Repentir tardif ne répare point.

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Noah s'était douché et était assis au même endroit où Olga l'avait laissé le matin. Rayan était assis par terre jouant avec ses jouets. Son père le regardait. À cause de cinq minutes de plaisir il a peut-être réduit les chances de son enfant de vivre avec ses deux parents, de vivre dans un foyer paisible, de se sentir aimé et désiré. Et cette décision c'était à Olga de le prendre. Il craignait au plus profond de lui qu'elle l'oblige à demander à Agathe d'avorter. Et ça il ne le ferait jamais. Il comptait sur le bon sens et la maturité de sa femme. Il avait fouillé dans sa tête, cherchant désespérément qui, à part lui, pouvait réussir à la convaincre et la supplier. Il ne veut pas fonder une famille avec Agathe. En aucun cas, cela ne lui a traversé l'esprit. Il était prêt à prendre soin de cet enfant, l'aimer mais il ne voulait pas d'Agathe comme épouse.

Il sursauta quand il sentit une main sur son épaule.

-Tu es vraiment distrait ces temps-ci. Je t'appelais depuis.

Olga était en face de lui toute inquiète.

-Ah chérie t'es de retour. Rayan est réveillé. Il était juste ici, balbutia t'il.

Il chercha à ses alentours mais ne vit pas son fils.

-Il est là-bas avec Maëlle. Il nous a entendues arriver et il est venu vers nous.

Il se retourna gêné.

-Salut Maëlle.

-Salut.

Elle ne l'avait pas regardé.

Olga avait remarqué une certaine gêne entre les deux mais n'a pas voulu se mêler. Ils étaient collègues et avaient sûrement des différends sur le plan professionnel. Elle ne voulait pas paraître fouineuse. Et elle tenait à la fois à son mariage et aussi à son amitié avec Maëlle. Elle craignait que quand elle serait au courant du problème, qu'elle soit obligée de prendre partie.

-Bon. En attendant que l'infusion soit au feu, j'irai me laver pour enlever cette sueur du corps.

-Olga tu peux attendre j'ai à te dire.

Peu lui importait maintenant que Maëlle soit là. Elle l'avait déjà surpris en pleine infidélité et ça ne l'étonnerait pas si elle apprenait qu'Agathe était enceinte.

-Chéri il faut vraiment que j'aille prendre cette douche.

Elle ramassait déjà son sac.

-Olga s'il te plaît juste deux minutes.

Maëlle avait remarqué qu'il était nerveux. Assise à la table à manger qui était séparée du salon par un rideau en perles, elle ne voyait pas son visage mais notait une anxiété dans sa voix.

-Je reviens vite Noah.

Elle montait déjà les marches. La nervosité eut raison de Noah et il se leva et cria.

-BON SANG, TU PEUX ATTENDRE ET ÉCOUTER CE QUE J'AI À DIRE ?

Même le petit bébé avait sursauté. Olga fit demi tour et se positionna devant lui. Il reprit ses sens et se jeta dans le fauteuil tout en se massant les tempes. Il fallait en finir avec cette histoire sinon il deviendrait fou.

-Agathe est enceinte.

Il lui a fallu assez de courage pour pouvoir sortir cette phrase. Il se sentait comme si un lourd poids lui a été ôté des épaules. Sa respiration n'était plus saccadée. Il attendait la sentence d'Olga.

-Agathe ? Laquelle ? La même ? Elle est enceinte. D'accord. Il est où mon problème ?

Bien qu'elle essayait d'être sereine, sa voix tremblait. Maëlle savait que les minutes qui suivront seront très dangereuses. Elle se leva, prête à intervenir au cas où son amie voudrait faire quelque chose d'insensé.

-En quoi ça me concerne moi ? Pourquoi me le dis tu ?, répéta t'elle comme Noah tardait à lui répondre.

-Elle est enceinte de moi.

Un lourd silence s'installa.

-Waoh.

Ce fut le seul mot qu'elle réussit à prononcer. Cette phrase avait provoqué un léger vertige en elle. Elle s'assit dans un fauteuil pour bien digérer la nouvelle. Elle fixait un objet imaginaire.

Vu qu'elle ne réagissait pas, Noah lui prit la main et s'agenouilla.

-Je n'ai pas d'excuses pour ce que j'ai fait. Je reconnais que je suis dans l'erreur et que je t'ai énormément blessée surtout après les promesses qu'on s'est faites.

Olga fixait toujours son fameux objet imaginaire.

-J'ai gaffé chérie je le reconnais. Mais je ne veux pas te perdre. Je ne veux pas perdre cette équilibre qu'on a su instaurer dans notre foyer.

Il serrait toujours sa main. Aucune réaction ne venait d'elle. Elle ne savait en fait quoi dire. Ce jour-là quand il était venu la voir à l'hôpital, elle avait remarqué une gêne en lui et cette odeur...... Il pouvait engrosser tout le monde sauf cette femme. Cette femme à cause de qui il a souffert. Cette femme qu'elle a difficilement réussi à lui faire oublier. Pourquoi tomber si bas ? C'était une honte pour elle.

-Olga dis quelque chose s'il te plaît. Ton silence me peine.

Elle cligna des yeux comme pour revenir à la réalité.

-Je ne sais quoi dire.

Sa voix était neutre mais on pouvait y dénoter de la douleur. Elle enleva sa main de celle de son mari et la passa dans ses cheveux. Elle aimerait tant que ça soit un rêve mais hélas tout ceci n'est que vérité. On voulait lui imposer un enfant hors mariage.

-Je vais monter.

Elle se leva et prit son sac.

-Maëlle tu devrais rentrer.

Noah la rattrapa.

-Chérie mais dis quelque chose. Je suis assez nerveux pour que tu me laisses sans rien dire.

-Mais dire quoi ? Est-ce moi qui dois prendre en charge la grossesse ? Où est-ce de moi elle est enceinte ? Occupe-toi de la mère de ton enfant. Ne te préoccupe pas de moi.

-Chérie tu sais bien que........

-Je te l'ai toujours dit. Cette femme était revenue avec un objectif précis : te reconquérir. Et elle y est arrivée.

-À part l'enfant, rien ne liera Agathe à moi. Tu le sais bien.

-Mais justement un enfant vous lie.

-Ça ce n'est rien.

-C'est énorme. Un enfant c'est énorme, murmura t'elle comme si elle se parlait à elle-même.

-Chérie essaie de me comprendre. Je regrette.

-Je sais.

-Bon sang Olga délie la langue. Dis moi ce que tu ressens. Ces monosyllabes que tu sors ne m'aident en rien.

-Te dire ce que je ressens ? Aucun mot ne saurait traduire la profondeur de ma blessure. À quoi ça servirait de mettre à nu mes émotions ? Tu es bien placé pour savoir que ça me réduit en miettes cette nouvelle.

Elle souriait faiblement mais Noah et Maëlle savaient qu'elle était blessée. Maëlle aussi avait mal qu'elle doit traverser ça après tout ce qu'elle a vécu. Mais elle salua son calme. Elle avait pris la nouvelle promptement, n'avait pas essayé de crier. Mais ne dit-on pas qu'il fallait se méfier de l'eau qui dort ?

COMPLEXESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant