15. Défaillance

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"Tu as une idée de ce que c'est ? Je n'ai jamais ressenti ça avant..."

Assis sur le lit de l'infirmerie, Sanji suivait des yeux le petit renne qui examinait sa potion depuis son tabouret à son bureau.

Le blond avait commencé à se poser des questions deux jours plus tôt lorsqu'il avait laissé le thé destiné à l'archéologue trop infusé. Occupé à ranger sa cuisine à cet instant, il s'était rendu compte près de dix minutes plus tard que le liquide dans la tasse était devenu presque rouge alors que Robin appréciait le goût subtil du thé à peine coloré. D'habitude, il se fiait à la senteur délicate de la rose qui se répandait dans la pièce pour l'avertir mais cette fois, il n'avait rien remarqué. Sur le coup, il n'y avait pas trop fait attention, se maudissant pour son étourderie, et il avait remis de l'eau à chauffer.

Le lendemain, il avait demandé à Nami si les mandariniers n'étaient pas malades comme elle lui avait apporté plusieurs fruits pour son prochain dessert. La navigatrice avait froncé les sourcils et avait examiné les mandarines avec attention avant de secouer la tête, étonnée. Sanji avait alors dévisagé les fruits avant de les porter à son nez. Il sentait à peine leur parfum d'habitude si caractéristique et il aurait pu croire que les fruits sortaient d'un étal quelconque où les mandarines avaient mûri dans la cale d'un bateau plutôt qu'au soleil, leur faisant perdre toutes leurs saveurs. Cependant, devant l'air interrogateur de la rousse, il l'avait rassuré d'un grand sourire, lui certifiant qu'il avait simplement passé trop de temps penché au-dessus de ses épices, ce qui était vrai, et que de ce fait, il ne sentait rien d'autre. Il avait servi une mousse au chocolat et aux mandarines pour le déjeuner et tout le monde s'était régalé.

C'était ce matin, au moment où il avait constaté qu'il repérait tout juste le curry dans la préparation de son navarin d'agneau, qu'il avait réalisé que son odorat ne fonctionnait pas correctement. Il n'avait alors pas attendu longtemps pour retrouver le petit renne en début d'après-midi et lui faire part du problème.

"Tu n'as aucun autre symptôme et tous tes examens sont bons, affirma le médecin de bord en se tournant vers lui. Il s'agit sans doute d'un virus qui a fait gonfler tes muqueuses, c'est assez banal. Tu n'as pas le nez bouché ?

- Non, je ne crois pas. Tu penses que ça passera vite ? C'est assez embêtant pour la cuisine..."

Chopper sauta de son tabouret et attrapa son stéthoscope pour revenir vers son patient.

"C'est probablement l'affaire de quelques jours tout au plus, répondit-il après avoir écouté ses poumons. Tes voies respiratoires sont claires, il n'y a pas d'encombrement.

- C'est rassurant."

Sanji reboutonna sa chemise, soulagé.

"Je peux te donner du sérum physiologique pour nettoyer ton nez mais si tu ne ressens pas de gêne, ce n'est pas forcément utile, continua le renne en attrapant un flacon dans son armoire avant de le lui proposer.

- Non, ça ira. Je ferai attention d'ici là, il faudra juste que je me fie un peu moins à mon nez quand je cuisine. Merci, Chopper."

Le médecin hocha la tête et le blond sortit de l'infirmerie pour retrouver son antre. Ce symptôme était un peu étrange mais le petit renne n'était pas inquiet quant à son évolution et Sanji lui faisait entièrement confiance.

A nouveau serein, le cuisinier passa en revue l'état de ses placards et du frigo pour le prochain repas de l'équipage. Il se sentait de bonne humeur et se décida finalement pour une raclette. Il n'aurait pas besoin de beaucoup de préparation mais ses amis adoraient se retrouver et observer le fromage fondre lentement sous leurs yeux avant de pouvoir le déguster et si Sanji vivait pour cuisiner, il appréciait au moins autant être témoin du bonheur des gens qu'il aimait.

A l'ombre de nos cœursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant