- Je peux ouvrir les yeux ?
- Non, c'est une surprise.
Pour toute réponse, je garde les yeux fermés en ronchonnant. Nous nous sommes levés à l'aube ce matin et Kaled a eu la merveilleuse idée de vouloir m'emmener quelque part pour une soi-disante surprise. Je n'aime pas les surprises, je n'ai jamais aimé ça. Mais bon, il faut bien que j'y mette du mien !
Nous sommes en mai. Nous fêtons les un an de la sélection et mon temps passé aux côtés de Kaled me rend un peu plus épanouie chaque jour. Bien sûr, nous avons des sujets de discorde, surtout en matière de décoration, il faut se l'avouer. Mais le reste du temps, il se comporte en parfait gentleman !
- Tu peux rouvrir les yeux.
J'obtempère et ne peut cacher ma surprise devant le paysage face à moi. La mer. Avec du sable, une étendue de sable et au loin, il y a la mer.
- Comme tu m'as dit que tu n'avais jamais vu la mer, je me suis dit que ça te plairait.
Je lève les yeux vers lui et lui saute dans les bras. Il étouffe un grognement en me tenant fermement contre lui. J'en profite pour humer son parfum, le temps de calmer les larmes qui me montent aux yeux. J'en ai rêvé. Ma mère me parlait de cette vaste étendue d'eau comme une chance à admirer pour n'importe qui et cela me berçait toujours de rêves et d'idées. Mais aujourd'hui, la voir en vrai, c'est incroyable.
Ça peut paraître idiot. Qui de nos jours n'a jamais vu la mer ? Mais moi, je n'ai jamais quitté mon petit village, les seules étendues que j'ai vues étaient faites de champs et d'herbe.
- Tu pleures ?
- Pas du tout.
Je recule en reniflant. Kaled me fixe avec un grand sourire, et du bout des doigts, il vient essuyer une larme sur ma joue.
- Menteuse.
- Je ne pleure pas. Je transpire des yeux, ce n'est pas la même chose.
Puis je lui tire la langue en m'éloignant de lui. En dévalant les dunes, je retire mes chaussures au passage que je jette ici et là, et cours m'enfoncer dans le sol. Quand mes pieds entrent en contact avec la sable, un sentiment d'euphorie me saisit. Les vagues se jettent au loin, et ça m'émerveille comme une gamine de cinq ans.
Je pique un sprint jusqu'à ce que mes orteils rencontrent l'eau glacée. Au loin, l'eau s'étend. Le monde est vaste, une immensité de terres et d'eau, et aujourd'hui, la seule chose qui compte, c'est lui. Parce que malgré les épreuves que nous avons traversé, au-delà de nos erreurs et de ces mensonges entre nous, nous avons appris à aimer ensemble. Kaled m'a appris à m'aimer moi et mes imperfections avant d'aimer quelqu'un d'autre.
N'est-ce pas ça, la clé du bonheur ? S'aimer soi avant d'aimer l'autre ? Comment pourrait-on apprendre à aimer et faire confiance en quelqu'un quand on ne croit pas en nous-même ?
Kaled a été ma délivrance. Il aura été un tout dans ce monde. Mon cœur vibre pour lui à chaque battement, à chaque seconde qui s'écoule et qui me rapproche un peu plus de la fin, mon amour pour lui ne cesse de grandir et de s'épanouir.
Ses bras se refermant autour de ma taille me ramènent à la réalité. Il pose son menton sur le haut de ma tête, et murmure :
- À quoi penses-tu ?
- À rien de spécial. Merci pour ça, c'est vraiment incroyable.
Et dire qu'initialement, je ne désirais pas m'inscrire à cette sélection. Comme quoi, le hasard fait bien les choses. Je suis restée butée sur un ancien amour inexistant et des préjugés. S'ouvrir aux autres permet d'apprendre à voir la vie d'une autre manière. Je me suis ouverte à Kaled, et j'ai vu cette sélection d'un autre œil.
Ses mains glissent dans mon dos et il se décale, dos à la mer, moi contre lui. Je me blottis contre son torse, savoure l'instant présent. Il n'y a pas de retour en arrière. Il n'y a que nous, notre amour, et le futur devant nous.
Je lève la tête et ses lèvres rencontrent les miennes. Sa main saisit mon visage, il accentue son baiser et mon cœur chavire à chaque frôlement entre nos deux corps. Nous sommes insatiables. Je me hisse sur la pointe des pieds pour avoir un meilleur accès et sa langue caresse doucement la mienne. Son autre main descend, m'agrippe par la taille et les battements dans ma poitrine sont plus intenses.
Mon ventre se tord de désir pour lui, tous mes sens sont aux aguets. Bientôt, les choses s'intensifient. Ses mains se font plus baladeuses, ses baisers plus poussés. Je me force à me détacher de ses lèvres pour chuchoter :
- Nous sommes sur une plage, Votre Altesse. Un peu de retenue.
- Avec toi, c'est quasiment impossible de se retenir.
Et il descend dans mon cou pour y semer des dizaines de baisers. Mon souffle s'accélère, mes mains deviennent moites. Je suis au bord de l'explosion.
- C'est totalement faux.
- Rappelle-moi qui en redemandait hier ?
Mes joues se mettent à rougir automatiquement et je le sens sourire contre mon cou.
- Je...
- Chut, Sarah.
- Mais...
Et il mordille ma peau pour me faire taire. Il a le don de m'agacer !
Après une séance de baisers interminables, je finis par m'écarter de lui pour reprendre mon souffle. Mais il m'attire contre lui de nouveau, me serrant si fort que j'en ai trop chaud.
- J'étouffe, Votre Altesse. Ah, Seigneur, la faucheuse est venue me chercher.
Je l'entends rire avant qu'il me relâche un peu, déposant un baiser sur mon front. Nous restons de longues minutes ainsi, dans les bras l'un de l'autre.
Derrière lui, la mer se dessine toujours.
- Je n'imagine pas une vie sans toi, Sarah.
- Je sais, je suis incroyable.
- Attention à tes chevilles, elles risquent d'enfler. On a de la crème apaisante à la maison, si tu veux.
Je lui donne une petite tape en riant. À la maison. Cela me rend tellement heureuse de l'entendre prononcer ces mots. Je crois que je ne cesserai jamais d'être heureuse à ses côtés.
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𝐏𝐫𝐢𝐧𝐜𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐒𝐚𝐫𝐚𝐡
Romance« Elles seront vingt femmes à devoir se battre pour le cœur du prince. Vingt femmes que tout opposera et qui auront pour seul et unique but : décrocher le titre de princesse. » Dans le royaume d'Aragona, l'amour ne se choisit pas. Il doit être déci...