Chapitre 41

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Ashton

Deux jours que j'ai cette info sur ce type. Red. Son surnom est à chier. Le truc, c'est que dans un gang, le blase qu'on te donne, a généralement un rapport avec ta personnalité ou ce que tu sais faire. Va savoir ce dont lui est capable.

Si je m'étais écouté, j'aurais foncé tête baissée. C'était sans compter sur Pitt qui m'en a dissuadé. Ensuite, Jeff à qui j'ai fait mon rapport comme d'habitude, m'a conseillé, ou plutôt ordonné, de faire les choses méthodiquement. J'ai failli lui demander ce que voulait dire ce mot. Je connais pas. Enfin si, mais c'est pas quelque chose que j'applique. Jamais. Je suis pas méthodique. Bordélique, oui, mais pour le reste, on repassera.

Du coup, je me suis moins emballé que prévu. À la place, j'ai fait des recherches. Sur ce lascar qui reste un fantôme et sur la cartographie des Docks. Je me déplacerai un peu moins à l'aveugle, c'est déjà ça. Même si j'ai l'habitude de le faire, mon référent n'a rien voulu savoir et forcément, mon pote l'a soutenu. Ces deux-là s'entendraient à merveille, s'ils se connaissaient. Enfin, pour l'heure, c'est pas le cas. D'ailleurs, l'un ne sait pas que l'autre est au courant de tout ce merdier, de qui je suis et ce que je fais là. Plus j'y pense, plus je me dis que quand tout va exploser, plus loin je serai, mieux ce sera. Du moment qu'Ellyn est en sécurité, ça me va.

Ces deux jours m'ont aussi permis de me rendre à l'évidence. Tout aura une fin. Quoi que je fasse, dès qu'elle saura pour moi et que ce malade sera en taule, ce sera terminé. Fin de l'histoire. Ça aura été bon, intense. J'aurai découvert des sentiments que je ne connaissais pas. Connu une fois l'amour, même si je pensais que tout ça, c'était que des conneries.

En une fraction de seconde tout sera derrière moi et moi certainement derrière les barreaux. Est-ce que ça en vaut la peine ? Carrément, ouais.

Je glisse un regard sur ma Diablesse. Je regretterai pas une seconde. Enfin si, parce que je pourrai plus la sentir contre moi et ça...

Instinctivement, je resserre mes bras autour d'elle alors qu'elle est assise sur mes genoux à fixer la piste. Depuis ce jour dans le parc du campus, j'ai l'impression qu'elle est là sans l'être. Comme si elle était déconnectée. J'aime pas ça. La seule chose qui me rassure, c'est que c'est pas à cause de moi. Si c'était le cas, elle me fuirait, non ?

Mia a l'air inquiète pour elle. C'est clair, elle sait ce qui se passe. Tout aussi limpide, elle ne me dira rien. Les secrets entre filles, c'est sacré. Enfin, moi j'en sais rien, mais c'est ce que Pitt m'a assuré. Je le crois, il s'y connait mieux que moi. Pire que novice, je suis désespérant. Tout ce qui concerne les nanas, leurs sentiments, leurs habitudes et leurs sautes d'humeur, ça reste un mystère. Puis si on va par là, je suis pas mieux parce que des sautes d'humeur, j'en ai toutes les cinq minutes. Y'a qu'à voir ce matin quand je me suis levé. En buvant mon café, ça allait. Une fois sous la douche, j'avais envie de tout péter.

Je souris comme un con. Bizarrement, une fois qu'Ellyn m'a rejoint et que j'ai vu l'eau ruisseler sur sa peau nue, ça allait beaucoup mieux. Je sais pas comment elle fait. Elle arrive à tout faire disparaître à chaque fois. L'épisode des douches, on met replay quand elle veut.

Comme le type complètement fou amoureux que je suis devenu, parce que oui, plus la peine que je me voile la face, j'essaye de lui changer les idées. Même si j'ai aucune foutue idée de pourquoi elle est aussi triste. J'ai donc proposé une sortie en boîte. Brad et Mia ont accepté et sont collés l'un à l'autre depuis qu'on est arrivé. Ma Diablesse, elle, a suivi le mouvement. Je dirais pas qu'elle n'était pas emballée, mais beaucoup moins que ce à quoi je m'attendais. Jusque-là quand il s'agissait de faire la fête, elle était quasi euphorique. Y'a vraiment un lézard. Comme dirait Keyden : mec, y'a une couille dans le pâté. Je sais pas d'où il sortait cette expression, mais ça m'a toujours fait marrer.

Du coin de l'œil, je l'observe, soucieux et finis mon verre cul sec. Le seul de la soirée que je boirai pour être sûr de pouvoir les ramener. Mia a apparemment décidé de tester chaque boisson que propose le bar et Pitt a pris une carte de fidélité au gin tonic. Pas moyen que je les laisse conduire. Ellyn reste à la tequila et enchaîne les verres. Fin de soirée, elle ne saura plus marcher.

Je soupire cherchant un moyen d'au moins la faire sourire et glisse mes mains sur sa taille avant de la soulever pour la mettre sur ses pieds.

— On va danser.

Surprise, elle me regarde me lever de la banquette où on était installée et je ne lui laisse pas le choix. J'entrelace mes doigts aux siens et la tire doucement vers la piste.

Une fois au centre, je me tourne vers elle et l'attire contre moi. Je l'enlace, elle passe ses bras autour de mon cou, sans protester et commence à onduler. C'est presque timide, mais c'est mieux que rien.

— Je sais pas pourquoi tu tires la tronche, mais laisse-moi au moins essayer de te faire penser à autre chose.

J'aurais pu faire moins bourrin. Le truc , c'est que je gère encore pas trop tous ces trucs. En plus, je sais même pas d'où ça sort. Ma bouche parle toute seule sans consulter mon cerveau. Je plaide non coupable. Elle esquisse un petit sourire et j'ai l'impression que ce genre de phrase involontaire, elle kiffe. Si y'a que ça, je peux continuer, c'est pas un problème. De toute façon, c'est pas comme si je contrôlais.

Sans que je m'y attende, elle pose ses lèvres sur les miennes et mes doigts agrippent ses hanches. C'est doux, simple et je me surprends à aimer ça. J'ai toujours été du genre bestial, elle aussi d'ailleurs. Dernièrement, c'est plus tendre. Ça me plait.

Elle éloigne son visage du mien de quelques centimètres, je retiens un râle plaintif. J'en veux toujours plus. Ses billes, rendues plus sombres par l'ambiance qui règne dans la salle, capturent les miennes et je pourrais avouer ici et maintenant que je suis totalement à sa merci.

— Ça n'a rien à voir avec toi.

L'entendre le dire me rassure. Un poids s'envole et son souffle qui se mêle au mien est sur le point de me faire perdre la boule. Seulement, je suis bien trop préoccupé par ce qui lui faire autant de peine.

— Tes parents ? tenté-je.

Sa bouche se plisse et elle hésite. Est-ce qu'elle ne me fait pas assez confiance pour me confier ce qui ne va pas ?

— On peut dire ça comme ça.

Elle n'en dira pas plus et je ne compte pas la forcer à s'ouvrir. Je veux que ça vienne d'elle, comme ça a toujours fonctionné entre nous.

Elle resserre son étreinte, se blottit contre moi tout en continuant de tanguer lentement au rythme du slow et j'enfouis mon visage dans son cou.

D'habitude, elle ne rate jamais une occasion de me poser des questions en retour. Cette fois, elle ne le fait pas. Y'a vraiment quelque chose qui cloche.

Demain soir, je vais foutre les pieds dans ces foutus Docks. Je sais que ça craint et j'ai aucune idée de comment ça va finir. Alors la seule chose que je veux maintenant, c'est profiter.

Rᴜʟᴇ Nᴜᴍʙᴇʀ Fᴏᴜʀ [Tᴏᴍᴇ 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant