Chapitre 24

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Le monde aurait pu s’écrouler qu’elle n’aurait pas su bouger. Elle ne savait même pas comment ses jambes la tenaient encore debout tellement elle ne les sentait plus. Tout le sang de son corps avait élu domicile dans son crâne, martelant ses tempes au rythme effréné de son cœur qui avait reprit de plus belle après un arrêt…


« Je n’ai plus d’Alter. »


L’idée ne voulait pas se créer dans son esprit. Cette capacité sur-humaine révélée vers les cinq ans qui évoluait ensuite avec la personne. Qui régissait le monde et la vie de chacun. L’identité de tout être avant même le prénom. Il y avait bien les sans-Alter, minorité pointée du doigt, mais ils restaient exceptionnels. Jamais elle n’avait entendu parler d’Alter se déclarant plus tard… Jamais elle n’avait entendu parler d’Alter qui disparaissaient.


Il ne l’avait plus.


Ce n’était pas comme un bouton qui pouvait surgir un jour et repartir deux nuits plus tard comme il était venu. Il faisait parti des immuables du monde. Un Alter était en une personne, de sa naissance à sa mort, voir même après. Une personne n’était pas son Alter, elle le savait, mais chaque Alter était son possesseur.

Non, définitivement, c’était inconcevable.


Les yeux exorbités, elle regardait Mirio sans le voir, plongée dans la mélasse de ses pensées. Elle n’avait même pas perçu que Neijire s’était éloignée avec Eri, probablement partie chercher un jeu. Quel jeu déjà ?


- Assi-toi, tu vas faire une syncope, reprit doucement Tamaki qui venait de décaler un fauteuil.


Elle tomba dedans, sur-réagissant à faible contact de la paume de l’ébène.


Le blond n’avait pas quitté son champ de vision. Il restait le neutre, à peine un fin sourire sur les lèvres et les yeux moins ouverts que d’habitude.
Elle l’avait toujours vu comme une statue. Imposante, solide, évoquant mille choses chez chacun. Tout en lui transpirait la confiance et la mesure. Son caractère était celui d’un pilier. Enjoué, volontaire, rieur, conscient de chacun de ses mots et leurs répercussions. Elle n’avait jamais rencontré quelqu’un qui lui avait si rapidement évoqué ce qu’elle voulait transmettre en devenant professeur.
A cet instant, il n’avait pas perdu de sa superbe. Il était toujours cette figure sans accros, mais sur laquelle elle venait de découvrir la présence d’un vernis cachant les fissures. Ou plutôt elle venait de le réaliser après les trop nombreux appels qu’elle avait eu.


« Quand ? Comment ? Pourquoi ? Qui ? »


Tant de question fusaient, mais sa bouche sèche refusait de les laisser sortir. Tout ce qui s’échappa ne fut qu’un murmure brisé.


- Mais… tu restes toujours un héros, n’est-ce pas ?


Elle aurait voulu pouvoir l’affirmer autant qu'elle le sentait comme inébranlable certitude en elle mais sa voix descendante lui donna des allures interrogatives. S’il était encore présent dans l’école, qu’il assistait encore à certains cours, n’était qu’en « vacances forcées », c’était bien pour cette raison, non ?

Silencieux, le jeune homme la regardait avec ce regard insondable et ce sourire à la fois calme et triste.


- Disons que je suis en pause. Je n’ai pas renoncé, je ne renoncerais pas tant qu’il y aura de l’espoir. J’attends simplement qu’elle puisse être suffisamment forte et apaisée pour lui demander la permission de refaire de moi un héros.

- Qui est « elle » ?


Elle avait fini par poser la question sans réfléchir, un peu précipitamment et craignait que la réponse ne lui plaise pas.


- Eri, répondit-il comme la plus pure évidence. C’est parce que certains ont fait des expériences sur elle et son Alter que j’ai perdu le miens.

- Alors c’était ceux qui…


Une étincelle se fit dans sa tête, souvenirs de quelques mots échangés une fois la porte de la chambre d’hôpital fermée après sa première rencontre avec l’enfant.


- Tu avais bien dit que son Alter avait servit à faire des balles qui injectaient un produit annulant les Alter… pas que tu en avais reçu une.

- Ce n’était pas important à ce moment, répondit-il calmement. Tu venais de la rencontrer, ça aurait changé toute ta relation avec elle. Eri n’y est pour rien, elle est encore plus victime que moi dans l’histoire. Jamais je ne lui en voudrais et je ne veux pas non plus qu’elle s’en veuille et me prenne en pitié. Et pour ça, je dois sourire avec elle.


Il avait joint le geste à la parole et affichait l’un des sourire éclatant dont il avait le secret. Pour sa part, elle était liquide, ayant perdu le contrôle de son propre Alter par endroits, incapable de rester solide au bout des doigts et le dos trempé. Ses yeux aussi avaient déversés la peine qu’elle avait ressenti, sans que le moindre hoquet ne vienne se coincer dans sa gorge.

Toujours décontenancée, Mizuki sursauta en entendant la voix de Neijire résonner de l’autre côté du mur. Elle tenta tant bien que mal d’essuyer son visage pour lui ôter cette expression soucieuse et triste, mais ne parvint qu’à barbouiller encore plus ses traits confus et laisser un bout de sa main se mêler à sa joue gauche. Elle accepta le mouchoir de Tamaki aussi gênée que lui et s’épongea quelques secondes avant que les deux filles ne reviennent dans la pièce avec énergie.


- On a trouvé le jeu ! s’exclama Neijire en posant la boite sur la table. Vous venez ?


L’enfant s’installait déjà, les yeux pétillants et curieux, son visage radieux se trouvant à l’extrémité du champ de vision de l’américaine qui s’autorisa un esquisser un début de sourire après une dernière et lente expiration.


- On trouvera un moyen, chuchota Mirio en posant une main sur son épaule, je te promets que tu entendras parler de moi outre-Pacifique dans peu de temps. D’ici là, ma mission est de la faire sourire avec toute la force que j’ai.


Son regard se perdait avec une tendresse non dissimulée sur la petite blanche qui déballait le plateau de son emballage. D’un pas vers elle, il reprit d’une voix plus forte et animée.


- C’est parti ! On va jouer jusqu’au bout de la nuit !

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En ce beau dimanche, je vous dit bonjour petits aventuriers!

J'ai envie de dire que c'était prévisible, tout ceux qui l'ont vu ou lu se souviennent du moment où Deku la sû, où on a aussi réalisé. Dur dur le moment. Et si pour Mizuki c'était assez ... liquide, je me demande bien comment ça s'est passé pour vous. Déni? Espoir? Qu'auriez-vous fait à la place de tout cela?

Bonne fin de week-end à vous ~

La force des larmes |My Hero Academia FF|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant