Chapitre 14

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La salle s'était progressivement vidée depuis qu'elle était arrivée. Après avoir abordé le fonctionnement scolaire et quelques fondements de la politique américaine, les moins intéressés ou ceux qui avaient prévus autre chose s'étaient éclipsés. Ne restait que Izuku, en inconditionnel curieux de tout et seul représentant des garçons, ainsi que Occhacco, Tsuyu, Momo pour les filles. Les échanges avaient glissé vers des domaines touchant presque au personnel. Comment avait-elle fini par vouloir faire professeur plutôt que héro à part entière ? Avait-elle des amis qui, comme elle, avaient décidé de partir à l'étranger alors que leur pays était suffisamment vaste pour changer presque de culture entre deux états ?

C'était assez amusant et particulier d'en parler. Au sein même de sa formation, elle était un cas à part.

De par le métier de ses parents, elle était amenée à changer assez souvent de ville, de côte et se retrouvait à suivre une partie de son programme à distance. Si les enfants de stars étaient connus pour avoir un genre de vie à cent à l'heure, ceux des métiers de l'ombre n'étaient pas en reste. Fille unique de deux costumiers de cinéma, leur rythme de travail impliquait de fréquents déplacements pour agir au plus près du lieu de tournage. Que ce soit pour aider à l'enfilage ou réparer les accros, mieux valaient qu'ils ne soient pas bien loin des acteurs. Jugeant que tout ces espaces et ces expériences seraient profitables pour leur enfant, ils n'avaient jamais songé la confier à une nourrice ou la mettre en internat. Arrivant à s'arranger avec ses établissements scolaires, elle avait passé ces quinze dernières années entre les salles de cours où elle était à demi-inconnue et l'écran de son ordi dans la caravane qui leur était prêtée.

Et si elle reconnaissait bien qu'en plus de son instabilité émotionnelle, les multiples changements n'aidaient pas à nouer les relations, elle n'en voulait pas à ses parents. Ils avaient choisi ce qui leur semblait le plus enrichissant pour elle et elle pouvait sans conteste raconter nombre d'anecdotes sur chacun des plateaux qu'elle avait vu.

- Tu avais déjà approché All Might avant ?! s'écria Izuku.

- Oui, il était venu pour faire un caméo. Je ne lui ai pas parlé, j'étais trop gênée, mais mes parents ont effectué des modification sur la cape qu'il a porté ce jour-là.

Buvant ses paroles, le vert avait des étoiles pleins les yeux et tout son visage exprimait la chance qu'il voyait en elle.

- Il a d'ailleurs réussi à renverser le café du réalisateur en prenant la pose pour les enfants des ingénieurs du son. Le réalisateur était furieux mais devant la carrure d'All Might, il n'a rien dit au final. Mais son visage était tout rouge.

Tout au long de sa petite histoire, elle avait modélisé dans la paume de ses main l'apparence du Héro et celui du réalisateur, illustrant les différences de physique. Et quand bien même elle ne pouvait pas redonner leurs couleurs à ses petites créations, la scène était suffisamment amusante pour faire pouffer le petit groupe.

- C'est une vie dont on n'a pas l'habitude d'entre parler, c'est étonnant pourtant tout ce qui t'es arrivé, fit remarquer Momo.

- Oui, mais je n'ai jamais pensé que c'était un frein non plus. Tout ce que j'ai pu voir pourra me servir pour mieux comprendre mes futurs élèves. Tout comme c'est un peu le cas avec vous. Parler de petites anecdotes permet de tisser des liens. Ce n'est pas quelque chose qu'on nous apprend, mais c'est comme ça qu'on fait pour en nouer quand on arrive dans un nouvelle équipe de tournage.

Les échanges auraient pu trainer un peu plus si le téléphone de Tsuyu n'avait pas sonné. S'excusant pour répondre à ses parents, Mizuki en profita pour prendre congé des première année. Le temps passé était agréable, mais si elle voulait pouvoir encore appliquer sa fusion complète, elle devait bouger un peu. Une petite sortie en ville lui semblait une parfaite option en plus d'aller voir d'un peu plus près certains lieux dont elle avait entendu parler là dernière fois. Elle en profiterait aussi pour trouver un petit quelque chose pour les Yaoyorozu. L'invitation du week-end prochain tenait toujours et elle n'aurait pas le temps de s'en occuper dans la semaine.

Lorsqu'elle regagna sa chambre, les rayons de la lune portaient déjà leur lueur céruléenne sur les bâtiments, chassant les dernières ombres pourpres et parme du crépuscule. Elle avait mal au pieds et dans le silence des préliminaires de la nuit, ses pas semblaient résonner sur l'enrobée qui menait aux dortoirs. Les lumières filtrantes des fenêtres indiquaient que tous ne dormaient pas encore, mais elle sentait qu'elle se ferait disputer de rentrer à une telle heure. Elle n'était peut-être pas une élève directe, elle restait sous la supervision de l'administration. Et ils n'accepteraient peut-être pas qu'elle profite de son statut pour surpasser le couvre-feu.

Poussant lentement le battant de la porte de réserve de l'aile des terminales, elle ne s'attendait pas à tomber sur Tamaki. Et lui non plus, à en juger par le bon phénoménal qu'il fit quand leurs regard se croisèrent, faisant par ailleurs apparaitre deux ailes blanches dans son dos qui perdirent quelques plumes en battant frénétiquement.

- Pardon, je ne voulais pas t'effrayer, je suis désolée, murmura-t-elle.

- Ce... ce n'est rien, souffla-t-il un main posée sur la poitrine. Je... je ne m'attendais pas à te voir ici.

- Et je ne voulais pas risquer de vous déranger ou faire remarquer qu'il était un peu tard.

Il ne lui répondit que par un discret hochement de tête, la timidité reprenant le dessus sur la surprise alors qu'il ramassait les dernières plumes disséminées au sol et qu'il rajustait son tee-shirt que cette pousse inopiné d'appendices dorsaux avait fait remonter sur son torse. De son côté, la frayeur lui avait valu quelques larmes qu'elle cherchait maintenant à éponger de sa manche.

- Je vais y aller, annonça-t-elle en pointant le couloir menant à sa chambre. Pardon encore de t'avoir fait peur.

- Ce n'est rien, c'est bon, bredouilla-t-il.

- Tu passera le bonjour à Togata-kun et Neijire de ma part. Ou plutôt le bonsoir vu l'heure.

- Oui, si j'y pense.

Il marqua une petite pause, elle l'entendis inspirer et hausser la voix.

- Mirio voulait te dire quelque chose aussi mais il ne t'a pas trouvé aujourd'hui. Je ne sais pas ce que c'était.

L'information mit un arrêt après seulement quelques pas. Tournant ostensiblement la tête en direction du jeune homme, elle garda pour elle ses questions et acquiesça.

- D'accord, merci de m'avoir prévenu, bonne nuit Amajiki-kun.

- Bonne nuit aussi Mississipi-san.

La force des larmes |My Hero Academia FF|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant