Chapitre 33 √

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Il me jette un dernier regard avant de passer son bras autour de la taille de ma sœur qui jubile avec son petit sourire hypocrite.

- Tu t'en remettras, petite sœur, dit-elle d'une voix moqueuse.

Je suis plus préoccupée par son bras autour de sa taille et sa main qui repose au creux de sa hanche que par ses propos. Elle aura beau me dire que je ne suis qu'une moins que rien, à ce moment-là je m'en ficherai.

Mais là, j'ai la haine. Une pure haine profonde qui dévore mes tripes et j'ai clairement des envies de meurtres. Le prince s'apprête à s'en aller, ma sœur le suivant de près mais il est hors de question qu'il parte comme ça.

- C'était comment avec Aiden, Solenn ? Palpitant ? Ça te faisait plaisir de me le prendre, n'est-ce pas ? J'imagine même quand tu posais tes lèvres sur celles de mon petit copain avec ton sourire satisfait, ça te plaisait de me faire ça. Alors, c'était comment, Solenn ?

Le prince et ma vipère de sœur se retournent en même temps, l'un un peu confus et l'autre avec un regard de haine. Devinez quel regard appartient à qui.

- Comment oses-tu ? crache-t-elle.

Le prince porte son attention sur Solenn, le visage inexpressif. Bon sang, ne peut-il pas dévoiler ses émotions quand j'en ai le plus besoin ! Pourquoi refuse-t-il de les dévoiler ? Encore un mystère à résoudre.

- Alors, réponds à ma question, grande sœur.

Je vois dans son regard qu'elle ne se laissera pas démonter aussi facilement et elle rétorque :

- Tu devrais peut-être être en colère envers ton bien-aimé qui t'a trompée. Moi, je n'ai rien fait.

Ce qu'elle ne comprend pas, c'est que ça ne me sert à rien de l'accuser lui alors qu'il n'est pas là. En l'accusant elle, je peux peut-être regagner la confiance du prince que j'ai perdu en saccageant cette soit-disant bibliothèque.

- Qu'en pensez-vous, Votre Altesse Royale ? déclaré-je, redoutant le pire.

Il a l'air vraiment ennuyé de nos histoires de gamines et doit vraiment me trouver immature. Mais peu importe. J'ai sa confiance à regagner, et j'userai de tous les moyens possibles pour y arriver.

- Ce que j'en pense ? Tu veux vraiment savoir ce que j'en pense, Sarah ? dit-il en insistant sur mon prénom.

Je reste sceptique et hoche la tête. Qu'il dise ce qu'il à dire une bonne fois pour toute. Je l'observe attentivement. Sa poitrine se soulève rapidement et j'arrive à voir des gouttes de sueur perler sur son front. Il se l'essuie du revers de la main et son regard se porte de moi à ma sœur.

- Ne la croyez pas, Votre Altesse Royale, déclare Solenn. Elle ment.

À cet instant, je n'en ai que faire de ce qu'elle dit et mon regard reste scotché au prince. Quelque chose ne va pas. Il est nerveux, voire stressé. L'expression de son corps le trahit.

Et maintenant, il sait que je sais que quelque chose ne va pas. Il le sait car il passe sa main sur son menton dans un geste hésitant. Comment j'arrive à deviner tout ça ? Je l'ignore mais je n'ai jamais autant observé quelqu'un de toute ma vie.

Solenn continue de parler pour ne rien dire et nous l'ignorons tous les deux. Nous nous fixons, comme deux idiots. Je l'interroge du regard pour voir si tout va bien mais il détourne le sien et soupire.

Un garde s'approche alors du prince et lui intime quelque chose à l'oreille. Il ouvre lentement la bouche et je le vois déglutir. Il finit par hocher la tête et répond au garde. Je n'entends pas ses paroles, trop préoccupée par l'expression de son visage.

Il va mal. Et j'ai mal pour lui.

Je vais pour m'approcher de lui mais il me fait non de la tête et me tourne le dos après un dernier regard. Un regard pour me dire que tout va bien alors que je sais que non. Tout ne va pas bien.

Je reste plantée là, à l'observer passer la porte sans rien faire. Solenn, de son côté accourt vers le prince en criant :

- Et notre rendez-vous ?

Quelle imbécile ! Franchement, personne ne peut faire pire qu'elle. Elle pense plus à son rendez-vous débile et ne sait même pas reconnaître les signes. Mais bon, je ne peux pas lui en vouloir. Elle est née avec la beauté mais apparemment, il lui manque un cerveau.

Je retourne vers la table où mes amies sont en train de parler encore de ces souterrains je-ne-sais-où et ont même fait un plan où Neyla a schématisé une carte.

Elle s'est vraiment bien intégrée dans le groupe. Elle ressemble énormément à Diana dans sa façon d'être et Aubrey et Nadia, elles, sont tout le temps là à se raconter les dernières nouvelles.

On peut dire qu'elles forment des paires. Et puis il y a moi, qui suis entre les deux. Je m'entends bien avec tout le monde, ça a toujours été comme ça.

Quand nous étions petites, Solenn et moi étions appréciées de tous et de toutes. Bien évidemment, Solenn était toujours celle qui commandait et moi, j'obéissais. Enfin... Pas tout le temps.

- Où tu vas, Sarah ? crie Solenn en haussant les sourcils.

Son ballon dans les mains, Solenn me suit en s'interrogeant.

Elle me rattrape tandis que j'arpente les rues du village en avançant jusqu'à ma cible : Sam.

- Tu vas aller le voir ? dit Solenn en éclatant d'un rire moqueur.

- Je vais lui demander de jouer à la balle avec nous.

- Quoi ? Non ! Laisse-le. Il est bête, gros et laid. Pas question de jouer avec lui.

- Donne-moi la balle, Solenn.

Elle me fixe, l'air choquée.

- Non.

- Allez, Solenn. Donne-moi le ballon.

- Mais pourquoi ? On s'amusait bien et tu veux aller voit ce... gros débile.

Je lève les yeux au ciel et réplique en soupirant :

- C'est toi qui es plutôt débile à ne pas aller voir un garçon seul. Il a pas d'amis, c'est l'occasion parfaite pour lui créer une vie sociale ! m'enthousiasmé-je.

À priori, je suis la seule à être heureuse car Solenn me fixe, l'air dégoûtée. Elle me lance la balle et me suit en soupirant. Je m'approche de Sam et lui demande :

- Tu veux jouer avec nous ?

Sam relève la tête, les yeux plein d'espoir. Apparemment, on ne lui a pas demandé de jouer avec quelqu'un depuis un certain temps. Il hoche la tête en se relevant.

Solenn recule brusquement et fixe Sam avec une mine effaré.

- Pas question que je joue avec ce gros tas de graisse. Tu me déçois, Sarah. Je ne pensais pas que t'aimais jouer avec ce genre de personne.

Elle me tourne le dos après un petit sourire et remonte la rue du village pour rentrer à la maison. Je me tourne vers Sam qui fixe ma sœur, les larmes aux yeux.

- Si t'es venue pour te moquer de moi toi aussi, va-t-en.

- Je ne suis pas venue pour me moquer mais pour jouer avec toi. Solenn a beau avoir quatre ans de plus que moi, elle st bête comme ses pieds, ne l'écoute pas.

Il hoche la tête en plissant les yeux. Je lui souris et reprends :

- On se la fait cette partie ?

𝐏𝐫𝐢𝐧𝐜𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐒𝐚𝐫𝐚𝐡Où les histoires vivent. Découvrez maintenant