43. La chaleur

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Sanji s'assit doucement auprès du sabreur. Malgré le ciel encore bleu, l'air était glacé et il s'emmitoufla davantage dans son manteau. Le Sunny était entré dans la zone climatique de leur prochaine destination le matin même et l'air se refroidissait rapidement. Nami prévoyait un temps hivernal et tout le monde avait sorti ses affaires en conséquence. Luffy et Chopper trépignaient à l'idée de profiter de la neige et ils avaient passé un bon moment à scruter le ciel qui demeurait pour l'instant remarquablement clair. Au fil des heures, les températures avaient encore chuté et la plupart des pirates au chapeau de paille s'étaient retirés à l'intérieur. C'était sans compter sur le bretteur qui ne semblait pas souffrir du froid et qui s'était installé sur l'herbe verte comme à l'accoutumée. Zoro examinait son sabre au fourreau mauve avec concentration et le cuisinier observa son compagnon à son tour quelques instants.

Depuis qu'ils s'étaient affrontés deux jours plus tôt, une certaine quiétude entourait désormais leurs interactions. Leur complicité avait instantanément réapparu et leurs échanges suivants étaient devenus plus authentiques et plus rudes, à l'image de leurs anciennes habitudes. Cette façon de communiquer leur ressemblait davantage et dans la foulée, elle avait tranquillisé le cuisinier. Sa relation avec Zoro n'était pas totalement fichue et il pouvait au moins compter sur cet aspect qui n'appartenait qu'à eux.

Malgré son appréhension initiale, Sanji se souvenait de la vitesse à laquelle l'adrénaline de l'action l'avait emportée et il avait apprécié chaque seconde de leur combat jusqu'à oublier l'heure de préparation du repas où l'attendait pourtant Robin. Pour la première fois depuis des semaines, le cuisinier n'avait pas vu le temps passer et se vider l'esprit ne lui avait jamais paru aussi simple. Il avait craint un instant que Chopper ne désapprouve sa nouvelle méthode mais le petit renne n'avait rien dit. Au contraire, l'atmosphère parmi l'équipage n'avait pas été aussi légère depuis leur départ de Wano et Sanji avait compris que ses compagnons avaient senti la tension s'envoler eux aussi.

C'est pourquoi en cette fin d'après-midi, le blond n'avait pas hésité longtemps avant de retrouver le sabreur sur le pont. Ils n'avaient pas échangé de nouveaux coups et le cuisinier doutait que l'humeur soit propice à un entraînement physique. Pour autant, sa sérénité était telle qu'il se sentait le droit de rechercher sa compagnie comme autrefois.

A quelques centimètres de lui, le bretteur ne semblait pas non plus gêné par sa présence mais le temps passant sans qu'il n'ouvre la bouche, Sanji se résolut à faire le premier pas. Après tout, Zoro n'avait jamais été un grand bavard.

"Est-ce que Shusui ne te manque pas ?"

L'escrimeur garda le regard fixé sur la lame dans sa main.

"J'aurais été heureux de la conserver, c'est une excellente épée, mais elle est restée difficile à manier, répondit-il honnêtement. Pas tellement à cause de son poids car j'ai réussi à m'ajuster mais par rapport à son caractère. Je pense qu'elle est restée attachée à Ryuma même après sa mort. C'est avec lui qu'elle est devenue une lame noire alors je me suis dit qu'elle serait davantage à sa place dans son pays.

- Mais pas Enma ?"

L'épéiste secoua la tête.

"Enma a soif d'aventures, je pense que c'est pour ça qu'elle répondait aussi bien à Oden. Tous deux partageaient un appétit démesuré en défis.

- Elle sera aussi heureuse avec toi dans ce cas, lui fit remarquer le cuisinier. Devenir le sabre du meilleur épéiste du monde, c'est une ambition qui doit lui convenir.

- J'y compte bien. Elle est un challenge permanent, je n'aurais pas le droit à l'erreur.

- Elle absorbe toujours autant ton Haki ?

A l'ombre de nos cœursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant