Chapitre 47

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Sa peau lui parut soudainement moins froide, l'air moins brulant dans ses poumons. Elle expirait toujours de légères volutes de vapeur mais avait cessé de frotter des doigts précédemment gelés. Une émotion doucereuse s'appropria lentement une petite place dans son cœur, vaguement familière à celle qui occupait annuellement son corps et son esprit le soir du réveillon. Un sentiment de confort et de réconfort non comparable dans son intensité, mais face à l'hiver nippon, il lui permettait d'être un peu plus souriante cet instant.

- Merci, murmura-t-elle aussi bien au blond qu'à tout ceux qui avaient croisé sa route lors de ce stage.

Mirio lui adressa l'un de ses savants sourires traduisant à la fois « de rien, nous sommes amis après tout » et « c'est naturel pour un héros d'aider les autres ».

La nostalgie en elle se réchauffa et s'apaisa, laissant de vieux souvenirs remonter en elle.

Les grandes tablées décorées à foison et disparaissant sous les dizaines de plats et de préparations diverses et variées qui avaient occupé les hôtes toute la journée.

Les piles de cadeaux s'entassant sous le sapin, parfois véritable ou parfois factice, réparties de part et d'autre de la crèche minuscule qui était toujours ramenée par les grands-parents avec le ridicule concours de celui qui aurait l'emballage le plus volumineux pour le contenu le plus petit.

Les rires et rougissements honteux des débats de fin de soirées, ressassant les précédentes fêtes, leurs moments de joie et leurs frasques au dépends des fautifs qui étaient les premiers à se moquer d'eux-mêmes avec une candeur enfantine que tout pouvait être un jeu.

Remontant progressivement son histoire, elle disgressa progressivement et dispersa sa mémoire en fragments éparpillé de quelques années de vie consciente.

- Dit, reprit-t-elle en soufflant dans ses mains, tu te souviens qu'un jour je t'ai dit que je te parlerais d'un truc ?

- C'était dans l'infirmerie ?

- Non, dit-elle en soucouant légèrement la tête, c'était lorsque j'avais regagné votre classe après ces quelques jours en off.

Il sembla chercher brièvement avant de claquer des doigts.

- Oui, maintenant je m'en souviens ! Alors c'est bon ? Tu as pu faire le tri dans tes idées ?

Elle approuva d'un hochement de tête avant de reporter son regard au loin.

- Après les évènements survenus en ville et le déblocage complet de mon Alter, j'ai remis en doute mes capacités à être un bon professeur. A pouvoir un jour guider et former les futurs héros de mon pays. Mais grâce à vous, votre soutient et votre présence, j'ai pu retrouver le lien avec moi-même et à présent, je reprends goût à mon Alter.

L'américaine marqua une pause, observant avec nostalgie les bulles d'air avancer au ralenti aux bouts de ses doigts engourdis par le froid.

- Mais cette peur de soi, l'envie de tout laisser tomber, ce n'était pas la première fois. Tu me dira surement que c'est arrivé à tout le monde ça, et c'est vrai. Mais qu'en est-il de la peur de soi quand on voit le danger qu'on représente pour soi-même ?

Les yeux à présent plongés dans les siens, penchée vers lui, elle le scrutait à chacun de ses mots, guettant sa réaction. Attentif, il ne laissait rien passer sur son visage autre qu'un léger sourcillement à l'annonce de la dernière information.

- Quand j'étais enfant, j'ai manqué de mourir d'asphyxie de nombreuses fois. Mes premiers passages complets à l'état liquide étaient involontaires et je paniquais tellement que c'était difficile de se concentrer pour retrouver mon corps d'origine. Mes parents avaient peur de me laisser seule dans la salle de bain de peur que je me fonde dans l'eau du bain et disparaisse tout bonnement. Morte à l'état liquide, il ne resterait plus aucune trace de moi, plus rien à chercher, plus rien pour se raccrocher à l'espoir. C'est en partie pour cela que je n'ai jamais essayé de penser à faire héroïne. Ça aurait suggéré de les laisser dans la peur constante de ne jamais revenir, même les pieds en avant. Dit moi Mirio, toi qui a un Alter qui peut te tuer aussi si tu ne retrouves pas ta tangibilité à temps, qu'est-ce que ça fait de vouloir être un héro ?

Seuls quelques centimètres séparaient leurs visages, Mizuki sentait le souffle régulier du blond sur sa peau et elle percevait la chaleur du corps vivant et chaud en face d'elle. Elle qui n'était que froid et humidité, elle sentait dense et puissante si proche d'elle qu'elle n'aurait qu'à relâcher les muscles de son coup pour que leurs fronts se touchent.

Elle attendait, impatiemment, une réponse. Un mot. Un signe. Quelque chose qui permettrait à son corps de ne plus bloquer sa respiration et prendre un second souffle. Et son attente relevait du supplice, tant elle semblait longue avant qu'il n'ouvre enfin la bouche.

- Je ne sais pas, avoua-t-il. Tu me demandes presque pourquoi je veux être un héro alors que je pourrais mourir en traversant les murs de ma chambre. Mais je ne sais pas. C'est comme ça. Je veux devenir un héro parce que c'est comme ça. Parce que je ne peut pas supporter l'idée que des personnes aient à s'inquiéter d'autre choses que le fait d'avoir une vie paisible. Je n'y peux rien, c'est ma seule réponde.

Lui aussi marqua une pause avant de reprendre par une question.

- Et toi alors ? Pourquoi est-ce que tu veux faire professeur, et donc employer aussi ton Alter, alors que tu as déjà faillir mourir de son existence en toi ?

Sans hésitation, sans profonde réflexion, sans remettre en question les fondements de ses considérations, elle ne pu déclarer autre chose que ces mots avec sa plus forte conviction.

- Parce que je refuse que d'autres vivent dans ma peur. Et parce que je ne pourrais pas aider tout le monde, je veux leur donner les clefs pour le faire.

Un mince sourire étira le visage de l'adolescent et sa main vint se poser sur la joue mouillée d'une larme solitaire.

- Alors pour toi aussi c'est comme ça. Tu disais que tu n'étais pas forte comme moi il y a encore quelques semaines mais je crois que tu as une force différente. Toi qui pleures avec ton Alter, tu ne veux pas que cela arrive à d'autres. Toi qui as peur de ton Alter, ce sont pourtant et surement tes larmes qui font ta force.


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Hello à vous petits aventuriers!

Un brin d'avance, je vais devoir y retourner.
Tada! Enfin la ref au titre, elle se faisait désirer ~
Je sais que les japonais sont peu tactiles, mais je trouvait que cela offrait un joli contraste avec l'Alter intagible de Mirio ^^ Et une belle associations avec sa personnalité supportrice.
Et je n'ai remarqué que récemment aussi les points communs des Alters de Mizuki et Mirio. Il n'y a que moi qui n'est pas percuté pour mon propre perso? Ou alors vous êtes des génies! (Sûrement même :')

En vous souhaitant un bon WE, je vais mettre les bouchées doubles pour la fin!!

La force des larmes |My Hero Academia FF|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant