45. Sous le vent

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Sanji recula promptement mais la lame acérée effleura tout de même la pointe de ses cheveux. L'aura de Haki qui l'enveloppait l'atteignit alors et le blond avala sa salive. Ce sabre était redoutable. Ou plutôt, Zoro en possession de ce sabre était redoutable. Le cuisinier connaissait le Haki de l'escrimeur et sa force mais à travers cette épée, sa puissance était décuplée. Enma aspirait le Haki de son propriétaire, l'obligeant à puiser dans ses forces, et il était depuis longtemps de notoriété publique que Zoro n'en manquait pas. Enma l'obligeait néanmoins à se dépasser davantage encore et c'est pourquoi le sabreur était si dangereux avec sa nouvelle lame. Le Haki qui se dégageait d'eux était phénoménal et le cuisinier ne se rappelait plus de la dernière fois où il avait affronté le bretteur comme au temps de leur rivalité au début de leurs aventures. A cet instant, il avait l'impression de le redécouvrir.

Sanji lui-même savait que sa puissance n'avait plus rien à voir avec cette époque et il se félicita sincèrement de pouvoir tenir tête à l'épéiste tandis qu'il repoussait son sabre avec son pied gauche tout en virevoltant pour contrer l'attaque suivante. Il n'était pas au meilleur de sa forme mais il pouvait dire que Zoro ne retenait pas ses coups et il parvenait à suivre la cadence. Le blond sentait malgré tout qu'il reculait un peu plus souvent qu'à l'accoutumée et les lames de son rival l'avaient frôlé plus souvent que de raison depuis qu'ils avaient engagé le combat quelques minutes plus tôt.

Le cuisinier se concentra de plus belle comme Zoro tournoyait maintenant à toute vitesse dans sa direction, deux de ses lames brandies devant lui. Cette attaque serait dévastatrice et il n'avait pas le droit à l'erreur. Le blond était pourtant conscient qu'il n'était pas censé risquer sa vie lorsqu'il se battait contre son compagnon. Après tout, ils faisaient partie du même équipage. Néanmoins, l'intensité des coups qu'ils échangeaient avait toujours été un moyen d'évaluer leurs puissances respectives et cet entraînement particulier n'avait jamais été à prendre à la légère entre eux. Comme chacun de leur affrontement contre des adversaires bien réels, ils pouvaient s'avérer mortels. A ce niveau d'intensité, un faux pas pouvait devenir l'équivalent d'une sentence immédiate et aucun d'eux ne l'oubliait.

Ce soir ne faisait pas exception et lorsque Zoro abattait ses épées devant lui, il était certain que le blond parerait son coup. Et il ne se trompait pas comme Sanji repoussa violemment l'une des lames avant d'esquiver la seconde en se baissant avec souplesse. Le bretteur réveillait l'instinct de son compagnon et le concerné en était le premier surpris quand ses réflexes déviaient un sabre puis un autre avant de répliquer férocement.

Zoro lui rendait une part de confiance de la meilleure des manières et le cuisinier lui en était profondément reconnaissant. Par la même occasion, il lui montrait également qu'il le considérait toujours comme digne d'être son égal et qu'il comptait aussi sur lui comme autrefois sur le champ de bataille.

Sanji se sentait ainsi pousser des ailes. Cette constatation lui permettait de respirer plus librement qu'il n'avait fait depuis des semaines malgré son essoufflement réel tandis qu'il tournoyait encore avant de bondir à nouveau pour tenter d'atteindre l'escrimeur à la tête. Face à lui, ce dernier haletait également et Sanji observa la sueur qui perlait à son front. L'air de la nuit était plutôt doux à présent malgré le ciel couvert, le Sunny ayant quitté la zone de l'île hivernale depuis quelques jours.

Zoro et lui s'étaient retrouvés sur le pont peu après la fin du dîner et aucune parole n'avait été nécessaire, leurs intentions suffisamment claires pour se passer de mots. Aussitôt, les coups avaient fusé et si Luffy s'était contenté d'en rire, Franky les avait sérieusement menacés pour qu'ils n'endommagent pas son bateau quand Usopp les avait littéralement suppliés de ne pas les faire couler. Sanji pouvait comprendre ses deux amis. Il était évident que s'ils n'y prêtaient pas garde, le Sunny pourrait souffrir de sérieux dommages et c'était bien la seule chose qui tempérait un peu leurs ardeurs. A cette pensée d'ailleurs, le blond ne pouvait s'empêcher de frissonner en imaginant le jour où il affronterait Zoro sur la terre ferme. A cet instant, il n'y aurait plus aucune limite et l'excitation pulsait déjà dans ses veines en anticipation.

A l'ombre de nos cœursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant