Masigny, mois d'août
Renard
Il les regardait depuis les chemins de ronde du château. Liberté venait d'entrer dans l'eau en courant. Elle projetait de l'eau tout autour d'elle, ses cheveux sauvages partaient dans tous les sens, et il entendait son rire. Son rire... Il aurait tout donner pour la faire rire, encore. Il aurait tout donner pour embrasser son visage, pour caresser ses cheveux d'or. Mais c'était fini. Tout était fini. Jamais il ne pourrait plus l'embrasser. La caresser. Il ne voulait que cela, pourtant. Mais leur relation avait pris fin. Tout avait pris fin.
Quelqu'un arriva derrière lui. Une démarche calme, silencieuse, qu'il ne reconnut pas. La personne vint se placer à côté de lui. Et suivit son regard.
- C'est elle que vous regardez, fit-elle.
Et Renard la reconnu. Il ne lui avait que très peu parlé, mais il connaissait sa voix. Et il la connaissait, au moins de réputation et de nom.
- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, répondit-il en quittant le petit groupe du regard.
- Au contraire, je pense que vous voyez très bien ce que je veux dire, insista tranquillement la femme à ses côtés.
Il lui jeta un regard. De beaux yeux saphir tournés vers le lac, des cheveux noirs et gris attachés en une simple tresse, une robe pâle laissant voir un collier qui pendant à sa gorge, et une alliance au bout de la chaîne.
- Qu'importe, laissa échapper le jeune homme.
Céleste de Tréville, duchesse de Ligueux. Veuve de Tréville, amie du ministre Aramis. Et mère de Liberté.
- Ma fille vous importe donc peu ?
Renard haussa un sourcil.
- Que dois-je répondre à cela, madame ? Fit-il.
- La vérité, je pense.
Renard eut un petit bruit moqueur avant de faire volte-face. C'était absurde. Que lui voulait Céleste de Tréville ?
- Parlez-vous à votre mère ? S'enquit soudain la duchesse alors qu'il allait s'en aller.
Il se figea. Avant de se tourner vers elle. Elle ne le regardait toujours pas.
- Je vous demande pardon ? Fit-il, déconcerté.
Enfin, la mère de Liberté se tourna vers lui.
- Libby m'a tout dit sur votre histoire commune, lui apprit-elle. Parce qu'elle avait besoin de se confier. Bon, et aussi un peu parce que j'attendais une explication au fait que vous avez casser le nez de Julien de la Fère. Mais principalement parce qu'elle avait besoin de se confier. On m'a dit que vous n'aviez pas beaucoup d'amis, Renard de Winter. Parlez-vous au moins à votre mère de vos problèmes ? De ce que vous ressentez ?
Renard s'esclaffa avec rancœur. Parler à Milady ? De ses sentiments ? A peine avait-elle sut pour lui et Liberté qu'elle lui avait ordonné d'arrêter. Et ils ne s'étaient plus parlé depuis leur dispute, se regardant à peine quand ils se croisaient.
- Parlons-nous bien de la même Milady ? Railla-t-il.
- Votre mère est qu'un de... complexe, Renard, fit la duchesse.
Et cela énerva le meurtrier.
- Arrêtez tout de suite, gronda-t-il en la foudroyant du regard.
- Arrêter quoi ?
- Cela. Vous essayez de trouver d'autres mots que ceux que vous pensez. Je sais très bien ce que les gens comme vous pensent d'elle. Ils disaient qu'elle est cruelle, manipulatrice et démoniaque. Ils n'ont pas totalement tort, pourtant. Alors ne cherchez pas à ne pas dire ce que vous pensez.
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L'héritage de l'Espionne - Livre III
FanfictionLa rumeur enfle. Elle arrive, elle arrive, murmurent les courtisans et les serviteurs. Mais de qui parlent-ils ? De la veuve Tréville, la veuve Tréville, ce nom est sur toutes les lèvres. Céleste de Tréville, la richissime veuve de l'ancien régent e...