Paris, mois de mai
Liberté
Le carrosse s'arrêta dans la cour du palais du Louvre. Un page vint ouvrir la porte, et tendis une main à ma mère. Celle-ci sourit, puis descendit, sa volumineuse robe turquoise et dorée s'épanouissant autour d'elle. Enfin, le page se tourna vers moi, et je glissai timidement ma main dans la sienne. Lentement, pour bien faire attention à ne pas chuter, je sortis à mon tour du carrosse. Le soleil m'éblouit quelque peu, et je détournai le visage en lissant la jupe de ma robe beige et or.
- Personne pour m'accueillir en personne, j'en suis presque vexée, plaisanta Maman, ne retenant pas son sourire.
- Tu l'as dit toi même que nous sommes en avance sur ce que nous avions prévenu, lui rappelai-je.
- C'est pourquoi nous allons directement entrer et rendre visite à un cher ami, assura ma mère en commençant à s'avancer. Déchargez les bagages, et apportez les aux appartements que l'on nous a attribué, ordonna-t-elle aux pages.
- Bien, Madame de Tréville, acquiescèrent-ils.
A cela, Maman eut un sourire satisfait, puis m'invita à la suivre, ce que je fis, soulagée que nous restions ensemble. D'une démarche assurée, faisant comme si elle était chez elle, Mère s'avança vers l'entrée du palais. Restant bien derrière elle, je ne pus que l'admirer quand elle passa majestueusement la grande porte. Les couloirs n'étaient pas vides, aussi tout le monde se retourna vers nous. Si Maman releva la tête avec orgueil, je baissai la mienne en me rapprochant encore plus d'elle. Immédiatement, les murmures fusèrent.
- La veuve Tréville, c'est la veuve Tréville, murmurèrent les gens présents.
J'osai glisser un petit regard vers eux. Qui étaient-ils ? Des nobles, apparemment, aux vues de leurs tenues presque extravagantes. Maman ne fit guère attention à eux : elle prenait les tournants et les couloirs comme si elle se souvenait encore des plans de ce palais. Enfin, nous bifurquâmes dans un couloir vide, éclairé par les grandes fenêtres vitrées. Je restai un instant admirative devant toute cette lumière pénétrant dans le couloir.
- Tu ne peux pas continuer ainsi ! s'exclama une voix venant d'une des pièces fermées.
Devant moi, je vis Maman frémir de plaisir, et je devinai son sourire lumineux sur son visage.
- Et pourquoi pas ? demanda une autre voix, qui semblait plus jeune.
- Mais parce qu'une fête tous les soirs ne tarderait pas à ruiner le royaume !
- Prenez dans les caisses de Louis, alors ! Cette fête-là sera la plus importante du mois !
- PHILIPPE, TON FRÈRE N'EST PAS UNE TIRELIRE !
Avec un gloussement, Maman secoua malicieusement la tête, et poussa fermement les deux portes de bois qui s'ouvrirent.
- Ma foi, il ne me dérangera d'avancer quelques pièces, assura-t-elle. Je serai ravie de faire plaisir à mon prince préféré !
Il y eut un grand cri de joie puis quelqu'un se précipita dans les bras de Mère.
- Céleste !
Maman éclata de rire –et quel bruit mélodieux ! – quand elle referma ses bras sur le garçon qui venait de l'enlacer.
- Philippe, laisse-moi te regarder ! s'exclama-t-elle en éloignant quelque peu le garçon.
S'agissait-il du prince de France, Philippe d'Orléans ? Je tentai d'apercevoir son visage, quand il se tourna brusquement vers moi. La première chose que je vis fut ses deux yeux d'un bleu océan. Je rougis brusquement quand ses traits s'illuminèrent encore plus.
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L'héritage de l'Espionne - Livre III
FanfictionLa rumeur enfle. Elle arrive, elle arrive, murmurent les courtisans et les serviteurs. Mais de qui parlent-ils ? De la veuve Tréville, la veuve Tréville, ce nom est sur toutes les lèvres. Céleste de Tréville, la richissime veuve de l'ancien régent e...