Le bruit des sirènes, hurlantes et stridentes, perçant le silence revenu après le bourdonnement, les voix lointaines et actives, le choc des débris dégagés. L'odeur âcre de la poussière qui s'était infiltrée dans la bouche et le nez, irritante de l'acide qui continuait de désagréger tant qu'il le pouvait, capiteuse du sang sêché sur les coupures de sa peau. Une vue brouillée, les yeux irrités, pleurants des agressions sensorielles. La sensation rugueuse du sol sous ses pieds, moite de la transpiration, lancinante de ses nerfs mit à vif par les blessures.
Par-dessus le tout, un goût de fond de victoire sur l'amer frustration.
Mizuki jouait la scène, absente, bougeait mécaniquement.
Elle était retournée voir l'enfant, s'assurer qu'il n'avait définitivement rien, qu'il pourrait se remettre du choc. Le garçon s'était jeté sur elle, pleurant encore, appelant encore sa mère, entre deux excuses et des remerciements. A peine déboussolée, elle l'avait serré dans ses bras, lui avait murmuré que tout irait bien, que c'était fini, le portant jusqu'à ce que son père arrive en trombe quelques minutes plus tard, paniqué, retenu tant bien que mal par deux ambulanciers. Un groupe de policiers les suivait, la main sur la crosse, guettant encore le moindre mouvement.
Le petit garçon avait été récupéré par son géniteur, les larmes aux yeux, un sourire de reconnaissance sur les lèvres. L'équipe de soin avait nettoyé leur peau, désinfecté leurs plaies, pansé leurs écorchures. Un homme avait tenté de lui poser des questions, mais elle n'avait pas eu le temps de répondre que Tenya s'en était chargé. Elle serait de toute façon restée bête devant le représentant des forces de l'ordre, elle n'avait rien compris à ses mots. La chose qu'elle pu lui répondre était qu'elle allait bien, que ces élèves étaient sous sa responsabilité, qu'ils avaient leur permis provisoire et avaient agis en légitime défense. De petits bouts de phrases apprises par-cœur.
Ce fut au moment où la portière de la voiture claqua près de son oreille droite qu'elle reprit un état de conscience, séparée maintenant de l'environnement dans lequel elle avait évolué auparavant par une vitre teintée, blindée, et sept centimètres d'acier. A sa gauche, le délégué et Kyoka la regardait, inquiets de son sursaut.
Inspirant un une grande bouffée d'un air sans poussière, remettant correctement la couverture de survie sur ses épaules, elle les devança d'un sourire.
- Ça va, chuchota-t-elle, j'étais simplement sonnée. L'adrénaline m'est montée au cerveau à défaut de l'oxygène.
- Tu es sûre ? questionna la musicienne sur le même ton.
- Oui, ce n'était que des entailles superficielles, le plus important est que vous vous alliez bien.
Elle passa sous silence la brulure irradiante dans son torse qui était née dans ses poumons à l'instant où elle avait tout relâché pour confier le vilain emprisonné dans sa bulle d'eau aux autorités.
- De toute façon, Recovery Girl ne manquera pas de nous faire un check-up complet. Ce soir, c'est repos pour tout le monde, on a eu assez d'émotions.
Ils étaient en route vers Yuei, où les attendaient probablement leurs professeurs et le directeur déjà prévenu. Face à eux plutôt que face aux deux vilains, Mizuki ne donnait pas cher de sa peau.
Elle n'avait pas spécifiquement désobéi à un ordre ou enfreint une règle. Mais avoir employé son Alter en pleine rue, dans une atteinte à l'autre, même sous couvert de protéger des gens, elle ne savait pas quel regard allait être porté sur cette utilisation. Comme elle l'avait dit aux policiers, les quatre élèves avaient leur permis provisoire, ils étaient en mesure de se défendre, légalement et factuellement. Ils se débrouillaient même très bien de ce qu'elle en avait vu, son intervention aurait pu ne pas avoir lieu, ils auraient su trouver un moyen d'appréhender les deux hommes.
Mais les pensées dans sa tête, les pleurs de l'enfant, sa détresse lorsqu'il s'était agrippé à elle, tout cela avait remué ses entrailles plus profond que tout. Avant même que celui à la langue bien pendue ne vienne la chercher verbalement, elle savait qu'elle ne pouvait plus faire marche arrière, qu'elle ne considérait plus l'action comme une option. Elle avait refoulé in-extremis sa fureur meurtrière de le blesser, mais sa détermination et son esprit de rage étaient restés.
Il était inconcevable qu'un seul enfant de plus ne soit impliqué dans ce genre de chose, affrontement ou utilisation malintentionnée, tortueuse ou égoïste d'un Alter. Le sien ou celui d'un autre.
Sa rencontre et le temps passé avec la petite Eri avait ébranlé toute une conception aveugle de ceux qui pouvaient être victimes de ces capacités hors-normes.
C'étaient des enfants, le futur du pays, les futurs héros ou les futurs vilains, à qui on pouvait tout arracher ou briser en un instant. Ceux qui garderaient le plus longtemps en mémoire les stigmates d'un esprit traumatisé.
Fermant les yeux et les oreilles pour concentrer son énergie à apaiser ces réminiscences, la boule dans le ventre de l'américaine ne cessa de croitre à mesure qu'ils approchaient de l'école. Elle atteint même son apogée lorsque d'un coup d'œil au dehors, elle vit les statures droites et rigides des professeurs sur les marches du bâtiment principal.
Elle descendit la dernière de la voiture, rejoignant le rang formé par les élèves de seconde, docile. Elle ne savait pas où était sa place, où elle aurait dû être, où elle aurait été le mieux.
De longs instant d'un silence semblant interminable passèrent, lourd des regards indéchiffrables. Elle aurait d'abord cru que Tenya trouverait les mots, comme ce fut le cas face au policier, mais il s'abstint de toute vocalise, encore plus tendu qu'à l'accoutumé.
Le temps ne se résuma finalement qu'à moins de trois petites secondes, au bout desquelles All Might apposa sa voix.
- Vous quatre, désigna-t-il les plus jeunes, allez à l'infirmerie, soigner réellement tout ça. Ensuite allez vous changer, et vous reposer un peu, nous devons parler avec Mississipi-shoujou avant.
- Oui monsieur, répondirent-ils en cœur.
Ils commencèrent à se mettre en marche avec un regard d'excuse, face auquel elle se permit de nouveau un sourire rassurant. Passant devant elle, Kyoka sembla buter pour finalement reprendre son chemin. Ce fut Rikido qui compléta l'action de quelques mots.
- Au fait, tout à l'heure... tu... enfin... vous aviez vraiment l'air d'un prof. Vous aviez vraiment la classe.
***----------------------------------------------------***
Hello à vous petits aventuriers!
Lente redescente de la pression, retour à la normale... ou presque, ça reste à voir ;)
Je vous souhaite un bon dimanche et une bonne semaine dès demain!
VOUS LISEZ
La force des larmes |My Hero Academia FF|
Fiksi PenggemarBoku no Hero Academia FanFiction Pays différent. Rêve différent. Personnalité... troublante. Mizuki est parfois à côté du chemin principal. Alors autant poursuivre et valider son diplôme particulier dans un autre pays, le Japon semblait tout désigné...