49. Entre ses bras

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Sanji avançait lentement au milieu de la pluie battante. Il ne la sentait pas. Alors qu'il apercevait les contours flous du Sunny à cause de l'averse, il ne savait pas non plus combien de temps s'était écoulé depuis qu'il était parti. Il constata simplement qu'il faisait désormais nuit. Il ne fit que quelques pas supplémentaires sur la jetée détrempée lorsqu'une silhouette lui barra brutalement la route.

"Putain de merde mais où t'étais passé ?!"

Sanji releva mécaniquement les yeux pour rencontrer le visage furieux du sabreur à quelques centimètres du sien. Son unique œil encore valide brillait de fureur et il observa les gouttes de pluie ruisseler sur sa peau. Bientôt, le haramaki du bretteur fut aussi trempé que ses propres vêtements et Zoro lui agrippa brutalement le bras.

"Qu'est-ce qui t'a pris de disparaître comme ça ?! Pourquoi tu nous as pas prévenu ?! T'as une idée de l'état dans lequel Chopper s'est mis quand l'heure du dîner est arrivée et que t'étais toujours pas rentré ?!"

Comme le cuisinier ne réagissait pas, l'épéiste le secoua de plus belle.

"Tu te rends compte de ce qu'il a imaginé ?! Ça fait des heures qu'on te cherche partout ! Bon sang, mais qu'est-ce qui t'a pris ?!

- J'ai découvert un centre à l'abandon", répondit finalement le blond.

Zoro s'immobilisa pour le dévisager à travers le rideau de pluie.

"Quoi ?!

- C'était probablement leur base principale. Ils ont laissé beaucoup de notes sur les résultats de leurs expériences. Ils ont fait des avancées décisives.

- Des avancées décisives ?

- Oui."

Le bretteur prit sur lui afin de faire refluer sa colère. Il observa ensuite attentivement son compagnon d'équipage, prenant soudain conscience de son immobilisme et de son manque de réaction. Sanji était trempé jusqu'aux os et sa mèche de cheveux habituellement plaquée devant son œil droit ne le cachait presque plus mais il ne semblait même pas y prêter attention.

"Il est arrivé quelque chose ?

- Non, le détrompa pourtant le cuisinier.

- Qu'est-ce que t'as fait pendant tout ce temps ?

- J'ai trouvé ce journal de bord dans une des pièces du laboratoire.

- Qu'est-ce qu'il racontait ?

- Beaucoup de choses. Des descriptions sur les conditions de vie en apesanteur et dans des milieux hostiles. Des observations sur la façon dont les sujets répondent dans ce genre d'environnement. Des essais avec des matériaux et des tenues."

Zoro fronça les sourcils.

"Des essais sur des êtres humains ?

- Bien sûr. Il faut toujours des pionniers pour les expérimentations en conditions réelles. Elles sont nécessaires pour en tirer des conclusions solides et les étendre à des applications plus larges.

- Des pionniers volontaires ?"

Le sabreur commençait à avoir une idée du problème et comme pour lui confirmer ses soupçons, il vit pour la première fois le cuisinier avoir une seconde d'hésitation.

"Qu-Qu'importe. La science a besoin de sacrifices pour avancer..."

A ces mots, l'épéiste attrapa les épaules du blond pour plonger son regard dans le sien par-delà le torrent de pluie qui les séparait.

A l'ombre de nos cœursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant