Chapitre 54

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Aujourd'hui devait être le jour où elle investissait un bout de l'immense cuisine de Lunch Rush pour y préparer quelques délices avec Eri. Les ingrédients avaient été rassemblés, proprement préparés et mesurés pour faire plusieurs fournées aux parfums diverses et variées. Avec son souhait de partager, l'enfant s'était sans le savoir imposé une grosse charge de travail au moment de parer les fonds de tarte de leurs garniture colorée et sucrée. Et avec seulement deux paires de mains, la tâche allait être un véritable jeu de patience. Heureusement, la petite impatiente n'avait pas résisté à en parler à ses visiteurs et le duo initial se retrouvait à présent bien accompagné.


- Merci Togata, tu peux poser ça là, indiqua Mizuki en orientant une mèche de cheveux en flèche.


Le jeune homme hocha la tête et posa sa pile de saladiers à côté du reste des ustensiles.


- On va pouvoir faire de formidables desserts, déclara le blond.

- J'espère, ça serait un joli souvenir, sourit l'américaine.

- Le départ se rapproche pour toi, c'est vrai.


Pensive, elle n'émit qu'un bref son comme toute réponse.


En moins de vingt-quatre heures, tout s'était accéléré.


Elle avait eu la confirmation par le principal que ses interventions se dérouleraient le mercredi suivant, ce qui lui laissait un peu moins de quatre jours pour calmer son stress et contrôler la moiteur de ses mains. Dans le même temps, elle avait aussi reçu un appel de ses parents qui lui annonçaient partir en tournage pour une série du côté de Madagascar. Les préparatifs avaient commencé depuis un moment, mais ils n'avaient été prévenus que sur le tard. Un membre de l'équipe costume initiale avait eu un accident quelques jours plus tôt, ils avaient été appelés pour un dépannage d'urgence. Le problème n'était pas tant qu'ils partent, mais le timing s'annonçait serré et ils pourraient ne pas avoir l'occasion de se voir avant.

Or depuis la soirée de Noël, elle avait échangé avec le blond sur la séparation et la distance qui commençait à lui peser. Le fait de sentir un océan si vaste entre eux la rendait amer. Le temps n'était pas un problème, le décalage horaire non plus. Mais là où elle pouvait trouver rapidement un avion et une ligne intérieur pour les rejoindre lorsqu'ils étaient aux Etats-Unis, cela lui était impossible ici. Et avec la fin de sa propre année scolaire, elle ne pourrait pas non plus les rejoindre sur l'île africaine. Tiraillée entre vouloir rester au Japon un peu plus longtemps et rentrer dès sa présentation finie, elle s'était finalement accordée jusqu'à la fin de la semaine prochaine. Avec le temps de vol elle passerait un peu moins de deux jours avec eux, mais elle ne savait pas si elle allait pouvoir renchainer pour près de trois mois avec la moitié du globe entre eux.


Avoir pu en parler avec le jeune homme lui avait fait un bien fou. Encore une fois, il avait trouvé les mots la veille au soir pour calmer ses larmes d'angoisse. L'enchainement des deux nouvelles et ses questions sur ce qu'il était arrivé à Eraser Head pour qu'il vienne la trouver avait remué en elle trop de choses en un instant pour qu'elle ne se fasse pas submerger par l'ensemble. Sans vraiment réfléchir, elle avait composé le premier numéro qui lui était venu à l'esprit alors qu'elle prenait déjà la direction de sa chambre. Incapable de penser convenablement, elle tourna par deux fois au mauvais endroit alors que résonnaient les tonalités dans son hautparleur. Une fraction de seconde avant que cela ne passe sur répondeur, il avait décroché, la saluant de sa voix enjouée. Il ne lui avait fallu qu'un souffle erratique et court de sa part pour qu'il comprenne. Et à peine était-elle arrivée dans son couloir qu'elle l'avait vu venir à elle, une serviette autour de la taille, un gel douche dans une main et son cellulaire dans l'autre.

Il pouvait donc à peine sortir de la douche qu'il répondait présent à la moindre demande ? Son dévouement inébranlable acheva de faire déborder d'une vague d'émotion, le trop plein de ses états d'âmes gitants dans sa poitrine. La guidant doucement jusqu'à sa chambre, il passa rapidement un tee-shirt et un short de sport en animant une discussion apaisante et discrète. Au moment de rentrer dans le cœur du sujet, il écouta calmement, avec la même attention que toutes ces précédentes fois. Lorsqu'elle lui confiait ce qui lui pesait, il devenait impénétrable, muet et d'une concentration qu'elle ne lui voyait initialement pas. Dans ces moments-là, elle se sentait entourée sans contact, comprise sans mots et libérée sans plus qu'un souffle.


Le tsunami passé, elle était resté avec lui une partie de la soirée pour se poser des questions à voix haute et entendre un avis vierge de toute expérience du sujet. Honnête de bout en bout, elle n'aurait pu recevoir meilleur soutient que la confiance aveugle qu'il lui accordait quand au bon déroulé de ses interventions. Il lui avait assuré qu'il serait le premier à applaudir à la fin de celle-ci. Et sans grand préambule, lui avait arraché un sourire avec l'une des questions les plus saugrenue qu'elle eut l'occasion de recevoir ;


« Est-ce que quand tu applaudis, tes mains font splash splash » avait-il mimé en référence aux goutes fréquentes qui s'écoulaient de ses doigts.


Une remarque aussi innocente de curiosité qu'elle était légitimement existante parmi la myriade de question que l'on aurait pu lui poser.


- Qu'est-ce qui te fais sourire ? interrogea une voix passant par-dessus son épaule.


Un sourire amusé sur le visage, Mirio s'était penché dans son dos.


- Toi, répondit-elle avec aplomb malgré un bref sursaut.

- Moi ? s'étonna-t-il en se pointant du doigt.

- Oui oui, hocha-t-elle la tête, tu trouve toujours le moyen de redonner le sourire autour de toi.

- C'est le but d'un Héro.

- Je ne le disais pas en tant que Le Million, mais plutôt en tant que Mirio. Il n'y a qu'à voir comment se porte Eri à présent pour en attester. Même sans être un héro tu aide sans cesse les autres. Merci d'être toi en toutes circonstances.


Elle dut toucher un point particulier, le jeune homme resta la regarder un moment avec une drôle de moue.


- Eh bien... merci à toi aussi alors. Tu fais aussi beaucoup pour elle, comme aujourd'hui. Je suis certain que cela compte pour elle.

- Pour... pour ça il faudrait qu'on s'y mette un peu, bredouilla-t-elle en mettant une distance plus confortable pour elle que la perception de son souffle dans son cou.


Elle saisit un tablier qu'elle avait posé au coin d'un plan de travail et le passa autour de son cou. Resserrant au passage l'élastique de sa queue de cheval, elle se dirigea vers la sortie des cuisines. A cette heure-ci Eri devait être dans un des salons de rencontre à l'étage avec Tamaki et Nejire, finissant de préparer la petite fille. D'un geste de la tête, elle enclin le blond à la suivre et tout deux prirent le chemin des escaliers. Echangeant encore de la répartition des tâches, ils marquèrent tout les deux un arrêt sur le pas de la porte en voyant les deux autres membres du Big 3 agenouillés auprès de la blanche qui se tenait la tête.


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Salut à tous petits aventuriers!

J'ai un poil de retard sur l'heure habituelle, je sais, j'étais pris dans autre chose ^^"
Dans un chapitre en demi-teinte, entre doutes et douceur, il faut mener à bien ce projet de petits gâteaux mais cela ne va pas se faire sans quelques petits... imprévus? Ca ne prend même pas quelques pages dans le manga mais je voulais rajouter ce moment avec Eri tout de même. Elle est un personnage important ici, je voulais la faire intervenir de nouveau dans une situation complexe (je suis méchant avec elle je crois ^^") J'espère que le léger fluff avant me fera pardonner :')

Je vous souhaites un bon dimanche et on se revoit pour le suite de la scène dans une petit semaine!

La force des larmes |My Hero Academia FF|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant