Chapitre 52 √

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Bon.

En théorie, s'il s'aperçoit que je suis au fin fond de sa piscine, il devrait venir me sauver, comme dans les films. Il plongerait et me prendrait doucement par le bras pour me tirer d'où je suis puis il m'embrasserait quand nous remonterions à la surface.

Alors il me sauve effectivement car je le vois plonger. Mais au lieu de me prendre doucement le bras, il me tire comme si j'étais une serpillière et nous remontons ainsi à la surface. Mais il ne m'embrasse pas. Il me crie littéralement dessus.

- Mais ça va pas la tête ! Qu'est-ce qui t'a pris de sauter si tu ne sais pas nager ?

Je l'ignore et cherche le bord du regard. J'ai de l'eau dans les poumons et je n'ai absolument pas envie de me disputer avec lui.

J'essaie d'avancer vers le bord mais c'est peine perdue. Je me retourne donc et soupire. Il me fixe comme si j'étais une attardée mentale, comme si je ne valais rien.

Je ne veux pas qu'il me fixe comme tous les autres. Je m'approche donc de lui comme je peux et me blottis dans ses bras sans son accord.

Idiote. Cet homme mérite ta colère.

Il hésite quelques secondes puis il finit par refermer ses bras autour de moi et pose son menton sur ma tête.

- Ne me refais plus jamais ça.

- Je suis désolée, Kaled.

Ses muscles se contractent un court instant et je relève la tête.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Tu m'as appelé par mon prénom.

- Et alors ?

- J'ai une idée. Je vais t'apprendre à nager.

Il me fait signe de rejoindre le bord mais je secoue la tête.

- Je n'enlèverai pas mes vêtements. Je n'ai pas de maillot de bain.

- Et alors ?

- Je ne vais pas rester en sous-vêtements devant vous.

- Bon. Allez, viens.

Il me tire par le bras en nageant jusqu'au bord puis je pousse un petit soupir.

- Je suis obligée ?

- Si tu veux te faire pardonner, oui.

Je lève les yeux au ciel en sortant de la piscine, m'appuyant sur mes frêles bras. Kaled m'aide en me soutenant par la taille. J'arrive ainsi sur le bord et me redresse. J'enlève rapidement mon t-shirt qui me colle à la peau, restant ainsi en soutien-gorge. Heureusement que j'ai opté pour du noir, sans dentelle. Sous son regard, je fais glisser mon jeans le long de mes jambes.

- Pouvez-vous arrêter de me regarder, Votre Altesse ?

Il sourit de toutes ses dents en s'accoudant au bord, la tête penchée posée sur ses bras. Son regard se promène le long de mon corps, me faisant rater un battement de cœur encore une fois. Je rougis comme une imbécile en posant mon jean par terre.

Je reviens jusqu'au bord puis m'assois, les jambes dans l'eau. Alors que je m'apprête à dire quelque chose, il me coupe :

- Tu es magnifique, Sarah.

Je n'ose relever les yeux, terrifiée.

- Arrête.

- Je n'ai pas le droit de te regarder, pas le droit de dire que tu es magnifique... Que suis-je censé faire ?

- Tu es fiancé. Bientôt marié. Et avec ma sœur plus précisément alors...

- On s'en contre-fiche de ça ! Je suis le prince, je pourrais la faire renvoyer demain si je le souhaitais. Un mariage s'annule facilement.

- Mais...

- Il n'y a pas de mais ! Tu es partie, tu m'as laissé seul, le cœur en miettes. Je reconnais mes torts. Je n'aurais jamais dû garder Solenn. Mais si tu savais dans quel état j'étais... Tu es comme ma drogue, Sarah. Sans toi, plus rien n'existe, plus rien ne compte. Tu représentes beaucoup trop à mes yeux pour que je te laisse repartir chez toi avec ce... Aiden.

Je reste bouche bée et continue de secouer la tête. Il se moque de moi.

- Je ne peux pas.

Il soupire en se passant une main sur le visage. Alors qu'il détourne la tête, je l'observe avec attention. Ses cheveux bruns gouttent le long de sa nuque, la ligne de sa mâchoire est dessinée à la perfection et ses lèvres charnues sont humides.

Je me demande alors pourquoi moi. Pourquoi moi et pas une autre ? Je ne suis rien de plus qu'une simple fille, au caractère un peu trop fort et à l'attitude puérile.

- Kaled, pourquoi moi ?

- Ça ne s'explique pas. C'est toi que je veux et pas une autre. Juste toi.

- D'accord, très bien. Qu'est-ce qu'on en fait de Solenn dans ce cas ?

- J'annule le mariage. Tu viens vivre ici et nous vivons heureux pour le reste de notre vie.

- Tu crois que c'est aussi simple que cela ? Tu lui parleras et elle me détestera à vie.

- On s'en fiche. Si tu savais le nombre de gens qui me détestent, si je commence à vivre en fonction de ces personnes, je n'irai pas bien loin.

- Peu importe, tout ce que tu diras n'aura aucun impact sur elle. Elle s'en contre-fiche et veut juste me voir perdre.

Il soupire et reporte son attention sur la porte. Je me rends compte que je grelotte plus qu'autre chose et me redresse pour récupérer mes affaires.

Alors qu'il fronce les sourcils, je tourne la tête et découvre une Solenn furibonde. Et merde.

Ces leçons de natation devront attendre.

𝐏𝐫𝐢𝐧𝐜𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐒𝐚𝐫𝐚𝐡Où les histoires vivent. Découvrez maintenant