Chapitre 4

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Ashton

J'ouvre les yeux à six heures pétantes et grogne. Si je chope celui qui a eu l'idée de coller des lits aussi petits dans les chambres, je le massacre. J'évite de parler de la couette minuscule et de mes pieds qui ont dépassé toute la nuit. Avec mon mètre quatre-vingt-dix et mes quatre-vingt-huit kilos, ce plumard ne tiendra jamais le coup. Moi non plus. Mon coloc' de chambre ronfle comme une putain de locomotive et j'ai bien cru que j'allais le balancer par la fenêtre en pleine nuit. Va falloir que je trouve une solution.

Je m'assois sur le bord du lit, passe une main sur mon visage et glisse un regard sur lui. Il dort toujours aussi profondément et ça me fout en rogne. Lui m'a empêché de pioncer correctement, je vois pas pourquoi je le laisserais dormir. Chez moi, c'est toujours œil pour œil, dent pour dent. Je me redresse en prenant sur moi pour ne pas le tirer et le faire tomber de son matelas. Ça me demande vraiment un self contrôle de malade. Il est rentré vers deux heures du mat' et pour le moment nous n'avons pas encore eu à nous présenter. Franchement, c'est pas plus mal, parce que la tout de suite, j'ai surtout des envies de meurtre. J'attrape une serviette propre dans mon armoire, puis sors en calbute pour rejoindre les douches communes. Ça, c'est le seul truc qui ne me changera pas complètement du centre de formation. Aussi con que ça puisse paraître, j'ai pris un rythme durant ces deux dernières années et je vais avoir du mal à le changer. Debout à six heures, douche, p'tit déj', cours et entraînements, puis extinction des feux à vingt-et-une heures. Tout ça réglé à la minute près et sous la surveillance étroite de nos formateurs. Pour ces gosses de riches, cet endroit doit ressembler à une prison. Pour moi, c'est une petite bouffée de liberté. Certaines choses restent à revoir pour que je me sente totalement libre, c'est sûr, mais c'est toujours mieux.

Lorsque j'arrive dans les douches, c'est désert. Note à moi-même : continuer d'être matinal. Les cours commencent à huit heures, il me reste environ deux heures, j'ai de la marge et j'ai déjà une idée de ce que je vais faire en attendant. Je me savonne rapidement, me rince et enroule la serviette autour de ma taille avant de quitter la salle de bain. Les étudiants commencent à s'agiter et me regardent avec insistance. Rien d'étonnant, ils doivent penser que je fais tache.

Un mec dont la gueule ne me revient pas m'observe tout en glissant un mot à son pote et je lui lance un regard assassin lorsque j'arrive à sa hauteur.

— Baisse les yeux, connard, ou j'te les fais bouffer, grogné-je.

Petit détail à connaître sur moi : je ne suis pas du matin, mieux vaut ne pas me faire chier. Il se marre et je m'approche pour me planter devant lui. Il pense vraiment que je rigole ?

— T'as quelque chose à dire ?

Il ne se démonte pas et détaille mon allure. Les tatouages sur mon cou, qui remontent jusque sur le côté de mon crâne, ceux de mes avants bras, puis de mon torse qui en est recouvert.

— Tu te serais pas gouré de campus ? J'pense que ta place est plus...

Sans lui laisser le temps de finir, je le saisis par la gorge, le plaque contre le mur et me penche à son oreille. Il vaut mieux qu'il sache tout de suite à qui il a affaire. Si j'ai bien appris quelque chose, c'est de montrer qui je suis pour éviter qu'on me cherche la merde trop souvent.

— Je serais toi, je la fermerais. T'as une jolie petite gueule et il suffirait que tu te baisses un peu trop dans les douches pour qu'un malheureux accident arrive, lui soufflé-je.

Il se tend et j'esquisse un sourire en coin en plantant mes pupilles dans les siennes. Après lui avoir foutu le trouillomètre à zéro, je m'écarte légèrement sans le lâcher des yeux.

Rᴜʟᴇ Nᴜᴍʙᴇʀ Fᴏᴜʀ [Tᴏᴍᴇ 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant