Chapitre 54 √

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Je rêve. Je rêve. Je rêve. Je rêve. Je...

C'est la phrase que je me répète depuis quelques secondes alors que mes yeux sont fixés sur le prince et Solenn en pleine discussion. Il rit, elle sourit. Elle lui touche le bras, s'approche lentement de lui et ça n'a pas l'air de le déranger.

Non mais c'est une blague ? Merde, alors !

Il y a à peine quelques heures il me disait à quel point il avait besoin de moi et là, il rigole avec ma sœur ? Mais c'est l'hôpital qui se fout de la charité, clairement.

J'ai été bien gentille de lui courir après, de faire le premier pas mais là, il y en a ras-le-bol. Et puis quoi encore ? Ils vont s'embrasser devant moi ?

Je n'aurais jamais dû revenir ici, dans ce palais. Je m'attire plus d'ennuis qu'autre chose et à priori, il ne semble pas très intéressé de ma venue. J'aurais dû rester avec Aiden, loin de ce prince et de tous ses mensonges !

Furibonde, je quitte le couloir et passe devant eux en soufflant fort. Mon regard croise celui du prince qui me fixe en souriant. Son sourire se fige un instant mais il ne dit rien. Solenn, elle, sourit de toutes ses dents et m'offre un clin d'œil.

Je n'en peux plus. Cela fait à peine quelques heures que je suis ici que j'en ai déjà marre. Je comprends pourquoi je suis partie il y a deux mois, pourquoi j'ai tout laissé tomber d'un coup. Le prince ne vaut plus la peine que je me batte pour lui. S'est-il déjà battu une seule fois pour moi ? Non. À chaque fois, il me séduisait, me rendait jalouse, puis nous nous disputions. Je n'ai pas envie d'une relation comme ça. Je veux une relation stable, sans prise de tête, sans pleurs, sans une vipère de sœur toujours sur mon dos pour me répéter que je ne suis rien.

Mais je n'aurai jamais cette relation. Je n'aurai jamais tout ce que j'ai toujours voulu. Les larmes me montent aux yeux alors que j'arrive à ma chambre.

Non. Je ne pleurerai pas aujourd'hui. Je ne peux pas. Plus pour lui, ni pour elle. Je vais m'en aller. Ce sera la meilleure chose possible.

Je me retourne une dernière fois, une part de moi espérant qu'il m'ait suivie. Mais non. Il ne m'a pas suivie. Il m'a laissée tomber. Il m'a laissée seule.

La rage au ventre et le cœur meurtri par la déception, je m'apprête à entrer dans ma chambre pour libérer toute la colère qui m'envahit quand une voix féminine surgit de nulle part :

- Mademoiselle ? Vous ne rejoignez pas la salle de réception ? Quelque chose ne va pas ?

Je me retourne sur Ariane qui semble inquiète.

- Si, ça va. Qu'y a-t-il à la salle de réception ? dis-je, la voix basse, lassée de ma vie.

- Eh bien, les invités sont arrivés !

Remarquant que je ne comprends toujours pas, elle rajoute en souriant :

- Les invités. La famille du prince voyons !

Et merde. J'avais complètement oublié ce détail. Oh, et puis tant pis. Je n'irai pas.

- Je ne me sens pas très bien.

- Mademoiselle, vous devez y aller. Le prince m'envoie pour venir vous chercher. Vous devez vous préparer, m'a-t-il dit.

Et c'est alors qu'une brillante idée apparaît dans mon esprit. Il veut que je vienne ? Très bien, j'arrive.

À ses risques et périls.

* * *

Je fixe mon reflet dans le miroir, ravie du résultat. Je n'ai jamais été aussi présentable de toute ma vie. J'arbore une grande robe rouge vif, cintrée à la taille, dévoilant un décolleté plongeant séduisant pour une princesse. Mes cheveux ont été attachés en une longue tresse qu'Ariane est venue nouer avec une broche. La robe a une fente et dévoile mes jambes bronzées.

Je suis éblouissante. Et j'espère qu'il le verra.

Je me regarde une dernière fois puis m'avance en-dehors de la chambre. J'ai passé dix minutes à m'habituer à mes talons qui me grandissent, à essayer de marcher correctement et le résultat est plutôt bon.

Je me tiens droite, j'ai l'air sûre de moi et c'est le principal j'imagine.

J'arrive à la salle de réception, un peu anxieuse et avance jusqu'à être assez éloignée des invités. Je soupire. Il faut que je mette mon plan à exécution. J'attrape une coupelle de champagne alors que mes yeux se promènent sur la famille du prince. À première vue, ils ont tous l'air de gens très imbus d'eux-mêmes.

Alors que je m'approche au centre de la pièce, mon regard croise celui du prince qui a les yeux posés sur moi, ou plutôt sur ma robe. Mon cœur s'emballe furieusement. Sa bouche s'ouvre, il me dévisage comme s'il me voyait pour la première fois. À son bras se tient l'autre pouffe qui est toujours impeccablement habillée.

Alors que je vais pour changer de direction, déconcentrée par le regard azur du prince, je percute quelqu'un sans faire attention et ma coupe se répand sur la chemise blanche de l'homme que j'ai percuté.

Et merde.

- Excusez-moi, dis-je avec un sourire crispé.

Je relève la tête et découvre un homme aussi beau qu'un dieu grec. Ses boucles blondes sont rejetées avec négligence sur sa nuque et ses yeux émeraude me fixent, d'abord furieux puis il change d'attitude en me voyant.

- Ce n'est rien. Un peu de champagne sur une chemise n'a jamais fait de mal à personne, vous savez !

Je souris. Mon plan ne devait pas se dérouler ainsi mais bon, peu importe.

- C'est tout à fait vrai, réponds-je en riant.

Mes joues rosissent légèrement involontairement et je me surprends à jeter un coup d'œil vers le prince. Son regard noir est porté vers moi et il a l'air furibond. Parfait.

Je pose ma main sur l'avant-bras de l'homme et lui souris.

- Je m'appelle Sarah, dis-je pour commencer une discussion.

- James. Enchanté de rencontrer une aussi jolie demoiselle...

Et alors que je m'apprête à lui sourire une énième fois, un bras puissant m'attrape au passage, me laissant scotchée.

Qui a autant de force pour me...

- Mon cher cousin, tu permets que je te vole Sarah quelques secondes ?

Il n'attend pas son autorisation et m'écarte loin du dieu grec. Les battements de mon cœur s'accélèrent tandis que sa main broie littéralement mon poignet. Je le fusille du regard alors qu'il me renvoie mon regard également.

J'ai l'impression que nous allons avoir une discussion plutôt sympathique.

𝐏𝐫𝐢𝐧𝐜𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐒𝐚𝐫𝐚𝐡Où les histoires vivent. Découvrez maintenant