Tout le monde a des complexes même celles que vous considérez parfaites.

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-Je n'aurai pas dû te donner le volant chérie. Regarde comment tu conduis.

-Noah toi aussi. Je conduis comment.

-Tu roules à 60km/h ce qui est interdit ici.

Olga était une vraie amatrice de vitesse. Toute jeune elle revenait avec des blessures issues de ces virées à moto avec les garçons. Elle s'était assagie depuis qu'elle s'était mariée et encore plus depuis quand elle était tombée enceinte.

-Donc si je comprends bien quand tu conduis pour aller au boulot, c'est comme ça tu files quoi ? Donc tu n'as pas arrêté ce comportement.

Elle n'écoutait plus son mari. Elle était heureuse. Filer lui procurait une telle joie, elle avait l'impression d'avoir le monopole sur une chose. Que son poids ne lui empêchait pas de filer la rendait si libre, si heureuse.

-Ralentis, dit d'un ton sec son mari.

À contre cœur elle le fit. Le ton qu'avait utilisé son mari n'appelait point la réplique.

-Tu te rends compte si une voiture ou un piéton vient de n'importe où et le temps que tu réagisses l'irréparable se produisait ?

-Noah tu sembles oublier que je maitrise Grand-Popo comme ma poche.

-Ne refais juste plus ça. C'est tout.

Elle revint à la vitesse normale.

-Si tu n'avais pas confiance je ne sais pas pourquoi tu m'as remis le volant.

-Tu sais très bien que j'ai confiance car tu maitrises la conduite plus que moi. Ce que je te refuse c'est la vitesse. Où c'est inscrit 50km/h tu le respectes c'est tout. Et c'est aussi parce que tu m'as supplié sinon un mois après une grossesse, je ne dois pas te laisser  conduire. Alors ne me fais pas regretter d'avoir accepté.

Le trajet se fit en silence. Noah était concentré sur son portable. Olga faisait tout pour pouvoir voir ce qu'il regardait mais elle n'y parvenait pas. Elle s'énervait. Et si il regardait ces belles filles qui posent presque nues sur les réseaux sociaux, se demanda t'elle.

Elle freina brusquement. Elle n'avait pas vu ce motocycliste qui avait emprunté un sens interdit.

-Tu vois ce que je dis. Imagine un instant tu roulais à 60 tu l'aurais déjà ramassé..

Elle reconnut que son mari avait raison mais se tut. En deux trois mouvements, ils se trouvèrent au restaurant au bord de la mer. Les autres étaient toujours derrière. En effet, son mari et elle étaient venus à grand-popo la veille et avaient logé dans un hôtel. Les autres avaient pris la route ce matin.

-On descend ou on les attend dans la voiture. ?

-On les attend. Ils ne sont plus loin.

Elle gara, détacha sa ceinture de sécurité et s'adossa contre le dossier de son siège. Son mari l'observa. Elle lui jeta un regard interrogateur.

-Tu es très jolie, il le lui a dit avec une telle sincérité que le sourire qu'il esquissait la fit fondre.

-Ça me rappelle les périodes d'avant notre mariage, quand on était encore jeunes, sans obligations et passait nos temps à étudier et à sortir. C'est fou comme ça passe vite. J'espère que tu sais que je t'aime encore plus.

Il lui toucha la joue.

-Je suis plus jolie que Carine ?

Son mari éclata de rire.

-Mais chérie tu as quoi à te comparer ces temps-ci à Carine.?

-Réponds juste.

Il la regardait sans comprendre. Au même moment ces autres amis étaient déjà là. Ils étaient obligés de descendre.

Olga redoutait ce moment où elle allait voir les femmes des amis de son mari. Elle regarda dans un miroir pour vérifier si elle n'avait pas transpiré. Elle jeta un coup d'œil à sa tenue. Elle descendit à contre cœur. Ils avaient déjà tous formés un groupe et se parlaient.

-Voici notre femme accomplie qui arrive, dit Rostand en s'approchant d'elle et lui baisa la joue. Toujours jolie.

Elle esquissa un faible sourire. Elle les salua tous à tour de rôle. Encore une fois la beauté des autres femmes lui frappa à l'œil. Elles étaient légèrement maquillées, chose qu'elle ne pouvait faire. Il lui fallait deux minutes pour que son maquillage coule, tellement elle transpirait. Fine et sans graisse, elles incarnaient l'épouse parfaite qui avaient la facilité à se mouvoir, à courir, à se faire porter par leurs hommes, à être endurantes...

Elle ferma les yeux. Ce week-end allait être assez long.

-Et si on allait se poser pour manger. J'ai mon ventre qui gargouille, dit Amanda en les devançant.

-Tu manges plus que tout le monde ici réuni mais tu ne grossis jamais.

-Qui t'a dit que je voulais ressembler à une baleine, répondit Amanda à son mari.

Ils éclatèrent tous de rire. Ce n'était pas drôle pour Olga. Elle avait déjà une idée de ce que pense Amanda. Pour elle les personnes en surpoids étaient des baleines. Très bien. Elle marchait doucement et les rejoignit à la table. Elle s'assit avec les autres femmes vu que les garçons étaient ensemble et parlaient déjà vu qu'ils s'étaient vus il y a longtemps. Les femmes s'affairaient à prendre des photos. Elle était l'intruse.

Au bout d'un moment, ils passaient les commandes. Ne sachant quoi choisir, son mari commanda à sa place. Les autres femmes parlaient de leurs expériences après l'accouchement. Elles s'étaient rendues en salle de gymn pour brûler les kilos de trop et faire dissoudre ce ventre qui pointait. Elles n'appréciaient pas se sentir grosses.

-Mais il y a une chose que je regrette c'est ne pas avoir les seins. J'aimerais tellement avoir une poitrine si voluptueuse comme Olga. Si tu as les seins, peu importe ce que tu portes ça te va, dit Rachelle.

-Oui mais tu dois savoir que tout a un inconvénient. Les femmes aux fortes poitrines se plaignent tout le temps de mal de dos et à la hanche. Moi je m'aime telle que je suis. En plus les hommes maintenant ont une faiblesse pour les femmes sveltes. Nous sommes fraiches et demeurons jolies dans notre vieillesse. Pour rien au monde je n'aimerai prendre du poids, répondit Ruth qui sirotait un jus de goyave.

Olga la regardait. Elle voulut lui répondre mais s"aperçut qu'elle n'avait fait que dire la vérité. Les femmes grosses vieillissaient au jour le jour.

Leurs commandes arrivèrent et chacun s'attaqua à son plat. Tout se passait bien jusqu'à ce qu'Amenda prenne la parole:

-Olga tu devrais faire attention à ce que tu manges. Ta nourriture est à la fois riche en blé, en huile et autres vitamines.. Regarde comment tu es. Tu as quel âge déjà ? 28 ans. On t'aurait donné une cinquantaine. Observe un regime. Ça t'alaidit.

Olga laissa tomber sa fourchette et lança un regard à son mari. Celui ci semblait n'avoir rien entendu.

-Mais Amanda tu exagères...

-Je ne fais que lui dire la vérité. J'arrive à lui dire ce que vous pensez bas. Rien de vraiment personnel.

Olga se retira et alla vers la plage. Elle s'assit sur le sable fin, le regard au loin.

-Ces derniers jours tu ne finis plus tes repas. Allez viens je te nourris.

-Non je suis rassasiée.

-Rassasiée ? Tu n'as même pas touché à ton plat.

-Noah va rejoindre tes amis, vous avez sûrement des choses à vous dire. Je suis venue juste pour prendre de l'air.

-Pas question madame.

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