𝐏𝐫𝐢𝐧𝐜𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐒𝐚𝐫𝐚𝐡

Chapitre 41 √

Le prince se relève brusquement, les sourcils froncés.

- On peut savoir ce que vous fichez là ?

Solenn et Calista se jettent un regard et éclatent de rire en chœur.

- Nous nous sommes trompées d'endroit, Votre Altesse, intervient Solenn en clouant le bec à son amie qui voulait en placer une. Nous cherchions la bibliothèque.

- Je ne vous y ai pas donné accès pourtant, rétorque froidement le prince.

Ignorant le regard des deux pestes sur moi, j'effleure des doigts la main du prince, me rapprochant ainsi de lui. Elles sont là, tant mieux. Je vais enfin pouvoir en profiter pour les faire bisquer.

Le prince attrape mes doigts et les entremêle aux siens.

- Qu'attendez-vous ? rajoute-t-il fermement. Allez-vous-en.

Solenn et Calista ne se font pas prier et referment illico la porte derrière elles après un énième regard meurtrier de ma sœur.

- Tu deviens étrangement tactile quand elles sont dans les parages, murmure-t-il en caressant du pouce le dos de ma main.

Je hausse les épaules. Il a très bien cerné ce que j'étais en train de faire depuis le début.

- Tu es jalouse.

- Oui. Voilà. C'est dit. Vous êtes content ?

- Si cela prouve que tu ressens quelque chose pour moi, alors oui, je suis content.

Je dévie le regard et secoue la tête.

- Cela prouve juste que je n'ai pas encore confiance en vous ni en moi.

Il tire sur ma main pour approcher son visage du mien.

- Ces filles ne sont rien pour moi. C'est toi qui compte, Sarah.

- Ces filles me haïssent et vont me pourrir la vie pendant ce mois. Vous n'auriez peur-être pas dû me garder.

Je soupire en m'asseyant en tailleur.

- Il ne reste qu'un petit mois. Tu vas tenir.

- Et ensuite ? Qu'allons-nous faire, Votre Altesse ?

- Eh bien... J'ai un mariage à organiser.

- Vous me parlez mariage alors que je n'ai que dix-sept ans. J'ai une mère qui finit durement les fins du mois et une sœur prête à tout pour me faire vivre un enfer. Peut-être que je ne suis pas celle qu'il vous faut. Je sais à peine me tenir droite et j'arrive à peine à porter des robes ! J'ai beau éprouver des sentiments pour vous, ce monde n'est pas fait pour moi.

Je lâche la main du prince en me remettant debout.

- Alors tu ne veux pas y croire ? Tout ça parce que tu n'aimes pas les robes et que tu ne te tiens sois-disant pas droite ? Mais on s'en fiche de ça, Sarah. Ta mère pourra venir ici et ta pimbêche de sœur retournera chez vous.

- Ça ne marche pas comme ça, dis-je en riant mais d'un rire triste. Ça a toujours été ma mère, ma sœur et moi. Vous ne pouvez pas nous séparer comme vous le voulez. Laissez-tomber. Et puis, je suis jeune. Solenn a la majorité.

Le prince se lève lui aussi et me rejoint.

- Quand est ton anniversaire ?

- Le douze juillet mais...

Je m'arrête. Le douze juillet est bien avant le jour du mariage et c'est exactement dans huit jours. Je soupire et me tourne vers le prince qui me fixe, le regard plein d'espoir.