Ne prenez pas les miroirs au sérieux. Votre vrai reflet est dans votre cœur.

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Depuis une semaine, Olga n'était que l'ombre d'elle-même. Elle était livide, sans état d'âme et ne vivait que des journées moroses. Voilà sept jours que son conjoint lui a avoué avoir engrossé son ex. Chaque nuit elle y repensait et ne savait à quel saint se vouer. Elle s'efforçait de comprendre, se disant que c'étaient des choses qui arrivaient mais son cerveau n'était pas du même avis. Elle avait toujours cru que le lien fort qui l'unissait à Noah, cet amour incommensurable qu'ils ressentaient l'un pour l'autre était suffisant.  Mais apparemment non. Seul l'amour ne suffisait pas. Et si depuis elle avait raison. Si son physique déplaisait son mari et par peur de la blesser il niait. Non elle n'allait pas à nouveau s'infliger ça.

Elle vit la porte de la chambre s'ouvrir. Elle regarda l'heure. Il était midi. C'est fou comme le temps passait si vite. Depuis que Noah lui avait annoncé cette nouvelle, il rentrait à midi. Peut-être craignait il qu'elle ne se fasse du mal.

-Salut.

-Salut.

-Tu vas bien ? Ta journée ?

-Pas mal et la tienne ?

-Je suis très épuisé.

-Je vais faire la table pour que tu puisses manger et te reposer avant l'heure.

Elle se leva du lit prenant soin de ne pas réveiller le petit.

-Olga ?

Elle se retourna pour écouter ce qu'il avait à dire.

-Tu m'en veux toujours ?

Elle détourna son regard et continua son chemin. Elle tolérait une situation ne voulait pas dire qu'elle l'avait oubliée ou pardonnée. Elle ne sait pas ce qui l'incitait à rester, à se comporter en épouse docile alors que son amour propre était blessé. 

-Descends manger, lança t'elle alors qu'elle était déjà dans les escaliers.

Elle fit la table comme elle en avait l'habitude et s'assit attendant qu'il la rejoigne. À son arrivée, elle servit la nourriture et lui souhaita bon appétit.

-Tu ne manges pas ?

-Je l'ai déjà fait.

Il s'inquiéta. Avait-elle vraiment mangé ou se privait elle de nourriture. ?

-Rayan et moi allions chez maman ce soir. Ce n'est pas sûr que tu reviennes nous voir à la maison.

Il déposa aussitôt la cuillère et la regardait avec peur.

-Tu mets quoi dans je ne reviendrai pas vous voir ?

-Je passe mes journées seule à la maison je m'ennuie. J'aimerais passer le reste de mon congé là-bas. Ça me ferait du bien. 

Il comprenait ainsi par-là qu'elle voulait s'éloigner de lui voire le quitter.

-Mais c'est pour que tu ne te sentes pas seule que je reviens tous les midis te tenir compagnie.

Elle ne releva pas, se contentant de claquer ses doigts.

-Parle s'il te plaît. Où tu veux que je demande aussi un congé et que je reste à la maison ?

-Bien sûr que non.

-Que faire alors ?

-Noah j'ai besoin de quitter ces lieux. J'en ai besoin je le sens.

-Quitter ces lieux ou me quitter ? Sois plus explicite.

Elle ne répondit pas.

-Réponds moi Olga.

-Noah tu devrais manger et ainsi te rendre au boulot.

Elle se leva et alla s'asseoir dans l'un des fauteuils. L'avoir à ses côtés intensifiait sa douleur.

Noah voulut se lever et aller la rejoindre quand son portable sonna. Le nom de son confrère s'afficha.  Après avoir décroché et sans le savoir, sa main bascula sur le haut parleur.

-Noah comment vas-tu ? Depuis près d'une semaine que je donne rendez-vous à cette femme que tu m'as confiée, elle n'est jamais venue. Je t'appelais pour savoir si il y avait un souci. Chaque fois elle reporte.

Mince. Olga avait entendu la conversation.

-Noah tu es là ?, interrogea le médecin suite à son silence.

Il se reprit.

-Je vais te rappeler s'il te plaît. Je dois l'appeler pour savoir si il y a un problème.

-D'accord j'espère ton retour. Tout à l'heure.

Cette Agathe prenait tout à la légère. Et ça avait le don d'énerver Noah. Qu'est ce qui pouvait bien l'empêcher de se rendre à un rendez-vous du médecin pour une consultation. Malgré qu'il savait qu'Olga était probablement entrain de l'écouter, il lança son numéro. Elle décrocha aussitôt comme si elle attendait son appel.

-Je peux savoir à quoi tu joues ?, demanda t'il sans la saluer.

-Je ne te comprends pas.

-Pourquoi reportes-tu à chaque fois le rendez-vous du médecin. ?

-Parce que depuis près d'une semaine l'auteur de la grossesse ne m'a pas appelée pour prendre de mes nouvelles ni celui de son enfant. C'est très facile de me confier à un autre médecin. Pourtant quand tu couchais avec moi, tu ne voulais me partager avec personne.

Olga en avait assez entendu. Elle quitta le salon à pas de loup. Noah l'avait vue mais il était résolu à terminer cette discussion.

-Gare à toi si tu ne viens pas au rendez-vous après demain. Tu verras de quel bois je me chauffe et de quel parfum je m'embaume.

Il raccrocha sans lui laisser en placer une.  Il ne retrouva plus l'appétit et déposant la nourriture à la cuisine en prenant soin de la couvrir. Il regarda sa montre et vit qu'il était l'heure pour lui d'aller s'apprêter pour le boulot. Il se rappela ce qu'Olga lui avait annoncé. Elle disait vouloir partir chez ses parents parce qu'elle était ennuyée. Et il savait que si il laissait  faire, il la perdrait pour toujours. Une idée scintilla dans sa tête. Il monta prendre une douche. Dès qu'il en sortit, il la vit sur le lit avec un livre entre les mains. 

-Je m'en vais déjà. Prends soin de toi et du petit.

-Bonne soirée, répondit elle sans le regarder. 

Il prit discrètement la clé de sa femme dans la porte de la chambre.  Il entreprit de l'enfermer ce qui l'empêchera de sortir. Il savait que c'était très égoïste et surtout dangereux ce qu'il faisait mais aucune autre alternative ne s'offrait à lui. Dès qu'il sortit il ferma la porte d'entrée à clé et mit les deux clés, la sienne et celle de sa femme, dans la poche.

Quand Olga entendit le ronflement du moteur de son mari, elle se leva et prit sa valise. Elle y mit ses vêtements et prépara aussi le sac de son fils. Son cœur était lourd mais elle se devait de partir. Laisser le temps faire les choses. Arrivée à la porte d'entrée elle remarqua qu'elle était bloquée. Noah l'avait sûrement fermée.

-Donc je vais encore monter toutes ces marches là, se dit-elle en pensant que sa clé était toujours dans la chambre.

Elle avait mis son fils au dos. Et le poids lui donnait des douleurs à la hanche. Elle monta paresseusement les escaliers et dès qu'elle arriva sur le palier, elle respira bruyamment. Elle ouvrit la porte de la chambre et regarda derrière, pas de clés. Elle regarda sur sa table de maquillage, rien. Dans la salle de bains non plus.

-Où ai-je bien pu la mettre ?

Elle descendit voir à l'intérieur de son sac à main. Pas de clés. Elle réfléchissait à où elle aurait bien la mettre quand une évidence surgit dans sa tête. C'était Noah.

-Le salaud.

COMPLEXESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant