Chapitre 42 √

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Je ne sais pas quelle heure il est mais je m'ennuie franchement. C'est ce que je ne cesse de me répéter depuis que je suis levée. D'ordinaire, Ariane venait me réveiller et nous discutions mais ce matin, je me suis réveillée plus tôt.

J'ai envie de lire mais il faudrait que je me rende à la bibliothèque et je n'ai pas envie de bouger. J'ai envie de parler à Neyla, de pouffer de rire aux blagues des jumelles mais elles ne sont plus là. Elles sont rentrées chez elle depuis bien longtemps et se trouvent à des kilomètres d'ici.

Je soupire, lassée d'être ici et de ne rien faire. En plus, j'ai faim. Décidément, ma journée commence bien. Je finis par craquer mes doigts en tendant les bras pour m'étirer puis je bâille.

Au diable les courbatures, je vais faire quelque chose de ce corps de faible. Je me mets debout et enfile rapidement un pantalon avec un t-shirt. Je détache mes cheveux et sors de ma chambre.

J'aperçois le regard de quelques gardes sur moi. Je dois vraiment être affreuse pour qu'ils me percoivent avec ce regard-ci.

Je traverse les couloirs et arrive devant ma pièce favorite : la bibliothèque. Je choisis trois livres avec précision que je porte dans mes maigres bras et ressors de la bibliothèque.

Les gardes me fixent toujours ou alors je suis peut-être un peu trop centrée sur moi-même. Je l'ignore mais en tout cas, je descends les escaliers pour rejoindre la salle de réception qui me paraît bien vide depuis que les autres filles sont parties.

Plus que trois dans la course.

À mon plus grand malheur, Solenn et Calista sont assises en face de moi, bien apprêtées dès dix heures du matin. Elles sont vraiment folles de ne pas porter des pantalons si confortables !

Je pose mes livres sur la table qui résonnent dans un bruit sourd.

La voix grincheuse de Solenn intervient :

- Tu devrais enfiler une robe, petite sœur. Les pantalons sont interdits.

Je tire ma chaise, m'assoit, décale ma pile de livre pour la regarder et réplique :

- De quoi je me mêle ?

Elle est prise de court et se tourne vers Calista, lui murmure des propos sataniques et les deux ricanes en chœur. Parfois, je les trouve vraiment puériles. Si ce n'est même tout le temps...

Une domestique vient déposer un plateau devant moi, me présentant l'intégralité de mon déjeuner.

- Puis-je avoir un peu de pain également ? demandé-je gentiment à la domestique.

Cette dernière me sourit timidement et hoche la tête.

- Bien sûr, Mademoiselle.

- C'est Pouilleuse, pas Mademoiselle, abrutie de servante, réplique Calista.

Elle va s'y mettre aussi elle ? Je lui jette un regard glacial. Je ne suis pas d'humeur matinale et elle n'a pas intérêt à m'énerver.

La servante repart aux cuisines en me lançant un regard rempli d'excuses. Pourquoi s'excuse-t-elle ? Parce que j'ai une sœur démoniaque ?

Devant les rires des deux sorcières en face de moi, je réplique :

- J'ai une pile de livres bien durs que je vais te balancer dans ta tête de rongeuse si tu continues comme ça, Calista.

Puis je rajoute, un sourire aux lèvres :

- Attention, ça risquerait d'abîmer tes dix-huit couches de ravalement de façade. J'espère que ton fond de teint est de qualité.

Puis comme si de rien n'était, je saisis ma tasse de thé et entreprends de boire quand Solenn me jette un regard mauvais.

- Ne joue pas à la grande ou tu perdras, Sarah.

Je fais mine d'être intéressée alors qu'au fond, je n'en ai plus rien à faire d'elle. Je finis de boire mon thé quand Calsita intervient :

- Tu es vraiment laide en réalité.

- Et toi, bête comme tes pieds. Dis-moi, Calista, t'es débile de nature ou c'est seulement aujourd'hui que tes neurones ont du mal à se connecter ?

Elle ouvre la bouche, et persiffle :

- Espèce de petite cruche !

Je hoche la tête, l'ignorant complètement. J'ouvre mon livre et commence ma lecture.

- Elle fait quoi ? ricane de nouveau la sorcière.

Je relève la tête et lui réponds :

- Tu vois, ça s'appelle « se cultiver », tu devrais essayer parce que tu en as vraiment besoin.

Je m'apprête à reprendre ma lecture quand une voix grave familière intervient :

- Quel livre lis-tu ?

Je redresse vivement la tête, tout d'un coup illuminée. Ma matinée n'est peut-être pas si nulle que ça. Le prince s'approche de moi, ignorant les deux folles qui nous fixent, raides de jalousie.

- Aëlle et les mille merveilles. Vous connaissez ?

Tandis qu'il finit de combler la distance qui nous sépare, je l'observe. Il s'appuie contre la table et son odeur remonte jusqu'à mes narines.

Bordel.

Toujours coiffé impeccable, toujours extrêmement bien habillé. Je commence à en avoir marre de la perfection qu'il reflète.

Il a sûrement un côté sombre que je finirai par découvrir. Il me tarde d'en apprendre plus sur lui.

- En effet, je l'ai lu et je te le conseille. Il est prenant même si je l'ai trouvé un peu niais.

- Niais ?

- L'histoire d'amour entre Aëlle et Ulrich est clichée.

- Clichée ?

- Oui, clichée. Tu verras par la suite. On pourra en reparler.

Je me demande s'il sait ce que veux dire « cliché » parce que là... J'ai lu le résumé et le livre m'a vraiment l'air génial. Après, ce n'est que son avis que je respecte bien sûr.

Le prince me jette un regard. Il n'a pas l'air d'avoir bien dormi, ses cernes bleutées le prouvent. Je lui offre un simple sourire qu'il me renvoie puis il se tourne vers les deux folles.

- J'ai une nouvelle à vous annoncer. Comme je sais que vivre seule dans un palais aussi immense n'est pas très... divertissant, vous avez la possibilité d'inviter deux personnes durant ce mois tout entier. Libre à vous d'inviter qui vous voulez. Vous me rendrez vos verdict ce soir à dix-huit heures tapantes. Sur ce, je suis navré mais je vais devoir vous laisser, Mesdemoiselles, j'ai beaucoup de travail.

Il se détourne de nous pour traverser la salle de réception puis disparait. Je me tourne vers les deux sorcières.

- Alors, Sarah ? Tu vas inviter Aiden ? déclare-t-elle d'un ton mielleux.

Je me lève, attrapant mes livres tout contre moi.

- Même pas en rêve, répliqué-je.

Je m'apprête à reprendre la direction qu'a prise le prince quand Solenn reprend :

- Ah, dommage. Il se peut que j'ai exagéré mes propos de la dernière fois...

Mon cœur s'arrête brusquement. Dites-moi que je rêve.

𝐏𝐫𝐢𝐧𝐜𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐒𝐚𝐫𝐚𝐡Où les histoires vivent. Découvrez maintenant