Chapitre 19 √

68.6K 5.4K 751
                                    

Neyla, la fille avant moi, est partie il y a bien dix minutes avec le prince. Quand il est venu la chercher dans le couloir, ses yeux ne se sont pas attardés sur moi une seule seconde. Et je m'en fiche.

Menteuse.

C'est bien parce que je suis forcée de participer à ce shooting photo que j'attends, sinon je serais déjà dans mon lit depuis bien longtemps. Il doit être vingt-trois heures trente passées et la séance a commencé il y a plus d'une heure. Je m'ennuie à mourir. Assise contre le mur, mes yeux se perdent sur le jardin et je pousse un soupir. Je meurs de fatigue et chaque seconde qui s'écoule me fait un peu plus haïr ma venue ici.

— Sarah, c'est ton tour.

Sa voix est vive malgré l'heure tardive. Je me lève, froide et impénétrable puis je me dirige vers lui sans sourciller face à son regard. Il ne fait aucune formule de politesse et va directement dehors puis avance. Je le suis sans parler, muette comme une carpe.

Il nous mène directement à l'endroit tant attendu : la séance photo se déroule devant des arbres du jardin où des dizaines de filaments dorés ont été accrochés, rendant l'endroit convenable, chaleureux et lumineux. Il n'y a pas de photographe à ma plus grande surprise, juste un appareil photo de grande qualité devant nous.

— Nous prendrons des poses différentes et j'activerai le compte à rebours avant. Le photographe vient tout juste de partir, on s'adaptera.

— Pourquoi est-il parti ?

Je mets ma haine de côté pour poser cette simple question. Il se met à régler l'appareil en me répondant :

— Il devait partir à vingt-trois heures trente précises.

— Et vous le saviez ?

Il opine avant de reculer. Il s'abaisse, règle l'objectif de ses doigts experts et je le dévisage. Ses cheveux sont décoiffés et je me demande si une sélectionnée y a déjà glissé ses doigts.

— Tu as fini de me regarder ainsi ? demande-t-il sans se retourner.

— Je ne vous regarde pas, répliqué-je.

— Et tu oses me mentir. Nombre de sélectionnées se seraient mises à pleurer et à me supplier de les pardonner.

Pourquoi j'irais supplier un homme que je déteste ? Cette phrase reste en suspens dans ma bouche et je me contente de me plaindre :

— Vous m'avez humiliée devant tout le monde.

— C'est parce que tu as pris ça pour une humiliation. Je t'ai juste aidée à te faire petite. Plus tu seras discrète, et moins tu auras des ennemis, c'est la règle de base.

Il se retourne et me fait un grand sourire. Je le fusille du regard avant de rétorquer :

— Je me défendais juste face à l'ennemi !

— Non, tu te comportais simplement de façon puérile.

— Je vous déteste ! Elles se moquaient de moi sur ma façon de manger, je n'allais pas rester silencieuse quand même ! m'énervé-je.

Il déclenche le minuteur et avance vers moi.

— Rester silencieux face à l'ennemi, Sarah, règle numéro une.

— Allez vous faire voir !

Je me détourne mais il me saisit par la taille et me replace devant l'objectif pile au moment où un petit clic se fait entendre. Les nerfs gonflés à bloc, je le repousse mais il est trop fort. Ses bras me serrent contre lui alors qu'il ajoute :

𝐏𝐫𝐢𝐧𝐜𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐒𝐚𝐫𝐚𝐡Où les histoires vivent. Découvrez maintenant