Ashton
De justesse, nous nous engouffrons dans la voiture, je vérifie rapidement qu'Ellyn et Pitt ne sont pas blessés, puis je démarre en trombe. Mon souffle est court, le regard de ma Diablesse paniqué. Mon pote, lui, percute que j'ai pas raconté de conneries. Que c'est pas pour rien que je voulais pas qu'il se pointe.
À ma droite, sur le siège passager, ma copine a les doigts crispés sur ses cuisses tandis que je fonce à travers les ruelles des Docks. J'aimerais lui dire que ça va aller. Qu'on va rentrer et que ce sera comme si rien ne s'était passé. Le truc, c'est que je peux pas. C'est impossible parce que ça y est, on y est. C'est le moment où tout va déraper. Celui où le rêve que je commençais à effleurer, va totalement imploser. Dans mon monde, tout à une fin et ça se termine jamais bien.
Le bruit des balles cesse et je tire sur le frein à main pour prendre la ruelle sur notre droite. Mon pote s'accroche, Ellyn étouffe un cri de terreur et lorsque je vois débouler des caisses juste derrière nous je serre les dents. Un coup d'œil dans le rétro m'informe que trois bagnoles nous suivent de près et tant que je serai dans ce labyrinthe, impossible d'accélérer plus.
Les coups de feux reprennent et mes doigts sont tellement serrés autour du volant que mes articulations me donnent l'impression qu'elles vont péter. Je distingue qu'un des types dans la berline derrière nous sort son bras par la vitre, arme au poing et nous vise, déstabilisé par les imperfections de la route et les coups de volant que donne le conducteur.
— Baissez-vous, ordonné -je.
Angoissée, ma Diablesse me fixe, tandis que Brad qui capte ce qui se joue derrière nous s'exécute. Première fois qu'il m'écoute. Comme quoi, tout arrive.
— Et toi ? s'inquiète-t-elle.
— El', s'il te plaît.
Ma voix presque suppliante suffit à la convaincre et elle se recroqueville autant qu'elle peut sur elle-même. Soulagé qu'ils soient un minimum à l'abri, je me reconcentre sur ma conduite. Au même moment, le pare-brise arrière explose en mille morceaux. Ellyn sursaute, mon pote se ratatine un peu plus en enveloppant sa tête de ses bras et mon cœur s'emballe un peu plus. C'est pas pour moi que j'ai peur. Ma vie à moi est merdique depuis toujours. J'ai toujours su que je ferai jamais de vieux os. Non, si j'ai la trouille, c'est pour eux. Pour cette nana, qui, sans qu'elle le sache vraiment, fait de moi quelqu'un de meilleur à mesure que le temps passe et que mes sentiments grandissent. Pour ce bout de femme qui me fait me sentir aimé pour la toute première fois de ma chienne d'existence. Pour ce pote que Pitt est devenu, alors que je pensais ça impossible.
Avec eux à mes côtés, j'ai l'impression que je pourrais me sentir chez moi n'importe où. Ils n'ont aucune idée de ce que ça représente. De la valeur que ça a pour un gars comme moi, un paumé, un délinquant. Un type qui ne vaut rien aux yeux des autres. À travers leurs regards, je suis quelqu'un et ça vaut tous les sacrifices du monde.
Lorsque enfin les pneus de la Porsche foulent le bitume de la nationale, mon pied écrase la pédale d'accélérateur. Le moteur hurle sous le capot et dans mon esprit, je n'ai qu'un seul objectif : les tirer de là. Peu importe comment ça fini pour moi, il faut qu'eux s'en sortent.
Comme si ma Diablesse avait perçu mes pensées, elle pose sa main sur ma cuisse, toujours repliée sur elle-même et je baisse brièvement les yeux sur elle. Ma paume recouvre la sienne tandis que la voiture monte dans les tours et j'aimerais lui répéter que je l'aime. Dire à mon pote ce qu'il représente vraiment. Je me maudis de ne pas avoir trouvé la force jusque-là de le faire. Il aurait pourtant dû savoir qu'il s'est et de loin plus comporté comme un frère que mon propre frangin.
VOUS LISEZ
Rᴜʟᴇ Nᴜᴍʙᴇʀ Fᴏᴜʀ [Tᴏᴍᴇ 1]
RomanceQuatre putains de règles à respecter... Règle n° 1 : Ne jamais la perdre de vue. Règle n° 2 : Être prêt à donner sa vie pour elle. Règle n° 3 : Ne pas griller sa couverture. Règle n° 4 : Ne pas s'attacher à elle. Si la première et la troisième ont...