Si l'on se moque de votre physique, riez en le premier.

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Toute la semaine fut merdique pour Olga. Elle avait laissé les événements du weekend prendre le dessus. Elle avait lu dans les yeux de cette femme, qu'elle était revenue pour Noah. Olga le sentait jusqu'au tréfonds de ses entrailles. Et cela n'avait pas pour don de la calmer. Son assistante lui annonça la visite de quelqu'un.

-Je n'attends personne.

Elle déposa son stylo et reconnut que ça lui ferait du bien d'arrêter de bosser un instant et de délier sa langue. Aujourd'hui était vendredi, et elle avait fini tout le travail qui lui revenait et avait même déjà entamé celui de la semaine prochaine.Elle ordonna à son assistante de permettre à la personne d'entrer.  Travailler lui faisait oublier ses peines. L'on toqua à sa porte.

-Entrez, dit elle.

La personne qu'elle vit dans l'embrasure de la porte lui fit regretter d'avoir laissé son boulot. Elle aurait du maintenir son refus.

-Oh oui. Je sais que je ne serai pas la bienvenue. C'est pourquoi j'ai demandé à ta secrétaire d'éviter de dire que c'est moi.

-Assois toi, dit elle de façon désintéressée.

Olga était face à la personne la plus sèche et déplaisante du monde: sa belle sœur Rochelle. Plus jeune, elle avait toujours peur d'elle. Rochelle était une femme d'un certain caractère. Elle était très hautaine et n'hésitait pas à rabaisser autrui. Et puis, c'était très rare de la voir sourire. Mais il y avait une chose qu'Olga lui concédait. Elle était très intelligente, polyvalente et ne se faisait pas marcher dessus. Ayant pris ses études au sérieux, elle obtient très jeune son diplôme de magistrate. En gros, elle était une personnalité très respectée du pays. Plus Olga prenait de l'âge, plus sa terreur pour cette belle sœur diminuait. Elle avait appris à ignorer ses sarcasmes et critiques.Elle s'affirmait à son tour .

-Joli bureau.

Olga avait saisi la pêche. Rochelle ne complimentait jamais.

-Et si tu me disais plutôt pourquoi tu es là. J'ai encore du boulot.

-Du boulot ? À 19h45? Et tu retiens ta pauvre secrétaire là alors que tout le département est désert ? Eh bien, après on dira que c'est moi qui fait preuve d'inhumanité.

Olga n'avait dutout pas vu l'heure passée. Elle appela son assistante.

-Pourquoi ne m'aviez vous pas dit qu'il était l'heure pour vous de rentrer? Vous voyez, quand moi je m'enferme et je plonge mon nez dans ces dossiers, je ne m'occupe plus de rien. Rentrez chez vous.

L'assistante la remercia. Olga se leva et se mit à ranger ses effets.

-Et si tu allais droit au but. Je dois rentrer.

-Tu es bien pressée pour une femme qui n'a aucun homme à la maison qui l'attende.

Cette phrase l'acheva. Elle n'avait jamais compris comment la sœur aînée de son mari arrivait à faire sortir de mots si blessants. Olga se demandait toujours à qui elle ressemblait parmi ses beaux parents. Mais elle n'avait jamais eu de réponses. Les autres membres de la famille de Noah étaient adorables.

-Je t'admire à cause de ta façon de t'affirmer. Tu ne te laisses pas faire. Je peux avouer que c'est ça qui m'a convaincue de te laisser respirer. C'est ce genre de femme je veux pour mon frère.

Elle s'était levée et faisait les cent pas. Même son habillement était strict. Habillée d'une veste et d'un pantalon sur mesure d'une couleur saumon, elle avait coiffé ses cheveux qui étaient d'un noir d'ébène. Très fine et surtout bien taillée, Rochelle était à l'image de ces boss ladies très sérieuses. Elle avait un visage angélique, une petite bouche mais de laquelle sortaient les plus blessantes atrocités du monde. Avec son petit corps, l'on la prenait toujours pour la benjamine de la famille mais elle était plutôt l'aînée.

-Je ne sais pas à quoi tu joues en laissant mon frère dans les bras de cette femme. Tu es assez mature pour savoir que tu commets une grave erreur.

-Oh je vois où tu voulais en venir. Si c'est Noah qui t'envoie dis lui...

-Tu sais très bien qu'il aime résoudre ces problèmes lui-même. Et si il devrait envoyer quelqu'un, je serai la dernière à qui il aurait pensé. Il sait que je ne suis pas douée pour les relations humaines.

-Alors pourquoi tu es là ? Tu as toujours voulu une femme comme Agathe pour ton frère. Ton vœu est sur le point de se réaliser. Ou si tu es là pour me présenter les papiers du divorce, fais les sortir, je les signe pour de bon et on passe à autre chose.

Sa belle sœur haussa les sourcils. Le cœur d'Olga cognait. Et si Noah avait vraiment demandé le divorce. Rochelle fit sortir de son sac un dossier et le tendit à Olga.

-Tu es sûre que tu ne veux pas la présence de ton avocat ?

Énervée, Olga lui arracha le dossier des mains, tourna furtivement les pages sans les lire et signa.

-Tiens, remets les lui et dis lui qu'il est libre. Tu peux t"en aller maintenant.

Sa voix tramblait. Elle devrait être seule et reprendre des forces. Elle vit Rochelle jeter le fameux dossier dans sa poubelle.

-Uno, évite de prendre des décisions quand tu es en colère. Tu as été très impulsive tout à l'heure. Je ne t'ai pas reconnue.

-Tu ne m'as jamais connue.

-Oh que si. Je te connais très bien pour savoir que quelque chose te tracasse, au point où tu préfères laisser s'envoler ton mariage. C'était un faux dossier madame. En vrai Agathe n'est pas le véritable problème de ta dispute avec ton mari. Il y avait autre chose là. Agathe a juste servi d'appât pour extérioriser ta douleur. Le pire que tu ne sais pas, c'est que cette femme va profiter de cette faiblesse que tu dégagés pour te piquer ton homme. Et ce qui est encore pire, c'est que tu penses qu'elle mérite Noah et pas toi. Tu sais, c'est ce genre de personne qui m'exaspère. Celles là qui pensent qu'elles n'ont pas droit au bonheur, qui pensent qu'elles ne sont pas éligibles pour vivre les belles choses. Les personnes pessimistes je les éloigne de mon entourage. Car j'ai besoin d'être mentalement équilibrée pour vivre ma vie. Et si tu fais vivre des misères à mon frère, il sera triste et plus je le vois triste, plus j'aurai mal pour lui. Donc juste parce que toi tu es complexée, tous ceux qui vous entourent auront un choc psychologique.

Olga la regarda durement.

-Oui tu es complexée. Je ne sais pas depuis quand tu en fais une affaire si sérieuse. Tu es grosse et puis quoi? Noah le savait et pourtant il t'a épousée n'est ce pas ? Alors s'il te plait arrête moi ces caprices de gamine, mets toi au sport, tout ce que tu veux, mais tu n'as pas intérêt à blesser mon frère.

-Ton frère, ton frère, c'est tout ce qui t'importe.  Tu t'es demandée comment moi j'arrive à supporter ça.

-Non. Tu n'es pas ma sœur. Ce n'est pas à moi de veiller à ça. Tu penses être la seule complexée. On l'est tous. Mais on en fait pas des histoires comme toi.

Rochelle savait blesser. Si on décelait un oscar pour ça, elle aurait eu plein de médailles.

- Et aussi une chose, Noah et toi n'aviez pas intérêt à vouloir divorcer. Peu importe le tribunal vers lequel vous vous tournez je ferai toujours en sorte d'annuler la procédure ou de la trainer. À vous de voir ce qui vous arrange. Et s'il te plait soigne ce foutu complexe qui te prend la tête.

Elle prit son sac et sortit de la pièce. Olga vacilla sur un fauteuil et pleura. En voulant aider le couple, Rochelle s'y est mal prise. Elle n'était visiblement pas douée pour les relations humaines.

COMPLEXESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant