Chapitre 42

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Les bruits lointains de la ville venaient se taire progressivement dans la nuit. Les lumières venaient s'éteindre ou s'allumer au grès des horaires d'ouverture des enseignes. Les échoppes les plus animés commençaient à se remplir de la population nocturne lorsque tombait enfin le masque de la journée. Les taxis faisaient leur dernier ballet à la fin de l'heure de pointe, ramenant les moins fêtards ou les plus fatigués chez eux. Pour d'autres, c'était un rallye qui pouvait commencer, les verres passant de mains en mains comme leurs détenteurs passaient de bars en bars.


Ou du moins c'est ce qu'elle avait cru comprendre au sujet des salaryman et leur amour des izakaya. Mais ici ou chez elle, l'alcool était tenu loin de son âge et les sorties crépusculaires n'étaient pas uen grande source d'intérêt à ses yeux. Tout ce que pensait Mizuki était tiré de ses regards sur les quartiers lointains, d'un peu de lecture et d'un brin d'imagination.

Un souffle de vent vint lui mordre les joues. L'hiver était arrivé en force en cette semaine, elle n'était pas encore habituée. Collant épais doublé de chaussettes, haut de corps thermique sous sa veste et trois tours d'écharpe à chaque sortie, elle évitait autant que possible de s'exposer au froid. Frileuse par nature ou l'une des contreparties de son Alter, elle ne savait pas. Peut-être un peu des deux. Mais elle était au moins certaine que ces températures n'étaient pas faites pour elle. Les mains fourrées dans les poches, elle ne tentait même pas de s'accouder à la rambarde du balcon et restait là, immobile, à regarder aussi lin qu'elle le pouvait les derniers rayons du soleil se faire remplacer par les LEDs et autres halogènes.

Encore quelques minutes, et elle cesserait ensuite de faire la brave et irait se réfugier dans sa chambre, retrouver la chaleur de la pièce et le confort de sa couverture. Dans l'humidité de la nuit, elle avait préféré la laisser à l'intérieur, quitte à le regretter les premières secondes.

Sentant l'objet vibrer sur son flanc droit, la jeune femme rentra plus tôt qu'elle ne le prévoyait pour sortir son téléphone de sa cachette sans y laisser ses doigts. L'icône d'un message était apparue et son ouverture étira un sourire derrière l'épais serpent de laine.


« Mizuki-chan !!

On voudrait aller manger un morceau tout ensemble avec le reste de la classe samedi prochain après les cours du matin. Comme ce sont tes derniers, il faut marquer le coup ! Tu es dispo ??

A demain ! Neijire »


L'attention était adorable, elle ne le voyait pas autrement venant de la pétillante japonaise. Après une rapide vérification qu'elle n'allait pas se mettre en danger dans sa planification et que rien d'autre n'était prévu sur ce créneau, elle lui répondit à l'affirmative avec une joie qu'elle espérait lui transmettre aussi bien qu'elle. Et quelques secondes plus tard, après une brève réflexion, elle lui renvoya un petit écrit auquel elle espérait un retour positif.


Quelques jours plus tard, elle rendait réelle cette réponse.


- Merci de m'accompagner Amajiki-kun. Je pense que je me serais complètement perdu.

- Ce n'est... ce n'est pas grand-chose. Tu as dis que c'était pour ton projet final alors c'était difficile de dire non... Et puis je ne connais pas l'adresse exacte, il n'y avait pas d'autre choix.


Marchant côte-à-côte sur le trottoir, l'un et l'autre devaient tendre l'oreille pour percevoir la voix qui leur était adressée. Entre les bruits de la circulation, les bourrasques et leurs cols remontés bien haut, leurs pauvres petites cordes vocales avaient bien du mal à se faire entendre. Le bas du visage caché dans son manteau, le jeune homme cherchait à se faire tout petit là où elle ne faisait qu'attirer l'attention en semant de petits cristaux dans son sillage.

La force des larmes |My Hero Academia FF|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant