𝐏𝐫𝐢𝐧𝐜𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐒𝐚𝐫𝐚𝐡

Chapitre 38 √

SARAH

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- Sarah, arrête un peu de te prélasser au soleil, veux-tu ! Je viens d'apprendre une nouvelle qui va te faire sauter de joie.

J'ignore Neyla et son ton enjoué et profite encore plus des rayons, le sourire aux lèvres. Cette imbécile me retire mes lunettes de soleil et me tire par le bras pour m'éloigner de mon ami le soleil.

- Oh, Neyla ! Je suis en pleine séance bronzage, tu ne vois pas ?

- Tu es déjà assez bronzée comme ça. Le prince a fait une déclaration tout à l'heure. La sélection va se racourcir ! Son Altesse sait déjà avec quelle sélectionnée il veut se marier. Bref, ce soir, au lieu d'en éliminer quatre, il va devoir en éliminer treize ! Tu te rends compte ? C'est énorme. Il a annoncé choisi son épouse le mois prochain.

Je reste abasourdie face à ses propos. Vraiment ? Mais il ne peut faire ça. J'ai mes amies ici et dans les treize éliminées il y aura forcément l'une d'entre nous !

Nos amitiés avaient si bien évolué... pour finir par s'envoler. Nous habitons toutes dans un endroit différent du pays et ne nous reverrons donc pas de si tôt.

- Ce n'est pas possible...

- Et pourtant, si. Mais ce n'est pas ça le plus important. Les trois sélectionnées auront la possibilité d'inviter pendant le mois tout entier un de leurs proches ! C'est génial, ça ? Tu vas enfin pouvoir revoir ta mère !

- Et toi, alors ?

Son sourire joyeux s'estompe et elle déclare d'une voix triste :

- Je ne serai pas gardée, Sarah. J'ai à peine parler au prince depuis que je suis là et il n'a d'yeux que pour toi, ce qui n'est pas une mauvaise chose au final. Cet univers n'est pas pour moi.

- Je parie que cet idiot va préférer garder une de ces pimbêches qu'il a embrassé !

- Qui ça ? Ne nous dis pas que... Solenn ! interviennent deux fois familières en même temps.

Les deux jumelles, Diana et Nadia avancent vers nous, accompagnées d'Aubrey qui a la tête plongée dans son bouquin.

- Oui, il l'a embrassée. Et sous mes yeux.

- Il savait que tu étais là ? demande Diana.

- Non, mais... Peu importe, il n'avait pas à faire ça.

Je soupire en croisant les bras, renfrognée. Les jumelles s'assoient sur l'herbe, aux côtés d'Aubrey et Neyla.

- Alors, petite sœur, jalouse ?

Je me fige à l'entente de cette nouvelle voix et relève la tête sur la sublime et détestable Solenn. Elle n'est pas accompagnée de Calista cette fois-ci.

- Pas le moins du monde, grande sœur.

- Bien sûr. Ça ne devrait pas te déranger que je l'ai embrassé alors ? Il a les lèvres si douces... Et il embrasse tellement bien. Mieux qu'Aiden en tout cas.

À peine arrivée qu'elle m'insupporte déjà. Je manque de la rembarrer quand Neyla me double :

- Allez dégage, souffle mon amie.

- T'es qui toi ? réplique mon aînée.

- J'aimerais dire ton pire cauchemar mais c'est un peu trop... Phrase de films, tu vois le genre. Tu peux m'appeler Sa Seigneurie, ou encore Neyla la Suprême. Les deux me vont.

Je manque de m'étouffer de rire face à son sérieux. Cette fille est vraiment incorrigible.

- Tu auras mieux fait en terme d'amitiés, Sarah. Tu me déçois beaucoup, tu sais. Toutes les bêtises que tu as commises ici seront rapportés à notre mère et tu le sais ça ?

Je sais qu'elle fait ça pour m'intimider et m'humilier mais j'ai tout de même la boule au ventre. Ma mère est tout ce qu'il me reste et Solenn est très bien capable de mentir à mon sujet. Et j'ai tellement peur que notre mère la croit elle.

- Mais c'est qu'elle aime le son de sa voix, celle-la !

Solenn la foudroie du regard et hausse un sourcil moqueur.

- La ferme, toi. Tu es ridicule et tu ferais mieux de te taire.

Neyla éclate de rire.

- Ce sont les pompiers qui mettent le feu à la caserne, ma parole ! Tu es celle qui se ridiculise le plus, actuellement. Oh, t'as une grosse tâche de vinaigre là.

Solenn baisse si vite la tête que Neyla en devient hilare. Moi, ça ne m'amuse pas. Les propos de Solenn m'inquiètent.

Je me décale pour rejoindre le palais et reprendre un peu d'air, mais la peste me suit.

- Tiens, j'ignorais que j'avais une fan.

Pour toute réponse, ma sœur tire sur mes cheveux pour me stopper dans ma marche. Je reste figée de douleur, incapable de parler.

Elle me crache littéralement au visage et rétorque :

- Le prince est à moi. Bats les pattes, petite sœur. Tu auras beau vouloir tenter quelque chose avec lui, il n'aura d'yeux que pour moi. Il est fou de moi et je suis la femme qu'il lui faut. Abandonne, Sarah. Dis-lui que tu veux partir, t'en aller loin d'ici parce que tu n'es rien, au final. Rien de plus que la petite Sarah, incapable d'être aimée. Aiden en a été la preuve. Je te laisse avant la fin de la journée, petite sœur. Après ce délai, si tu es toujours en course, je t'en ferai voir de toutes les couleurs et tu le regretteras.

Les larmes me montent aux yeux tandis qu'elle me lâche et qu'elle me tourne le dos avec son petit sourire satisfait. Je reste là, raide comme un piquet encore choquée de ses propos.

J'ai beau vouloir jouer l'intouchable, elle me fait me rendre compte que je suis faible, que je ne suis rien.

Et je crois bien qu'elle a raison. Je crois bien que j'ai perdu. J'ai un choix à faire.

Reprenant mes esprits, je me redresse et avance dans le couloir, le cœur lourd. J'irai voir le prince tout à l'heure et j'irai lui annoncer la nouvelle. Ainsi, tout ira mieux dans le meilleur des mondes.

J'ouvre la porte de ma chambre et finis par fondre en larmes, en parti à cause de Solenn et de toute cette douleur que je retiens depuis longtemps. Aiden, les voir s'embrasser et les propos de Solenn me baissent le moral et je n'ai qu'une envie : rentrer chez moi pour me jeter dans les bras de ma mère et tout lui raconter.

Je me relève lentement en essuyant les larmes qui ne cessent de couler depuis quelques minutes. J'approche de mon lit et fronce les sourcils. Il y a une petite boîte posée sur mon lit avec un petit mot.

J'ouvre la boîte et découvre un bracelet en argent, fin mais magnifique. Il est tellement beau... J'ouvre également la carte où est écrit une petit mot « Je suis navré. Ce baiser ne valait rien. Mon poème, lui, est sincère. K »

Mon cœur se réchauffe un peu plus et je finis par sourire comme une idiote. J'ignore si Solenn a raison où non, mais une chose est sûre, j'éprouve définitivement des sentiments pour le prince.