⚜ Chapitre 37 : La veuve Tréville ⚜

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Paris, mois de juin

Céleste

Céleste de Tréville se dirigeait d'un pas énergique vers le bureau de son meilleur ami, le ministre Aramis. Ce dernier avait demandé sa présence, mais Céleste ne savait pas encore qui il voulait voir : la duchesse de Ligueux, la veuve Tréville ou tout simplement elle, sa meilleure amie. Alors dans le doute, elle avait quand même revêtu une robe toute simple verte foncée au bustier orné de dorure et au col en dentelle derrière la nuque ne mettant qu'encore plus en valeur la partie de peau découverte de sa gorge. Les manches serrées allaient jusqu'à ses poignets, ce qui rendait la robe un minimum correct.

Elle arriva enfin devant la porte du bureau, et toqua doucement avant d'entrer. Aramis était seul, assis à son bureau, concentré sur une lettre qu'il écrivait. De justesse, Céleste retint le « Quel sérieux, monsieur de ministre » qu'elle allait lui dire. « Monsieur le ministre » ... C'était ainsi qu'elle avait pris l'habitude d'appeler Jean, presque bientôt dix-huit ans plus tôt... Au lieu de cela, elle s'avança, et Aramis releva de lui-même la tête.

- Merci d'être venue.

- J'avais pourtant tant de choses à faire, ironisa-t-elle. Me lever aux aurores, m'assurer que Libby parte bien faire ses corvées, puis ensuite trouver un livre à lire, me rendre à la garnison, prendre le thé avec Charlotte et Anne... Journée bien remplie.

Aramis s'esclaffa.

- Tu t'ennuies ? Ça tombe bien, j'ai quelque chose pour vous, madame de Tréville.

Voilà donc, c'était bien la veuve qu'il voulait voir. Céleste croisa les bras, heureuse de voir le visage de son ami éclairé.

- J'ai beaucoup de travail en ce moment, continua le ministre. L'ambassade espagnole avec ses négociations, mon travail habituel, en plus Philippe qui semble faire n'importe quoi... Il a encore raté un cour hier soir, tu le savais ?

- Philippe est une âme libre et sauvage, riposta Céleste. Tu ne pourras jamais le faire rentrer dans le moule du prince parfait. Il n'en a pas la bonne personnalité, alors il faut lui créer un moule qui lui conviendrait. Qui conviendrait à tout le monde.

Aramis lui glissa un regard.

- J'y songerais, assura-t-il. En plus avec l'arrivée de Marie...

- Ta fille, acquiesça Céleste, qui avait été mise au courant de l'histoire entière. Anne ne veut toujours pas la rencontrer ?

- Elle ne m'en parle même plus. Elle... Ne me parle plus trop, d'ailleurs.

Céleste sourit doucement.

- Rappelle-toi quand je croyais que Chiron était le fils de Tréville, lui rappela-t-elle. Cela m'avait assez perturbé pour que je prenne un peu mes distances, bien que ce n'était qu'une idiote hypothèse. Marie est réelle. Laisse un peu de temps à Anne.

Le ministre hocha la tête avant de revenir au sujet principal :

- Anne, l'ambassadeur et moi allons nous retirer à Saint-Germain pendant quelques jours pour ne nous concentrer que sur le traité, apprit-il à son amie. C'est pourquoi... C'est pourquoi j'aimerais te confier la garde officielle de l'ambassade espagnole et celle, officieuse, du palais.

Céleste haussa un sourcil appréciateur, et manqua de s'esclaffer. Garder l'ambassade et le palais ?

- En quoi cela consiste ? Demanda-t-elle.

- Les soldats espagnols pourront se référencer à toi s'ils ont des questions ou besoin d'aide, répondit le ministre. Miguel Alvarez de Rivera restera au Louvre, de même que son lieutenant et tous les soldats.

L'héritage de l'Espionne - Livre IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant