- Eri-chan, me revoilà !
Ayant suivit le jeune homme dans le dédale de couloirs composant un bâtiment où elle n'avait jamais mis les pieds, Mizuki se demandait qui était la personne qu'ils étaient venus voir. Ils se trouvaient actuellement à l'hôpital de la préfecture voisine et n'aurais jamais pensé que Mirio l'y aurait un jour emmené. D'autant qu'elle ne se souvenait pas que quelqu'un portait un tel nom dans l'équipe scolaire ou administrative qu'elle ait pu rencontrer.
Les couloirs étaient déserts, encore éclairés pour les dernières heures du jour d'un soleil qui se trouvait sur l'autre façade du bâtiment. Un léger parfum d'aseptisant flottait dans l'air, mêlé à d'autres saveurs plus sucrées. Le mélange était déroutant.
Et si le blond les avait bien annoncés devant la porte jaune pâle, il n'avait pas attendu de réponse pour en abaisser la poignée et ouvrir le battant, révélant une pièce aux mêmes tons crème et doux, réhaussés des couleurs plus vives et chaudes de peluches disposées sur l'unique commode occupant le vaste espace du pan de mur sur sa droite. S'y trouvait aussi une petite plaquette où étaient coincées une liasse de feuilles dont la première était criblée de pates de mouches de caractères bien trop complexes pour qu'elle ne puisse les déchiffrer à cette distance. La fenêtre faisait apparaitre ses contour sur le sol, illuminant les quelques jouets qui n'avaient pas été rangés un peu plus loin dans leur panier. Et sous la tablette des vitres, collé au mur dans sa longueur, se trouvait le lit.
Ainsi que l'occupante de la chambre.
Une enfant.
Une petite fille d'à peine six ou sept ans.
Assise sur la couette, un livre posé devant elle, leur arrivée lui avait fait tourner la tête. Un visage innocent, trop fermé pour son âge, aux yeux d'un rouge sombre, tristes et angoissés, encadré par des cheveux blancs qui cascadaient sur son dos pour finir sur le tissus du revêtement. Une allure de poupée, dont la petite corne sur la partie haute droite de son front venait casser la symétrie.
Mizuki pensait s'être attendue à tout. Elle s'était trompée.
- Je n'ai pas trouvé Deku, reprit Mirio, mais je t'ai ramené quelqu'un de très sympathique à la place !
Il s'était avancé joyeusement, se postant juste à côté du montant des pieds du lit, et la désignait d'un ample mouvement de bras.
Elle, n'avait pas bougé. Décontenancée par la présence de cette si jeune enfant dans l'établissement, sans personne à ses côtés, elle ne voyait pas vraiment pourquoi elle avait été amenée ici. Mais devant le regard interrogateur que lui lançait l'occupante des lieux, elle s'avança d'un petit pas en la saluant, abaissant son visage en direction de ses pieds pour fermer ses traitres yeux. Et de son meilleur japonais, elle tâcha de se présenter.
- Bon'our Eri, je m'appelle Mizuki. Ravie de te rencontrer.
Elle s'était mordu la langue, avalant des sons dès son premier mot. Même devant des classes d'une vingtaine d'étudiants elle n'avait pas été si maladroite. Si la petite ne réagit pas, Mirio ne releva pas non plus, enchainant avant toujours autant d'entrain.
- Mizuki est comme une nouvelle professeur à Yuei. Elle ne restera pas longtemps mais est très gentille. Elle est américaine et connait plein de choses, tu pourras lui poser des questions.
- Ravie aussi.
Les mots avaient presque été murmurés mais ils confortaient cette impression de poupée de porcelaine qui avait saisit la jeune femme en la découvrant. Une voix douce, timide et incertaine.
Elle garda ce point de vue jusqu'à ce que le blond referme la porte derrière eux en repartant.
- Comment l'as-tu trouvé ? demanda-t-il.
- Eh bien... je peux dire ce que j'ai vraiment pensé ?
Elle ne voulait pas risquer de le froisser par mégarde mais il acquiesça sans hésitation.
- Elle me semble seule. Elle est dans un lieu où tout le monde est bien plus vieux qu'elle mais j'ai l'impression que c'est autre chose. Qu'est-ce qu'il s'est passé pour qu'elle arrive ici ? Elle est en danger ?
L'idée lui paraissait assez folle mais le sérieux qui avaient paré les traits toujours légers de Mirio lui fit bannir l'idée qu'il s'agissait de la fille d'un professeur qui n'avait fait qu'une mauvaise chute.
- On l'a sauvé d'un groupe de la Mafia, les Huit Préceptes de la Mort. Tu as dû entendre parler de ce grand affrontement fin septembre, un peu avant ton arrivée. Eri était la petite fille de leur grand chef mais elle a été employée par l'un de ses subalternes comme d'un cobaye. Elle a un Alter assez... spécial et il s'en servait pour faire des balles injectant un produit qui annule les Alters. Certains élèves en stage dans une agence de Pro Héros sur place ont participé à l'assaut. L'objectif était de la libérer ainsi que de stopper l'émergence de ce produit et de la montée en puissance des Préceptes. C'est cet objectif qui a surtout été rendu public, les médias ne savent pas qu'Eri existe. Au yeux du monde même, elle n'a pas d'existence. Si on la garde ici, c'est pour un jour qu'elle puisse contrôler son pouvoir. Elle n'a jamais connu le monde ou la famille, tout ce qui se passe est nouveau pour elle.
Mizuki en tombait des nues.
Elle avait bien entendu parler de cet évènement qui avait secoué la ville, avec notamment la perte de l'un des plus grands Héros et un ami cher de All Might. Mais de là à imaginer que cette petite fille avait été la plaque tournante de cet épisode sombre, elle en avait le souffle coupé. Sa propre attitude simple et légère lui fit mal au cœur.
Des histoires de ce genre, elle en avait entendu parler dans ses études, dans des faits relatés à la télé ou dans ses livres. Mais se retrouver devant quelqu'un qui avait été au cœur de cela lui faisait tout drôle. Trop drôle pour qu'elle trouve quelque chose à répondre à Mirio. Trop drôle pour qu'elle pense à ses cheveux qui s'étaient mit à goutter sur le sol. Trop drôle, pour qu'elle ne pense à retenir ses larmes.
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La force des larmes |My Hero Academia FF|
FanficBoku no Hero Academia FanFiction Pays différent. Rêve différent. Personnalité... troublante. Mizuki est parfois à côté du chemin principal. Alors autant poursuivre et valider son diplôme particulier dans un autre pays, le Japon semblait tout désigné...