Chapitre 36 √

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KALED

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Mes yeux se posent sur elle dans un mouvement rapide et je la dévore du regard, complètement hypnotisé par sa beauté. Ses longs cheveux bruns ont été noués dans cette tresse habituelle qui la rend tellement craquante et ses jolis yeux noisette se focalisent sur son amie dont je ne connais plus le nom.

Elle porte une robe bleue qui lui va merveilleusement bien et qui met tous ses courbes en valeur. De loin, j'aperçois un collier fin à son cou et une sorte d'épingle dans ses cheveux. Je plisse les yeux pour mieux distnguer l'objet. C'est effectivement une épingle, ou plutôt une pince, qui a été accrochée dans ses cheveux à la naissance de sa tresse.

Sarah est magnifique.

Depuis la première fois que je l'ai vue, je me répète cette phrase tous les jours. Quand je la vois, tout un million de choses se produisent dans mon corps et je sais que c'est niais -même peut-être idiot- de dire ça mais je crois bien que je suis tombé amoureux.

Certains me diront que l'amour n'existe pas et d'autres me diront qu'ils y croient fermement, à ce grand amour. Moi, peu m'importe. Je vis le moment présent sans me soucier de mon futur proche et c'est ce qui compte.

Et en ce moment, je ne peux me résoudre à oublier Sarah. Tout chez elle m'attire. Elle a rallumé en moi ce feu qui était éteint depuis bien trop longtemps.

Je me rappelle le premier jour, lors de son arrivée. Elle était arrivée dans la salle de réception avec un pantalon bien trop moulant et ma mère avait fait un scandale. Les sélectionnées la toisaient comme si elle était une moins que rien et moi, je la fixais, la trouvant sublime. C'est ça qui me plaisait chez elle au début. Elle n'avait pas froid aux yeux et me paraissait si sûre d'elle avec ce brin de caractère lui donnant un côté femme fatale.

Et plus le temps avance, plus je me rends compte qu'au final, elle cache bien son jeu. Même si elle ne l'avouera jamais, elle a ce côté sensible qui la rend irrésistible.

Malheureusement, je dois la laisser partir. Le poème qu'elle a lu déclare bien le fond de mes pensées. Elle a un petit ami et une vie à retrouver. Ce n'est pas son monde ici et je serai trop égoïste pour la garder près de moi.

Alors oui, ça me crève littéralement le cœur de me dire que d'ici un jour, elle sera dans les bras d'un autre mais je dois le faire pour son bonheur. Je veux qu'elle soit heureuse.

Je sors brusquement de mes pensées quand un garde me tapote l'épaule et m'intime :

- Sir, l'état de votre père s'est dégradé. Votre mère vous demande au plus vite.

Je jette un regard au garde, le cœur tambourinant fort dans ma poitrine. Je me lève si brusquement que les quelques sélectionnées présentes dans la pièce étouffent un petit cri de surprise.

Mon regard croise celui de Sarah qui fronce les sourcils. Je l'ignore et traverse la salle en grandes enjambées.

Pitié, père. Ne m'abandonnez pas si vite.

• • •

J'arrive aux appartements de mes parents, la rage au ventre, les larmes aux yeux. J'ouvre la porte d'un coup sec et accours jusqu'au lit où mon père est allongé depuis bientôt trois semaines.

- Père, que puis-je faire pour vous aider ?

Ma mère est assise dans le fauteuil près de son lit et essuie rapidement ses larmes avec son mouchoir en tissu. Ses yeux sont cernés et fatigués, son chignon complètement décoiffé et elle renifle bruyamment.

- Mon fils... déclare d'une voix faible mon père.

Je me tourne vers lui, l'homme qui a toujours été là pour moi et c'est plus fort que moi, j'attrape sa main et le scrute. Il est pâle. Si pâle que si ses yeux n'étaient pas rivés aux miens, je croirais presque qu'il est mort.

Mon père est malade. Personne ne sait ce qu'il a, le nom exact de sa maladie reste inconnue à ce jour. Les médecins savent juste que ses « poumons ne fonctionnent plus comme avant » disent-ils. Moi, je ne les crois pas. Je pense qu'ils savent très bien ce qu'a mon père mais qu'ils ne veulent tout simplement pas nous le dévoiler.

Cela fait bientôt deux ans que les gens veulent la mort de mon père à cause de décisions qu'il a prise et que les gens jugent mauvaises. Je pense, je suis quasiment sûr et certain que depuis le début, ces sois-disant médecins connaissent le pourquoi du comment.

En attendant, cela fait bientôt un mois que mon père est dans cet état, dans ce lit à ne rien faire de ses journées. Cela fait bientôt un mois que je me sens impuissant, inutile et nul.

J'aimerai agir mais je ne peux rien faire. Mon père va sûrement mourir et l'idée que lui et ses pensées positives s'en aillent me brisent le cœur. J'ai besoin de lui, j'ai tellement besoin de lui.

- Je vais bien, grogne-t-il. Mais il me faut... de l'eau... de l'eau.

Ses yeux quittent les miens pour se tourner vers ma mère qui ne cesse de pleurer depuis mon arrivée. Il se penche, mais elle se précipite pour lui tendre son verre d'eau.

Il déglutit en avalant goulée après goulée.

- Kaled, il est de ton devoir de trouver épouse à ton pied. Raccourcis cette sélection. Ils finiront par me tuer.

Il me fixe avec ses grands yeux. Je hoche la tête, impassible. Son état se dégrade, je dois me dépêcher de boucler cette selection. Et de trouver l'épouse qu'il me faut.

Sarah.

Je la chasse de ma tête et me dirige vers la porte que j'ouvre. J'arpente les couloirs du palais, à la recherche d'un moyen de me décider. Il faut que je l'oublie. Cette fille n'est pas pour moi.

Mais merde, alors ! L'imaginer avec un autre me rend furieux.

Je trouve le mur adéquat et m'apprête à libérer toute cette rage qui circule dans mon corps quand une petite main s'accroche à ma chemise.

- Votre Altesse, vous allez bien ?

À bout de souffle, je me tourne vers la frêle créature devant moi qui n'est autre que Solenn. Elle me fixe comme si j'étais une des sept merveilles du monde.

Depuis notre toute première rencontre, Solenn a révélé un caractère bien sympathique, gentil et adorable. Or, maintenant, je n'ai pas besoin de sa sympathie. J'ai besoin d'oublier sa sœur.

- Solenn, j'ai besoin de toi.

Elle me scrute et hoche la tête, comme si tout allait bien. J'écrase alors violamment mes lèvres sur les siennes et la pousse contre le mur dans un baiser endiablé.

J'ai trouvé ce qu'il me fallait.

𝐏𝐫𝐢𝐧𝐜𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐒𝐚𝐫𝐚𝐡Où les histoires vivent. Découvrez maintenant