Chapitre 15

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Ellyn

Son sourire en coin m'exaspère et sa bouche m'appelle. Son parfum m'enivre et la chaleur qui se dégage de lui, aussi proche de moi que je le lui autorise, rallume cette étincelle qu'il avait éteinte la dernière fois. Il pose son autre main contre le mur, de la même façon que la première comme pour me signaler qu'il ne me laissera pas fuir. Seulement, la distance qu'il maintient entre nous m'informe qu'il reculera si c'est ce que je souhaite et qu'il n'insistera pas.

Il est malin. C'est à moi qu'il donne le dernier mot. Je dois décider de la suite.

— Qu'est-ce que tu fous ? réitéré-je.

Nouveau rictus, nouveaux frissons qui dévalent le long de ma colonne vertébrale. C'est dingue ce truc !

Il hausse les épaules, nonchalamment, sans me quitter des yeux une seconde et ses avant-bras se rapprochent de part et d'autre de mon visage. Sa peau frôle ma joue et laisse une sensation de délicieuse brûlure. Pourtant, je dois garder les idées claires.

— Et toi ?

Je fronce les sourcils et reprends une gorgée. Ça semble l'agacer puisqu'à l'instant où je baisse mon verre, il se penche un peu plus jusqu'à ce que ses lèvres, face aux miennes, ne laissent plus l'espace nécessaire pour passer mon gobelet. Volontairement, je croise les bras sous ma poitrine sans détourner le regard afin de lui faire croire que je ne comprends pas de quoi il parle. Je le sais très bien. Je le cherche. On se provoque. Jeu dangereux, mais tellement bon et puissant. C'est plus fort que moi. C'est prenant.

— Ce petit jeu, la façon dont tu me chauffes pour ensuite te tirer.

Cette fois, c'est moi qui souris quand je comprends que ma tactique fonctionne. Pourtant, il résiste encore et c'est bien le premier mec qui n'en profite pas pour me sauter dessus. Généralement, ils ne tiennent pas dix minutes. Ils sont trop intéressés, trop gourmands, trop pressés.

— T'as l'air de penser que je suis la seule à jouer ici.

Un rire rauque lui échappe et il passe ses doigts dans ses cheveux, nerveux, avant de replacer sa main où elle était. J'aurais pu en profiter pour m'éclipser, mais j'aimerais voir où ça va nous mener. Je veux connaître ses limites. Les miennes aussi. Il a l'air de se mettre des barrières et je me demande pourquoi. Son souffle se mêle toujours au mien et mon cœur ne m'obéit plus. Il s'emballe.

Il secoue la tête et soupire.

— C'est vrai, on est deux...

Au moins, il le reconnaît. C'est déjà ça.

— Mais toi aussi tu sens que c'est là. Et tu sais qu'on peut pas se contenter de l'ignorer, souffle t il.

Touchée. Il a raison, j'en ai conscience. On s'attire autant qu'on se déteste. Cette attraction est puissante. Seulement, impossible d'occulter le fait qu'on ne peut pas se saquer.

— Et alors quoi ? Vas pas t'imaginer que je suis en train de tomber amoureuse.

Il rit encore et je serre les dents. Il m'énerve.

— Parce que tu crois que pour moi, c'est le cas ?

Je hausse les épaules. Va savoir. J'en sais rien après tout.

Il doit deviner que je n'en suis pas certaine, car il secoue la tête et sa fossette se creuse lorsque le coin de ses lèvres s'étire. Le fait que j'ai des doutes l'amuse.

— C'est pas mon truc, je fais pas dans les sentiments, ajoute-t-il.

— Tant mieux, parce que moi non plus. Par contre, on peut pas se voir et ça non plus on peut pas l'ignorer.

Il arque son sourcil droit sans bouger et sa respiration qui heurte la mienne me déconcentre.

— Tu t'entends bien avec tous les types avec qui tu couches ?

Je l'ai pas vu venir celle-là. Il n'a pas tort, pour la plupart, je ne les connais pas. Mais, là, c'est différent, j'ai conscience de cette amertume envers lui. Elle est là et je ne peux pas faire comme si elle n'existait pas.

— Non, mais je ne les déteste pas. Toi, si.

— Les filles avec lesquelles je baise en temps normal, je les déteste pas non plus. Vois ça comme... une expérience, réplique-t-il.

Une expérience ? Il est sérieux ? Quoi, il veut un truc sauvage ? Voir ce que ça fait de se taper une fille qui en a après lui ? Merde, pourquoi ce qu'il me dit me fout les nerfs à ce point ?

— Je suis pas un putain de cobaye, Atkins, grogné-je.

Il se mord la lèvre, comme si entendre son nom sortir de ma bouche lui faisait un effet de dingue et malgré moi, je l'imite. Je m'apprête à me tirer avant qu'il soit trop tard, pourtant, au lieu de ça, la volonté dont j'ai pu faire preuve jusque-là pour ne pas lui céder s'évapore. Sans prévenir, mes lèvres s'écrasent avec hargne sur les siennes. Je le hais, mais je désire plus que tout gouter sa peau. Putain, qu'est-ce qui va pas chez moi ?

Avec possession, ses doigts s'enfouissent dans mes cheveux et le baiser que nous échangeons est fougueux. Sauvage. Il avait raison. Je devais essayer. C'est incomparable à tout ce que j'ai pu vivre jusque-là. Pourtant, ce n'est qu'un baiser.

J'imagine une fraction de seconde ce que pourrait donner le reste et pour calmer mes ardeurs, mordille sa lèvre inférieure. Un grondement sourd monte de sa cage thoracique et m'atteint de plein fouet. Mon bas ventre réagit aussitôt et je glisse ma paume sur sa nuque pour approfondir ce baiser qui m'embrase déjà. Sa main libre se faufile jusqu'au creux de mes reins et il me plaque un peu plus contre lui. Immédiatement, je sens à travers son pantalon, que lui aussi ressent ce feu qui brûle. Sa langue caresse la mienne, il presse un peu plus son bassin contre le mien et je gémis malgré moi.

Je perds le contrôle et il faut que ça s'arrête. Ma conscience me crie de mettre un terme à ce délire. Mon désir, lui, me hurle de continuer, de profiter de ce délice. Ils se font une guerre silencieuse, pendant que je tente de les ignorer.

Dans un élan de désir pur, il appuie son corps contre le mien prisonnier du mur derrière moi et ma peau réclame chaque parcelle de la sienne. Autour, tout disparaît, je perds pied. Le problème est là, nous ne sommes pas seuls. Ce qui se passe maintenant entre nous alors qu'il sait mieux que personne me pousser à bout, ne peut pas se produire. Il n'aura pas ce qu'il veut. Moi non plus, j'en suis consciente. Mais c'est le prix à payer. Il en a déjà eu trop.

Mes mains glissent sur son torse et je mords sa lèvre un peu plus fort cette fois. Il lâche un râle de douleur et s'écarte lorsque je le repousse. Comme je le pensais, il respecte le fait que je veuille que ça s'arrête là. Le mauvais garçon a des principes. Plus que certains types ici où sur le campus. C'est perturbant.

Il fronce les sourcils pendant que je tente de redescendre de ce nuage incandescent. Je plante mes iris dans les siens et esquisse un sourire.

— Ça n'arrivera jamais, Atkins.

Il passe son pouce sur sa lèvre qui saigne légèrement et ses billes clairs, encore embrasés de ce désir que j'ai moi aussi ressenti, me transpercent. Cette fois, c'est moi qui en un claquement de doigts ai éteint les flammes. Je lui lance un regard provoquant et, sans un mot, mets les voiles.

Rᴜʟᴇ Nᴜᴍʙᴇʀ Fᴏᴜʀ [Tᴏᴍᴇ 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant