𝐏𝐫𝐢𝐧𝐜𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐒𝐚𝐫𝐚𝐡

Chapitre 60 √

J'arrive aux jardins, essoufflée. Complètement sonnée par le monologue qu'il vient de prononcer, je ne sais vraiment plus où me mettre.

Un sentiment de peur et de nervosité m'envahit alors que je me remémore ses paroles. Nom de Dieu, il a vraiment tout déballé. Du début à la fin, sans s'arrêter.

Je cherche du regard un endroit où me cacher pour enfin pouvoir respirer sereinement et le trouve : mon arbre fétiche.

Sans attendre une seconde, je grimpe à celui-ci en m'y accrochant fermement. La nuit est tombée, j'ai un peu froid avec cette maudite robe mais peu importe. Je ne veux croiser aucun invité et encore moins le prince.

Il a certes, tout avoué mais il doit me laisser le temps de digérer. Je me hisse sur ma branche et ferme les yeux. Qu'est-ce qu'il a fait bon sang...

J'ai du mal à respirer.

Jamais de toute ma vie, je n'aurais cru voir une femme pieds nus dans mon jardin.

Mon souffle se bloque dans ma poitrine.

Tu n'as pas le droit d'être ici. Cette pièce est privée.

Je m'entends respirer, mais mon cœur va exploser.

Tu aimes la danse ?

Non. Je suis plutôt armes, baston et guerre.

Je peux t'apprendre à te battre si tu le souhaites.

Je crois que je pleure.

Je t'aime, Sarah.

Les larmes roulent sur mes joues. Je l'aime à en mourir.

Ce sera toujours toi, Sarah.

Je soupire en me massant les tempes. Qu'est-ce qu'il a fait de moi ? Je ne suis plus la même depuis que je suis ici.

- Tu comptes descendre ou je dois encore venir te chercher ?

Mon cœur loupe encore un battement et je n'ose baisser la tête pour le regarder. Il est là, en bas, et j'ai toujours du mal à respirer.

- Tu te rappelles ? Nous nous étions embrassés dans cet arbre.

Je ferme les paupières, le cœur lourd de regrets. Pas de regrets pour le baiser mais pour toutes les choses que je lui ai dites, pour tout le mal que j'ai causé.

- Nous étions heureux, poursuit-il de sa voix rauque. Moi qui te tenais fermement dans mes bras, ton cœur battant contre mon torse. Tes petites mains qui se baladaient dans mes cheveux, tes lèvres pressées contre les miennes. Mes mains te...

- Arrête, soufflé-je au bord du supplice.

Pourquoi fait-il ça ? Pourquoi ?

- Non, je n'arrêterai pas. Descends de ton arbre, et affronte la réalité, Sarah. Repousse-moi, hurle-moi dessus si ça te fait plaisir mais fais quelque chose.

- Que vais-je dire à ma mère ? murmuré-je.

- Je lui ai déjà parlé. Je lui ai dit que je t'aimais. Elle avait l'air sous le choc. Solenn lui a fait gober tout un tas de mensonges mais les choses se tasseront avec le temps. Sarah, il n'y a plus rien qui puisse nous arrêter. Aujourd'hui, c'est toi et moi. Tu peux descendre, accepter la main que je te tends. Tu peux accepter les sentiments que je t'offre. Il y a aussi une limousine prête à t'accueillir si tu désires t'en aller. Quoique tu décides, réfléchis bien. Il n'y aura pas de retour en arrière.

Je rouvre les yeux et les baisse pour le regarder. Les siens brillent de cette petite lueur que j'ai déjà vue tant de fois et ses cheveux sont complètement désordonnés.