Chapitre 17

1.5K 89 7
                                    

Ellyn

J'ouvre un œil avec un sérieux mal de crâne et m'apprête à m'étirer lorsque je sens que je suis bercée par une respiration régulière. Je me fige, baisse les yeux sur le torse sur lequel je suis à moitié allongée et reconnais les tatouages d'Atkins. C'est quoi ce délire ?

Sans oser bouger, je me force à me souvenir de la soirée et me rappelle sortir sur le parking devant chez Mia, complètement bourrée. J'observe la pièce dans laquelle je me trouve sans remuer et en déduit immédiatement que je ne suis pas chez elle. Je ne la reconnais pas. Je fronce les sourcils au moment où un nouveau flash surgit dans mon esprit. Moi, dans la voiture avec lui, puis encore moi, en train de vomir dans un parterre de fleurs. Oh, non, pitié, pas ça !

Merde, mais qu'est-ce que j'ai foutu ? Et qu'est-ce que j'ai pu lui dire ? Est-ce qu'on a couché ensemble ?

Discrètement, je lève les yeux sur lui et lorsque je remarque qu'il dort profondément, me dégage avec précaution pour ne pas le réveiller. J'écarquille les yeux quand je constate que je suis en sous-vêtement. Je n'ai aucun souvenir de ce passage non plus, ni de comment je me suis retrouvée à moitié à poil. Un coup d'œil sur lui allongé sur la couette et je soupire, soulagée. Il porte toujours son jean. C'est plutôt bon signe, non ?

Bien décidée à m'éclipser, je me redresse et sur la pointe des pieds me mets à la recherche de mes affaires. Finalement, je les trouve dans la salle de bain attenante et les enfile à la va-vite. Une fois fait, je passe la tête dans l'entrebâillement de la porte pour vérifier qu'il dort toujours et trace aussi discrètement que je peux vers la sortie de la chambre. Dans le couloir, je regarde à gauche et à droite, n'ayant aucune idée d'où je dois aller et décide de me fier à mon instinct. Lorsque je me retrouve en haut des marches, je me remercie silencieusement et dévale les escaliers. Dans le salon, je me fige devant une photo sur laquelle je reconnais Atkins. Encadré par deux personnes qui doivent être ses parents, il est un peu plus jeune. Je dirais deux ans de moins. Il est aussi moins musclé. Il a pris des anabolisants entre-temps ou quoi pour gonfler à ce point ?

Je ne m'attarde pas pour ne pas risquer qu'il me prenne en flagrant délit de fuite matinale et traverse la pièce principale. J'aurais juré que ce mec était bordélique. Pourtant, tout est bien rangé. Chaque chose est à sa place. À part la manette de la console sur la table basse, rien ne traîne. Il est maniaque ?

En passant près de la console dans l'entrée, je prends une cigarette dans le paquet posé dessus et me fige à l'instant où j'attrape la poignée de la porte. Dans ma tête une guerre éclate. Je ne peux pas me tirer comme ça. Et en même temps, si je reste, il pourrait croire que je capitule. Que je lui cède. Je souffle bruyamment. Ce n'est pas moi, je ne suis pas cette personne qui se taille comme ça au petit matin. Des paroles résonnent dans mon esprit et je grimace. Je l'ai supplié de ne pas me ramener chez moi, putain.

Résignée, je soupire et retourne dans la salle à manger. Cette baraque est géniale. Moins froide que chez moi. C'est la première fois que je viens, mais je m'y sens bien. Le seul endroit où je ressens ça, c'est chez Mia.

Mon portable vibre dans ma poche et je le saisis. En parlant de ma meilleure amie, elle est totalement en panique. Plusieurs messages pour savoir où je suis passée et voilà qu'elle m'appelle. Sans attendre, je décroche, mais éloigne le téléphone de mon oreille la seconde qui suit.

— Merde 'Lynn, t'es où ? J'essaye de te joindre depuis deux heures ! T'as disparu de la soirée, on t'a cherché partout.

Je me mords la lèvre et culpabilise. Elle doit me détester. On s'est toujours promis de s'envoyer un SMS pour prévenir lorsqu'on quitte une fête, afin de ne pas inquiéter l'autre.

— Je vais bien, réponds-je à voix basse.

Elle souffle à l'autre bout et je passe mes doigts dans mes cheveux tout en jetant un coup d'œil vers l'étage. Par précaution, pour qu'il ne m'entende pas, je m'éloigne et rejoins la cuisine.

— Ça me dit pas où t'es, ni ce qui s'est passé.

— J'ai trop bu, on m'a raccompagnée, chuchoté-je.

— Pourquoi tu chuchotes ? me questionne-t-elle en se mettant à parler plus doucement comme si on pouvait l'entendre elle aussi.

— Je suis chez Atkins.

— Oh bah merde ! Et du coup vous avez...

— J'en sais rien. Non, je crois pas.

— Ça craint, tu te souviens vraiment de rien ?

— Non, enfin, c'est flou. Je me rappelle juste l'avoir supplié de ne pas me ramener chez moi.

— Meuf, sur ce coup, il t'a sauvé la vie. Tu te serais fait tuer si t'étais rentrée dans cet état.

— Je sais. C'est la seule raison pour laquelle je suis encore chez lui.

— Et il est où ?

— Il dort. J'allais me tirer mais... 'Fin il m'a aidé et...

Le silence fait écho à mes paroles et je devine qu'elle analyse la situation.

— Il a été cool de faire ça, reprend-elle.

J'en ai conscience. C'est vrai, il aurait pu m'envoyer chier. Surtout après le coup que je lui ai fait à la soirée. Je suis coincée. Prise à mon propre jeu.

— Tu vas faire quoi ?

Je soupire et passe une main sur mon visage.

— Rester et le remercier, je suppose.

— Ok, tiens-moi au courant, je bouge pas de chez moi. C'est la folie ici, je dois tout ranger et nettoyer.

— D'accord, je passe dès que je peux.

Elle ricane et je sais immédiatement à quoi elle pense.

— T'inquiète, ma belle, profite de ton bad boy, je gère.

Je m'apprête à répondre, mais elle a déjà raccroché. Je la vois d'ici tirer des plans sur la comète. À tous les coups, elle nous voit déjà ensemble et elle va me bombarder de questions quand je la verrai.

Je glisse mon smartphone dans ma poche et scanne la pièce. Ok, il faut que je m'occupe. Sinon, je vais tourner en rond et ruminer jusqu'à me persuader que rester est une vraie connerie.

Prise d'une illumination, j'ouvre les placards de la cuisine pour voir ce qui traîne, avec en tête l'idée de préparer le petit déjeuner. Comme le reste, tout est bien rangé. C'est presque flippant. Toutes les boîtes sont alignées. Je hausse les épaules. Ses parents sont peut-être exigeants comme les miens. Je sors un saladier, récupère la farine, déterminée et saute sur le premier flacon d'aspirine que je vois pour en avaler un. Espérons qu'il fasse vite effet.

Tous les ingrédients enfin étalés sur le plan de travail, je relis mes écouteurs à mon portable, les enfonce dans mes oreilles et lance l'une de mes playlists. C'est parti.

Tous les mecs aiment les bons petits déj', non ? Atkins ne doit pas échapper à la règle.

Rᴜʟᴇ Nᴜᴍʙᴇʀ Fᴏᴜʀ [Tᴏᴍᴇ 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant