- Lâche-moi, imbécile !
J'ai beau protester, il ne me lâche pas jusqu'à ce que je finisse poussée contre le mur, le souffle coupé. Je me retourne pour le gifler mais il me bloque mes poignets.
- Tu oublies que je suis celui qui t'a enseigné ces techniques pour te défendre...
Il s'approche de mon oreille et murmure :
- ...et que je les connais par cœur.
- Laisse-moi tranquille !
Il secoue la tête en se moquant et me lâche.
- Ne t'approche pas de James...
Son regard se promène le long de mon corps et il rajoute en plongeant son regard dans le mien :
- Et aie l'amabilité de changer de robe.
- Qu'est-ce qu'elle a ma robe ? répliqué-je sèchement, furieuse. Elle est très bien et aux dernières nouvelles, ce n'est pas toi qui la porte !
Il se rapproche de moi et hausse les sourcils.
- Tu n'as jamais porté de robe. Comme par hasard, tu te décides à changer de look aujourd'hui. Étrange, non ?
- J'en ai rien à faire de ton avis, abruti !
C'est la première fois qu'il s'énerve aussi... furieusement contre moi. Mais il m'énerve tellement ! J'en ai plus qu'assez de ses changements d'humeur. Tout à l'heure il me dit que je lui ai manqué, et là, il me hurle dessus pour une simple robe. C'est complètement débile.
- La prochaine fois que tu m'insultes, tu t'exposes à une petite visite privée des cachots. Attention, Sarah.
- Qu'est-ce que tu attends ? Jette-moi aux cachots, ne te gêne surtout pas.
Je croise les bras sur ma poitrine, enragée.
- Ah oui ? Tu es sûre de toi ?
- Sûre et certaine !
- Gardes ! crie-t-il.
Ce n'est que quand des gardes s'approchent de moi que que je réalise l'ampleur de mes paroles. Qu'est-ce que j'ai encore fait moi..
- Attends !
Les gardes se stoppent et le prince se tourne vers moi, toujours le regard noir.
- Pourquoi ne devrais-je pas parler à James ?
Il fait signe aux gardes de reprendre leurs places et réplique :
- Il te séduit simplement pour que tu ouvres les cuisses et innocente que tu es, tu ne verrais rien venir.
- Parce que ce n'est pas ce que tu fais avec Solenn ?
Il écarquille un court instant les yeux, bloqué par ma réplique. J'attends patiemment qu'il réponde mais il n'en fait rien.
À la place, il se passe une main sur le visage et soupire.
- Sarah... Je connais mon cousin et...
- Tu me connais, vraiment ? intervient une nouvelle voix.
Je jette un coup d'œil par-dessus l'épaule du prince, surprise. C'est James qui fait son apparition, un sourire amusé au visage. Il me fait signe de le rejoindre et hypnotisée par ses yeux, j'obtempère.
Ma main glisse dans la sienne alors que le prince me regarde partir avec lui, le regard vide. À quoi pense-t-il ? Pourquoi ses yeux me laissent légèrement triste ? Je n'en ai aucune idée mais je suis James, le cœur lourd.
- Ce boulet ne me connait absolument pas. Quoiqu'il t'ait dit, ne le crois pas.
Il me sourit comme pour me rassurer mais j'ai des gros doutes. James et moi nous asseyons sur un fauteuil et il m'offre une autre coupe de champagne.
- Vous vous connaissez bien ?
- Tu peux me tutoyer, chérie. Et pour répondre à ta question, Kaled et moi n'avons jamais été en bon terme. Il me méprise.
- Il te méprise ? Comment ça ? Dis-m'en plus sur lui, déclaré-je, curieuse.
James prend ses aises sur le canapé et écarte ses jambes. Il capte mon regard un court instant et cela suffit à me déstabiliser.
- Depuis que nous sommes petits, Kaled a toujours été discret. Il ne parlait pas, il observait beaucoup et il ne réagissait que quand on l'obligeait à parler. Le reste du temps, il se taisait et préférait rester de côté. Pendant notre adolescence, j'ai commencé à fréquenter les jeunes filles du coin et je lui proposais de venir mais il refusait à chaque fois. D'aussi loin que je m'en souvienne, il n'a jamais eu de grosse expérience avec les filles. Plus nous grandissions et plus il ne détestait. Il me croit coureur de jupons alors que c'est faux. J'apprécie seulement beaucoup la gente féminine.
Il me fait un clin d'œil en portant sa coupe à ses lèvres.
- Bien sûr, il a eu quelques conquêtes depuis. Rien de très sérieux. Et depuis la sélection, notre petit Kaled a beaucoup changé. Il semblerait qu'il ait jeté son dévolu sur toi étonnamment.
Je fronce les sourcils en m'étouffant presque.
- Arrête, je...
- Ne dis rien, Sarah. Il te veut, ça crève les yeux.
- Comment ça ? je dis en toussotant.
- D'abord, il n'a cessé de nous observer depuis tout à l'heure. Il est jaloux. Ensuite, tu n'as pas vu comment il te regarde ? D'aussi loin que je m'en souvienne, Kaled a toujours respecté les femmes. Il sait se montrer discret, ne veut pas les brusquer en leur adressant la parole et est d'une politesse à s'en ennuyer presque. Mais avec toi, il ne se comporte pas comme ça. Il est lui-même et cela faisait longtemps que je ne l'avais pas vu comme ça. Maintenant, la question à élucider est : partages-tu ses sentiments ?
Il plisse les yeux avec un sourire mystérieux. Cet homme est... surprenant. Surprenant et mystérieux. Dans sa façon de parler, il laisse croire qu'il sait plus de choses mais il en dit peu.
Je fronce les sourcils avant qu'il ne s'approche de moi.
- Nous le saurons immédiatement.
Il se penche et pose ses lèvres sur les miennes dans un doux baiser. Au début, je ne bouge pas, mais me rendant compte que je suis en train d'embrasser un homme que je ne connais que depuis quelques heures, effarée, je le repousse. Je viens d'embrasser un inconnu. Oh, mon Dieu !
Je m'apprête à bafouiller quelque chose d'intelligible que James est brusquement soulevé de son fauteuil et qu'un poing vient s'écraser sur son visage.
Les invités poussent des exclamations et je reste figée devant le prince. Ses yeux me sont à présent inconnus et son visage est déformé par la rage.
Je ne le reconnais plus.
- Personne ne la touche, déclare-t-il froidement. Et encore moins toi.
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𝐏𝐫𝐢𝐧𝐜𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐒𝐚𝐫𝐚𝐡
Romance« Elles seront vingt femmes à devoir se battre pour le cœur du prince. Vingt femmes que tout opposera et qui auront pour seul et unique but : décrocher le titre de princesse. » Dans le royaume d'Aragona, l'amour ne se choisit pas. Il doit être déci...