Quelques jours plus tard, Mizuki faisait ses aurevoirs à la première B.
Un peu plus de deux semaines s'étaient écoulées depuis son arrivée et elle devait à présent changer de classe. Quinze jours étaient trop courts pour connaitre parfaitement chaque personne mais la particularité des études dans lesquels ils se trouvaient avait cet avantage de former de solides liens tournés par ce but commun. Les élèves l'avaient accueilli à bras ouverts, curieux et attentifs et c'était donc évidement avec quelques larmes qu'elle les remercia pour toutes ces heures en leur compagnie. Les soirées passées dans les parties communes, les jeux purement japonais auxquels ils l'avaient initié, des anecdotes de première années, de vie du quotidien. Elle ne se serait pas douté qu'elle pourrait aussi bien se fondre dans cet univers, entre les cultures et les orientations différentes, les statuts des premiers jours et les similitudes devenues évidentes dans les derniers. Certes ils allaient se revoir dans les couloirs et lors de son examen final mais la moindre émotion un peu forte redescendait aussitôt en dévalant ses joues. Et à force, tous en rigolaient, elle la première depuis le temps. Elle promit de passer les voir lors du festival, c'était la moindre des choses puisqu'elle avait assisté au choix de l'activité. Mais pas question de la dévoiler aux autres classes avant le jour J. D'ici là elle aurait même changé de niveau.
En fin d'après-midi, elle profita de la douceur du temps pour travailler dehors. Le soleil n'était pas encore couché et son dossier n'allait pas se rédiger tout seul. Ses feuilles sous le bras, elle partit en quête d'un petit coin tranquille pour s'installer. Et les quelques tours du campus qu'elle avait eu l'occasion de faire lui avait permis de se faire un petit repérage d'arbres et de murets avec peu de passage. Et au vu des derniers rayons encore chauds, elle s'orienta pour la première option, un peu de lumière filtrante serait suffisante pour lire, elle ne tenait pas à se dessécher directement sous l'astre.
Une fois assise et adossée au tronc sec du résineux, elle se plongea dans ses diverses notes et tenta de les entrecouper correctement. Elle avait essayé de consacrer une page à chaque élève dans les premiers jours mais avait vite arrêté, certains étant beaucoup plus actifs et bavards que d'autres. Ça donnait à présent un méli-mélo de petites écritures, souvent en pattes de mouches, où se mélangeait des descriptions, des paroles rapportées, des mimiques, du contenu du cours et d'autres gribouillis schématisant plus qu'elle n'en n'avait besoin. Elle avait des rapports à faire, pas la description de chaque personne rencontrée. Cependant, quand on voulait être sûre de ne rien louper, mieux valait tout prendre, bien que ça use ses crayons. Et que représentait quelques bics face à toutes ces informations passionnantes à propos des élèves, des cours théoriques et pratiques, du système d'éducation et du système héroïque nippon ? Bien peu mais autant de chose qui noircissait les colonnes de ses tableaux d'axes de rapport. Organisée jusqu'au bout.
Et elle comptait se libérer un peu de temps ce week-end pour aller faire un peu de sport et flâner. Elle participait peu aux cours pratiques et était plus dans l'observation. L'expérience les séparaient et elle maitrisait déjà en grande partie ce qu'ils travaillaient se mêler à eux ne lui aurait rien appris. Tout comme elle n'était pas en capacités de leur apprendre quoique ce soit dans le domaine. Rester donc sur le côté ne la dérangeait aucunement mais que serait un enseignant héroïque en moins bonne forme que ses élèves ?
Le lendemain elle se réveilla tôt pour profiter de la fraicheur de l'aube et aller courir. Elle avait fait un petit repérage du quartier pour ne pas se perdre et avait repéré un itinéraire parfait pour un échauffement. La brise était encore fraiche, douce et agréable pendant l'effort, portant un mélange d'effluves qu'elle n'avait eu l'occasion que de sentir ici, dans les rues ensommeillées d'un week-end. Les rayons du soleil se réfléchissaient sur les murs aux pièces lisses et lustrées, projetant des tâches arc-en-ciel sur les gouttes de rosées figées en équilibre sur la courbure des petites herbes. Les trottoirs n'étaient pas très fréquentées à cette heure, peu de passants s'y trouvaient. Parmi eux, seulement quelques-uns prêtèrent attentions à la joggeuse. De brefs regards, curieux, dévisageant, le plus souvent désintéressés. Des plus amicaux parmi le panel fourni auquel elle avait eu droit dans toute sa vie.
Avec le potenciel infini des Alters, les modifications corporelles qu'ils induisaient se comptaient par milliards dans leur diversité. Aujourd'hui, deviner l'origine de chacun pouvait s'avérer difficile. Cela avait influencé le racisme dû aux couleurs de peau et l'exclusion des étrangers dans certains pays avaient chuté mais tout n'avait pas encore complètement disparu. En effet, moins du quart de l'humanité possédait un Alter ayant modifié visiblement son aspect physique comme la couleur de peau ou la forme du visage. Et de nouveaux types de racismes étaient apparus. Celui envers les Alter dits inutiles, ceux avec des modifications corporelles vues comme « hideuses », ceux dangereux, les ridicules et bien-sûr, le racisme envers les sans-Alter. Ces nouvelles facultés n'avait donc pas réellement réduit le racisme d'origine, elles les avaient simplement transposés dans de nouvelles catégories.
Petite, elle avait attiré les remarques vexantes après le changement de couleur de sa peau. Les enfants pouvaient être cruels entre eux. ceux qui n'avaient pas encore reçu leur alter, ceux qui ne le maitrisaient pas, ceux qui avaient changé du tout au tout avec pouvaient rapidement être isolés des autres. Au travers des voyages de ses parents, elle avait côtoyé diverses personnes, de tous âges, ethnies et croyances. Du mépris suscité par la jalousie à l'admiration de quelque chose d'encore trop grand pour elle, elle avait vu passer mille émotions dans les yeux des autres. Certains lui avaient dit que son Alter la rendait aussi faible qu'une flaque, qu'il était dangereux pour elle, les autres qui pouvaient glisser sur ses trainées. On avait aussi essayé de la traverser, la frapper pour voir la sensation, sa réactivité, en disant qu'avec sa couleur de peau, les bleus ne se verraient même pas. Et d'un extrême à l'autre, elle avait reçu aussi des remerciements pour une aide qu'elle n'aurait pu apporter sans ses capacités, des compliments de sa nouvelle apparence, des encouragements à progresser et investir cet Alter si particulier. Une force pouvait se former grâce à lui, nécessitant efforts et confiance, mais apportant la saveur de l'intégrité.
Tout vu, tout entendu, chacun s'était construit une relation à soi et à ses capacités extra-normales dans la confrontation. Et dans ce monde de jugement, les héros avaient une place importante.
Le sujet lui resta en tête tout au long de sa course, jusqu'à son retour au lycée, tournant et ressassant les idées dans tous les sens. Confrontée de près, elle comprenait et entendait les appels silencieux de la part sombre. Elle ne pouvait peut-être pas faire grand-chose pour que les mentalités changent du jour au lendemain, mais si elle réussissait à former du mieux qu'elle pouvait ceux qui seront les futurs générations de Héros, ici où aux Etats-Unis, alors elle apporterait peut-être sa pierre à l'édifice. Et si ce n'était pas ce qui était le plus atteignable, cela restait un objectif qu'elle pensait que tout professeur héroïque devait avoir.
Mais pour l'heure elle n'était que simple étudiante, stagiaire même, et elle avait encore des exercices à faire. Cardio, abdos et renfo. Le reste de son corps et de son cœur allait y passer. Et pour ceux-là, le gymnase était l'endroit le plus désigné.
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La force des larmes |My Hero Academia FF|
Hayran KurguBoku no Hero Academia FanFiction Pays différent. Rêve différent. Personnalité... troublante. Mizuki est parfois à côté du chemin principal. Alors autant poursuivre et valider son diplôme particulier dans un autre pays, le Japon semblait tout désigné...