant à m'arrêter et à la regarder dans les yeux.

- Que se passe-t-il ? Il me semblait pourtant que tout paraissait évident pour vous deux, n'est-ce pas le cas ?

- Si, c'est une évidence. Il n'est pas si courant pour deux Elfes de rencontrer leur âme-sœur et pourtant c'est ce qui nous est arrivé. Mon père n'a pu qu'approuver notre désir de nous unir maintenant que la guerre est terminée.

- Alors pourquoi cet air si sombre ma douce amie ?

- Legolas... n'a pas encore annoncé à son père mon existence et encore moins nos projets de mariage. Selon lui, Thranduil va refuser de nous donner sa bénédiction. Et bien qu'il m'ait assuré que nous ferions sans, je ressens que l'accord de son père compte à ses yeux.

Eowyn ne me répondit pas, mais j'avais bien vu que son sourire s'était un peu flétri. Dire qu'il y avait quelques mois à peine, je pensais qu'elle me détestait d'avoir eu une liaison avec son frère. Dorénavant, notre entente était profonde et son avis comptait beaucoup à mes yeux. Nous terminâmes le trajet en silence et je plaquais un sourire sur mes lèvres lorsque je saluais les couturières qui allaient s'occuper de ma robe.

Les rôdeurs (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant