Plusieurs jours passèrent ainsi, chacun se remettant doucement des blessures subies pendant les différents combats. Frodon s'était réveillé et, bien que marqué profondément par le fardeau qu'il avait porté pendant ces longs mois, il récupérait bien, même s'il était plus discret qu'auparavant. Sam paraissait lui aussi plus grave. Je n'avais pas demandé quelles épreuves ils avaient subi lors de leur aventure, ne voulant pas les obliger à se les remémorer. J'avais été heureuse de les revoir et les avait assurés de mon amitié.
Un midi, Aragorn nous réunit tous dans la salle du Trône, sans nous indiquer la raison, comptant seulement sur notre présence. Lorsque nous arrivâmes, il nous tournait le dos, mains croisées dans son dos, faisant face à son Trône. Aucun d'entre nous ne parla, attendant son bon vouloir. Enfin il nous fit face, scrutant nos visages et souriant à chacun.
- Mes amis, j'en ai discuté longuement avec les conseillers du Gondor et avec Faramir. J'ai accepté de porter la couronne de mes ancêtres...
Ce fut un tonnerre d'applaudissements qui me vrillèrent les tympans, tandis que la salle résonnait des cris de nos amis. Je voyais la fierté d'Aragorn tandis qu'il attendait que le tapage se termine. Il continua sa tirade.
- Je voulais l'annoncer en premier lieu à vous tous. Qui avez donné plus que quiconque pour la Terre du Milieu. Quoiqu'il se passe dorénavant, la Communauté sera liée à jamais. Que ce soit par l'amour, dit-il en me fixant, par l'amitié, par le sang ou par les épreuves traversées. Gandalf, mon ami, je souhaiterais que ce soit de votre main que la couronne soit déposée sur ma tête. Dans trois mois, je serais Roi si vous acceptez... En attendant le couronnement, chacun est libre de demeurer ici ou de vaquer à ses occupations.
Le Maiar posa une main sur le cœur et inclina la tête en guise d'assentiment. Aragorn le remercia et se dirigea vers la table, annonçant ainsi que nous pouvions déjeuner. Une fois assise, je pris un morceau de pain entre les mains, réfléchissant. Trois mois, avait dit le rôdeur. Non, il ne serait plus rôdeur, il serait Roi. Trois mois, c'était suffisant pour aller jusqu'à chez mon père et aider les Elfes. Je redressais la tête et regardais Aragorn qui capta mon regard.
- Je souhaitais profiter des trois mois pour me rendre chez mon père. Je suis certaine que les bois sont la cible d'attaques d'Orques et je veux leur venir en aide. Ils sont mon peuple et ma famille...
Je sentis Legolas se raidir près de moi. Il se leva brutalement, repoussant sa chaise qui tomba au sol. Je fermais brièvement les yeux et soupirais. Je priais chacun de l'excuser et me levais à mon tour, suivant le Prince sylvain. Je le retrouvais dans un couloir désert de l'aile des invités et l'attrapais par le bras, le forçant à se retourner. Il était furieux et me le fit savoir.
- Pourquoi ? Pourquoi veux-tu sans cesse t'exposer au danger ? N'as-tu pas eu assez avec toutes ces batailles ? Tu as failli perdre la vie au Gouffre de Helm et dans les murs de cette cité ! Tiens-tu tant que ça à mourir ? Tu es une égoïste !
Sa dernière phrase se ficha en moi comme une flèche. Folle de rage, je dégainais ma petite dague et, plaquant Legolas contre le mur du couloir, j'appliquais la dague sur son cou avant de me mettre sur la pointe des pieds pour murmurer à son oreille.
- Qui de nous deux est égoïste ? Moi qui souhaite venir en aide à mon père, à mon peuple ? Ou vous, cher Prince, qui préférez garder une femme pour vous seul, sachant que d'autres risqueront leur vie à sa place ?
Sa main arracha ma lame de sa gorge et d'un mouvement il me plaqua à mon tour contre le mur, rageur, la dague contre ma jugulaire. Il me fixa longuement avant de parler.
- Oui, je suis égoïste. J'ai trois mille ans bientôt et je ne veux pas que celle que j'aime risque sa vie sans raison. Je ne supporterais pas de la perdre.
Il laissa tomber la dague, qui tomba au sol dans un bruit clair tandis qu'il se penchait vers mon visage. Je sentis son désir, brutal, sauvage. Sa langue fouilla ma bouche tandis que ses mains descendaient sur mes cuisses et que je défaisais son pantalon. Il remonta ma robe et me souleva. Je nouais mes jambes à sa taille. Ce fut bref et violent. J'étais écrasée entre le mur froid en marbre et le torse brûlant de Legolas, mais je n'aurais voulu être nulle part ailleurs en cet instant. Je venais de comprendre que, bien qu'il me laissait toute liberté dans mes agissements, il souffrait le martyr dès que je devais aller me battre et que nous étions séparés. Je gémis en me mordant les lèvres tandis qu'un gémissement rauque s'échappa de ses lèvres dans mon cou. Nous restâmes un instant ainsi, puis il me reposa au sol, chacun réajustant ses vêtements. Il ramassa ma dague et me la tendit. Je la pris, songeuse.
- Je n'avais pas l'intention de partir seule voir Haldir... Accompagne-moi, je t'en prie... Gimli serait également sûrement ravi de revoir la Dame de ses pensées.
- A une condition.
- Je t'écoute.
Son air sérieux me fit paniquer, mais il s'empara de ma main et y déposa un baiser léger avant de poser un genou sur le sol et une main sur le cœur, il posa une question à laquelle je ne m'attendais pas.
- Acceptes-tu de devenir mienne pour le restant de nos vies immortelles ?
Trop émue pour répondre, je ne pus que hocher la tête, heureuse. Il se releva et je l'embrassais à perdre haleine.
- Je ne me voyais retourner en Lòrien et voir le Gardien de ces lieux sans lui demander sa bénédiction pour une union que tu auras accepté.
- Je ne doute pas de son accord, murmurais-je.
- Moi non plus. Le seul dont je doute est mon père, le Roi Thranduil... avoua-t-il songeur, je suis certain que mon choix ne sera pas le sien. Mais peu m'importe, s'il faut nous ferons sans. Quand veux-tu partir ?
- Dès que possible, afin d'être de retour pour le couronnement de notre ami.
Il hocha la tête et nous retournâmes vers nos compagnons afin de leur annoncer notre départ et proposer à Gimli de nous accompagner.
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Les rôdeurs (TERMINÉE)
FantasiaLitya est une elfe, élevée par les rôdeurs au décès de sa mère, peu après sa naissance. Peu curieuse de son passé, elle a vécu au gré des changements de la Terre du Milieu. Lorsque le Mordor se réveille, elle accompagne Aragorn à Bree et son destin...