61. Perception

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Merci à Utakaki et Mamasamamousse pour vos commentaires.

Bonne lecture.

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"Sanji!"

Le blond sursauta violemment et ouvrit les yeux, brutalement ramené à la réalité. Il se redressa sur ses avants bras, affolé. Dans sa poitrine, son cœur battait à tout rompre et il reprit maladroitement une grande goulée d'air dans l'espoir d'y voir plus clair. Une sensation de froid, de solitude et d'effroi intense l'enserrait affreusement et il frémit des pieds à la tête.

Désorienté, le cuisinier mit quelques secondes à reconnaître le visage assombri du sabreur au-dessus de lui et à prendre conscience de sa main sur son épaule. Sanji sentit alors la terreur reculer mais son corps tremblait toujours malgré la température clémente de la salle d'observation. Dehors, la nuit était encore noire et il finit par se laisser retomber sur le tapis d'entraînement sur lequel lui et Zoro s'étaient endormis quelques heures plus tôt.

"Un nouveau cauchemar ?"

Le blond hocha la tête, cherchant seulement à récupérer un peu ses esprits tandis que la main de l'escrimeur quittait son épaule. Sanji poussa un long soupir. Il avait dû tellement bouger et s'agiter qu'il avait réveillé Zoro. Son sommeil était plus tranquille ces derniers temps mais ses angoisses n'avaient pas entièrement disparu et la nuit était propice à leur retour. Chopper lui avait dit que les cauchemars ne cesseraient peut-être jamais totalement, le souvenir de sa souffrance gravée dans son corps comme dans sa tête. Sanji espérait néanmoins que leur fréquence diminuerait au fil du temps même si visiblement, il n'en était pas encore là.

"C'est par rapport à ce que Chopper a dit hier soir ?

- Je ne sais pas..."

Sanji se rassit lentement et passa une main sur son visage. Le petit renne avait eu une longue conversation avec son ami après le dîner. Le blond n'avait récupéré ni son goût ni son odorat depuis près de trois jours maintenant alors que le médecin avait confirmé l'élimination totale des bactéries de son corps. Il n'y avait à cela que deux explications. Soit les bactéries avaient eu des conséquences que Chopper n'avait pas repérées, soit le blocage se situait autre part. Après deux jours de tests, le petit renne en était arrivé à la conclusion que cette fois, c'était l'esprit du cuisinier qui bloquait ses récepteurs, aucune autre atteinte physique n'étant visible.

Sanji avait accusé le coup, à la fois soulagé et frustré mais pas si étonné. Malgré son assurance et sa confiance retrouvées, il avait rapidement perçu que quelque chose lui échappait encore, sa culpabilité n'ayant pas disparu. Il en avait même fait part à Franky au début de son traitement et Sanji n'avait désormais plus de doute quant au fait qu'il s'agissait d'un élément capital. Le cyborg lui avait dit de prendre le temps au vu des pressions qu'il subissait déjà mais le blond savait désormais qu'il devrait s'y confronter pour dépasser ce nouvel obstacle.

Le cuisinier comprenait le mécanisme mais il ne parvenait pas à en découvrir la raison. Son esprit était en train de le punir d'une faute dont il n'avait pas conscience, exactement comme lorsqu'il avait voulu se faire du mal en pensant aider ses amis. Un nœud subsistait et tant qu'il ne serait pas parvenu à décrypter les signaux que son esprit lui envoyait, son corps continuerait d'en payer le prix car Franky le lui avait également fait remarquer, il n'avait probablement pas décidé s'il méritait ou non que la punition cesse. Et sa faute, au moins à ses yeux, devait être terrible si la punition consistait à l'empêcher de pouvoir cuisiner.

Était-ce simplement le fait de se pardonner les erreurs qu'il avait commises ou le poids de sa reconnaissance éternelle envers Luffy et Zeff ? Il aurait été tenté de le croire il y a quelques jours encore mais les derniers événements lui avaient permis de faire évoluer sa perception à ce sujet. Il était maintenant intimement persuadé que le meilleur moyen pour se racheter et payer sa dette était de vivre son rêve afin d'aider Luffy à atteindre son objectif et pour permettre à Zeff de vivre le sien à travers lui. La culpabilité qu'il ressentait n'était donc plus liée à cet élément, ou au moins plus autant.

A l'ombre de nos cœursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant