Masigny, mois d'août
Louis
Louis le quatorzième, roi de France et de Navarre, était heureux. Il avait passé une après-midi magnifique sur le lac du Bourget, en compagnie de ses proches et de Marie. Marie... Marie Mancini, nièce du ministre Aramis, que Louis considérait presque comme un père. Marie Mancini... Qu'il espérait épouser. Parce que depuis qu'il l'avait rencontré lors de ce bal, il ne pouvait la faire quitter son esprit. Elle le fascinait, tant par sa beauté que par ses origines étrangères. D'ailleurs, il ne savait pas qu'Aramis avait de la famille à Rome...
Marie le lui avait demandé deux jours plus tôt : si Louis l'aimait vraiment, il devrait être prêt à l'épouser. Alors ce soir même, habillé de nouveaux vêtements mais les cheveux encore humides, Louis se dirigeait vers les appartements de son ministre. Par qu'il avait ce poste à la cour, parce qu'il était proche de la reine-mère et parce qu'il était l'oncle de Marie, c'était à lui que Louis voulait demander la main de l'italienne en premier. Et il ne voyait pas pourquoi elle lui serait refusée.
- Vous marchez d'un bien bon pas, Sir, fit soudain une voix.
Louis s'arrêta et se tourna vers un couloir adjacent. Se tenait là Agathe de Bourayne, qui s'était changée elle aussi. Elle allait visiblement rejoindre sa sœur et Marie, qui soupaient sur la terrasse du château.
- Je m'en vais voir le ministre Aramis, répondit Louis avec un petit sourire.
- Puis-je vous prendre quelques minutes de votre temps avant cela, Sir ? S'enquit Agathe en s'approchant du roi.
- Pour vous, très chère, j'ai toujours quelques minutes.
Et c'était vrai ; il affectionnait tout particulièrement les deux jumelles. Et s'il ne savait pas Agathe indéniablement attirée par les femmes, il aurait presque pu tomber amoureux d'elle. Du moins, c'était avant de rencontrer Marie.
- C'est au sujet d'Adèle.
- Je vous écoute.
La sœur du comte s'arrêta près de son roi, le regard dans le vague.
- Vous savez, Sir, que bientôt viendra le temps où Adèle et moi serons considérés comme trop vieilles à marier.
- Ce temps approche, mademoiselle, mais vous avez encore vos sublimes années devant vous, la rassura tendrement Louis.
Celle que les courtisans surnommaient à présent « Jeune Gardienne des secrets » planta son regard orageux dans celui, attentif, du roi.
- Elle est attirée par quelqu'un, dit-elle de but en blanc. Mais doute que cette personne ne l'apprécie plus que comme une amie. Et vous savez notre fantasme de faire des mariages d'amour...
Oui, Louis se souvenait que plus jeunes, les jumelles ne voulaient que cela : l'amour. Et à présent, il les comprenait. D'un geste de tête, le roi lui demanda de continuer.
- Qui est cet homme ? S'enquit-il.
- Un de vos plus proches amis, Sir.
Les lèvres du roi s'étirèrent en un fin sourire. Oui, il pensait savoir pour qui la belle Adèle s'était entichée. Ne passait-elle pas beaucoup de temps avec Livigne ? Leurs esprits taquins et joueurs se complémentait mutuellement, et Louis lui-même trouvait qu'ils pourraient faire un beau couple...
- Et que puis-je faire pour vous, mademoiselle ? Sourit-il.
- Si ce n'est trop demandé, Louis, de parler un peu à cet homme pour savoir quels sont les sentiments qu'il éprouve pour ma sœur. Nous vous en serions infiniment reconnaissantes.
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L'héritage de l'Espionne - Livre III
FanfictionLa rumeur enfle. Elle arrive, elle arrive, murmurent les courtisans et les serviteurs. Mais de qui parlent-ils ? De la veuve Tréville, la veuve Tréville, ce nom est sur toutes les lèvres. Céleste de Tréville, la richissime veuve de l'ancien régent e...