Prologue

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                                                                                            Ashton

Je m'engouffre dans une ruelle sombre à toute allure et à bout de souffle. Quelques mètres devant, je repère la seule façon que j'ai de me sortir de là. D'échapper à ce qui m'attend s'ils foutent la main sur moi.

J'accélère de plus bel, quand tout à coup, une sirène se rapproche. La lumière des gyrophares de l'une des bagnoles de flics, qui me poursuit depuis plus de quinze minutes, se reflète sur les murs en briques qui s'élèvent autour de moi. Au moment où je m'apprête à me tirer de ce labyrinthe dans lequel je tente de les perdre depuis tout à l'heure, la voiture me barre la route. J'amorce un rapide demi-tour, pour me remettre à courir dans le sens inverse, mais après quelques mètres, une deuxième caisse qui est arrivée à se faufiler dans la ruelle, fonce droit sur moi.

J'observe les alentours, à la recherche d'un moyen pour me tirer de là et analyse toutes les options qui s'offrent à moi. Mon frère m'a mis plusieurs fois dans des situations de ce genre, où il a fallu que je lui apporte mon aide, afin qu'il ne se retrouve pas en tôle. Cette fois, j'ai comme l'impression que c'est moi qui vais devoir y séjourner.

Putain, fait chier !

J'aperçois à ce moment une échelle scellée dans le mur, qui mène au toit d'un des bâtiments. Je fonce vers elle, puis me prépare à grimper, quand soudain, quatre policiers approchent en courant.

— Arrête gamin ! lance l'un d'entre eux, arme au poing.

Je n'ai eu le temps de gravir que cinq barreaux et ils me tiennent déjà en joue, bien déterminés à m'arrêter. Après ce que je viens de faire, ils n'hésiteront pas à me tirer dessus pour m'immobiliser. Je me demande ce que ça fait de recevoir une balle. Un peu plus tôt, j'ai menacé le gérant d'une petite supérette avec le flingue que je porte toujours coincé dans la ceinture de mon jean et qui n'est même pas chargé. Sur le coup, je ne me suis pas posé cette question. Je voulais juste récupérer l'argent de sa caisse, histoire que mon frangin puisse rembourser sa dette et me voilà avec ces foutus biftons fourrés dans mon sac à dos, les poulets à mes trousses.

Alors que je m'apprête à tenter de continuer d'escalader cette seule porte de sortie qu'il me reste, une voix résonne et je la reconnais aussitôt. Le shérif. En réalité, il est lieutenant, mais je lui file ce surnom parce qu'il m'a toujours fait penser à ces flics des petites bourgades. Il me connaît depuis gamin, a assisté à ma chute et mon changement de comportement.

— Ashton ! Fais pas le con ! T'as encore une chance de t'en sortir !

Il approche et je l'observe tandis qu'il me montre qu'il range son arme. Qu'est-ce qu'il entend par là ? Avec mon casier, c'est mort, ils vont me juger comme un adulte, ils m'ont prévenu. Je me retourne vers l'échelle, à laquelle je suis toujours suspendu et m'apprête à attraper le barreau suivant lorsque sa voix s'élève de nouveau.

— Le quartier est bouclé, fiston, allez, descends ! me demande-t-il, presque suppliant, en jetant un œil à ses hommes.

Je soupire, puis me résigne à descendre. Bordel de merde ! Ma vie ne vaut pas cette minuscule somme d'argent.

Mes pieds touchent le sol et les bras le long du corps, je les observe un à un, leurs neuf millimètres toujours pointés sur moi.

— À genoux, les mains sur la tête ! m'ordonne l'un d'eux.

Je me laisse tomber à terre, puis m'exécute, toujours dans un coin de la tête l'idée de me relever et de tracer à toute vitesse à travers la faille que je viens de remarquer. Mais, l'un des flics approche déjà et saisit mes bras pour me les plaquer dans le dos. Il me force à me relever puis me pousse brutalement vers l'avant, sans me lâcher, pour me faire avancer vers la voiture qui m'a barré la route. Il me malmène, mon sang bouillonne et la rage commence à prendre le dessus. Personne ne me bouscule comme ça. Plus jamais.

D'un mouvement brusque, je tente de me défaire de sa prise et réussis à dégager l'un de mes bras pour lui asséner un coup de coude dans la mâchoire. Le type grogne de douleur, mais me bloque de nouveau pour me plaquer violemment contre le capot de la caisse. Ma lèvre s'éclate sur le métal froid, je passe ma langue dessus et le goût du sang me fout encore plus en rogne. Énervé, il me colle les menottes tout en me citant mes droits, alors que j'en ai rien à carrer. Je regrette déjà de ne pas avoir choisi la dernière option qui s'offrait à moi. Cet enfoiré me traîne jusqu'à la portière arrière de la bagnole qu'il ouvre, pour me pousser à l'intérieur.

Une fois au poste, ils me font m'asseoir dans une pièce éclairée par des néons qui me niquent les yeux et m'attachent à la table, comme un vulgaire clébard. Je patiente bien une heure à hocher nerveusement la jambe, prêt à pousser une gueulante pour que quelqu'un se pointe. Putain, en plus, j'ai envie de pisser.

Lorsque le shérif passe la porte, le regard dur et s'assoit en face de moi, il reste silencieux quelques secondes. Il tourne les pages de ce qui semble être mon casier judiciaire et j'attends qu'il me balance la sentence. Parce que ouais, j'en suis pas à ma première arrestation. Jusque-là, ce n'était que de petits délits, où je n'ai été condamné qu'à des heures de travaux d'intérêt général. Ça me fait marrer. En quoi ramasser des putains de papiers dans un jardin public ressemble à une punition, sérieux ?

Il plante son regard dans le mien, tandis que je le fixe un sourire aux coins des lèvres depuis qu'il est arrivé.

— Je vais faire court, gamin, annonce-t-il.

Rah, j'ai horreur quand on m'appelle comme ça !

— Deux options s'offrent à toi. Soit, on te juge comme un adulte.

Je laisse échapper un rire moqueur. Les flics oublient vite leur promesses...

— Où bien... On te fait intégrer un programme spécial.

Je fronce les sourcils. C'est quoi ces conneries encore ?

Rᴜʟᴇ Nᴜᴍʙᴇʀ Fᴏᴜʀ [Tᴏᴍᴇ 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant