Chapitre 62

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- Ça ne servait à rien de vous dire au revoir hier en fait.

Elle n'était pas encore arrivée à leur hauteur que Mizuki avait préféré briser le silence d'elle-même. Elle craignait que les premiers mots ne soient comme les derniers qu'elle entendrait dans l'enceinte de Yuei. Et même si elle avait forcé un ton rieur et désinvolte, elle doutait de le garder bien longtemps. Tant qu'elle ne croisait aucun regard directement surement.

- Tu pensais vraiment qu'on allait se contenter de ça ? demanda rhétoriquement Mina.

- On a passé presque quatre mois ensemble, ce n'est pas rien, appuya Ochaco.

- Je sais bien oui, accorda l'américaine, difficile de penser que le temps est passé si vite. Mais ce n'étaient que quatre mois, vous allez poursuivre vos études et ensuite devenir héros. Quatre mois ce n'est rien dans tout ce que vous accomplirez.



Elle avait passé la soirée à se persuader que quatre mois n'étaient pas grand-chose. Sans succès.

Tous ces jours, ces week-ends et ses semaines entières ne pouvaient se résumer aux cases barrées sur un calendrier ou les pages arrachées sur un éphéméride. Il y avait eu plus que des cours et une présentation orale. Bien plus que le tampon de validation positionné en rouge sur la feuille de son bilan de stage.

Elle en avait pourtant eu des stages, dans différents états et écoles de son pays d'origine. Elle avait passé nombre de bons moments avec des élèves de classes élémentaires sur la pédagogie et l'importance du jeu. Echangé sur les premiers écarts de génération avec ceux de la middle school entre deux cours d'histoire et de maths. Alors était-ce la proximité de l'âge ou la distance entre les cultures qui avaient fait la force de ces relations ? A moins qu'il ne s'agisse de la confrontation entre sa maturité enseignante et ses enfantillages d'élève ?

Les questions s'étaient tournées et retournées dans sa tête sans finir par trouver le moindre sens acceptable. Rendue à en perdre le nord, la bleue avait finalement décidé que dénier et diminuer serait une solution temporairement adaptée. Jusqu'à ce qu'elle se retrouve de nouveau seule avec ses pensées pendant les 14h qu'allaient durer son premier vol.

Visiblement le petit comité de départ ne l'entendait pas de cette oreille.

- Mais tout ce qu'on a appris en quatre mois avec toi aura tôt ou tard des conséquences, renchérit Momo. On aurait pas été les même sans avoir passé du temps ensemble.

- C'est statistiquement impossible que ton temps passé ici ne laisse pas de traces, enfonça Sankaku.

- Concrètement j'ai passé deux semaines dans chaque classe, alors si, c'est assez dérisoire.

- Deux semaines de cours mais un investissement aussi pendant le festival, les fêtes de fin d'année et ton intervention, compta méthodiquement Kyoka. On ne peut pas dire que se sont des évènements dérisoires.

- Et comme une fleur qui éclot repend son parfum, chacune de tes actions elle aussi se répandait de diverses manières, laissant ton emprunte douce se poser autour, exposa Nadeshiko avec lyrisme et philosophie.

- Donc en fait vous voulez me contredire à chaque fois pour que j'arrête de me persuader que je ne vais pas regretter de partir ou il y a encore des arguments que vous n'avez pas rembarrés ?

Chassez le naturel il revient au galop, il n'avait pas fallu longtemps pour qu'elle sente les coins de ses yeux la picoter doucement malgré ses efforts pour repousser l'inéluctable. Voir tout ce beau monde, ces regards encourageants et déjà nostalgiques la rendait incapable de regarder quiconque dans les yeux au risque que le sien se brouille plus qu'il ne commençait à l'être.

La force des larmes |My Hero Academia FF|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant