13. Comme le vent

416 40 44
                                    

"Nami-chérie, voici le gâteau moelleux aux figues, au miel et aux amandes dont je t'ai parlé ce matin !

- Déjà ?

- La recette est très simple, je n'ai pas eu grand-chose à faire !"

Installée sur son transat pour profiter des quelques rayons de soleil du matin filtrant au milieu des nuages, la navigatrice déposa son livre sur ses genoux puis se pencha vers le plateau du cuisinier pour choisir une part. De l'autre côté de la petite table dressée sur le pont, Robin se vit également offrir une petite assiette et Nami se redressa comme elle croquait dans le gâteau fondant.

"C'est incroyable comme la variété de miel fait toute la différence, nota-t-elle avec émerveillement.

- Le goût est bien plus prononcé que celui de la dernière fois, approuva l'archéologue après avoir goûté à son tour.

- Le miel de bourdaine est beaucoup plus fruité que celui d'arbousier mais je voulais jouer sur les contrastes grâce au sucre naturellement présent dans les figues !

- Ma foi, c'est tout aussi délicieux", se délecta la rousse tandis que le cuisinier tourbillonnait de bonheur autour d'elle.

Sanji déposa ensuite deux tasses de thé parfumées à la menthe aux filles avant que son capitaine ne débarque la langue pendante, attiré par la bonne odeur.

"Hé, Sanji, j'en veux ! »

Le blond lui tendit une assiette et Luffy aspira littéralement son contenu en quelques secondes. Secouant la tête, son cuisinier entreprit alors de distribuer leurs parts au reste de ses compagnons qui s'étaient rassemblés autour d'eux. Il leur proposa également une tasse de thé en accompagnement et bientôt, chacun s'assit sur le pont pour déguster son encas avec gourmandise. Le temps se dégradait au fur et à mesure des heures et Nami avait prévu de la pluie d'ici la fin de la journée mais en attendant, tout le monde profitait au maximum de l'air encore agréable de l'extérieur.

Occupé à soulever ses haltères du côté du mât, Zoro ne fit même pas mine d'approcher. Depuis des jours qu'ils avaient quitté l'île des fleurs, il n'en pouvait plus de sentir l'odeur du miel sous toutes ses formes et il estimait qu'il avait déjà fait un effort conséquent pour avaler sans trop rechigner la plupart des plats qui lui étaient servis. Même si Sanji faisait attention à varier ses préparations, le sucre l'emportait dans la majorité des cas et le sabreur en avait marre de ravaler sa colère en même temps que ses repas. En effet, le blond semblait reparti pour gâter ses amis plus que de raison, l'équipage se laissant acheter par les friandises qu'il était capable de produire avec ses nouveaux ingrédients.

Le bretteur fronça les sourcils tandis qu'il gardait les yeux rivés vers la mer pour conserver sa concentration, occultant les rires et les conversations joyeuses à quelques pas de lui. Sanji avait beau redoubler de prudence et ne plus noyer ses compagnons sous la nourriture comme il avait pu le faire, l'escrimeur ne pouvait s'empêcher de remarquer que sa fébrilité n'avait en rien diminué. Le blond tentait de demeurer discret et de dissimuler son impatience et son effervescence sous un apparent détachement mais lorsqu'il leur apportait leurs encas, Zoro sentait la nervosité marquer chacun de ses pas et en cuisine pendant que l'équipage se régalait, ses mains se baladaient toujours nerveusement sur le plan de travail comme pour mieux s'empêcher de commencer une nouvelle préparation.

Zoro grinça des dents, les yeux toujours fixés sur le large. Malgré ce que le cuisinier pouvait penser, son manège était visible à des kilomètres à la ronde et le sabreur sentait la fureur prendre le pas sur lui. Sanji n'avait rien compris et pire encore, il abusait maintenant sciemment l'équipage pour tenter de faire croire qu'il allait mieux. Jusqu'où ce crétin irait-il pour nier ce qui le rongeait vraiment ? Son attitude aussi lâche que méprisable lui retournait l'estomac au moins autant que cette odeur de miel chaud écœurant.

A l'ombre de nos cœursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant