⚜ Chapitre 80 : Bienvenue en Savoie ⚜

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Duché de Savoie

Liberté

Nous étions partis de Paris dix jours plus tôt. Nous avions fait une halte au duché d'Orléans, dont Philippe était duc depuis la mort de son oncle Gaston. J'avais tendance à parfois l'oublier, ne voyant mon ami que comme un prince ou simplement un jeune homme. Nous avions donc passé une nuit à Orléans. Nous y rencontrâmes la veuve de du prince Gaston d'Orléans, Marguerite de Lorraine et ses quatre filles. Elles nous représentèrent un accueil charmant, et nul n'était sans savoir que la veuve aurait préféré que Louis épouse une de ses filles. Pour nous, elle organisa une grande fête dans sa demeure. Quelle ambiance il y avait alors eut ! La cour d'Orléans était semblable à son duc ; vive, enjouée et festive. Les frasques de Marie Mancini et Marcus de Bourayne, qui s'appréciaient grandement, étaient parvenue à faire naître un sourire sur mes lèvres, le premier depuis ma rupture avec Renard.

Maman voyait bien que j'étais malheureuse. Et je savais qu'elle ne tarderait pas à venir à mon contact. Mais pour l'instant, elle me laissait encore un peu de temps. Et j'avais l'impression qu'elle non plus n'étais pas au meilleur de sa forme depuis le début de notre voyage. Notre fîmes une autre halte fut au comté de Nevers. D'humeur plus calme, la ville avait été propice à une longue ballade sur les bords de Loire pour la cour proche de Louis ; j'avais quelque peu discuté avec Livigne et Rivoire, Carsel m'avait simplement salué d'un mouvement de tête, et j'avais fini par rester en retrait avec Agathe de Bourayne alors que sa sœur papillonnait près de Livigne.

Alors que j'avais réussi à l'éviter depuis le début du voyage, je croisai Renard à notre septième soir, à notre escale à Mâcon, l'avant dernière avant notre arrivée à Lyon. Conformément à nos désirs de tout arrêter et de ne jamais recommencer, il m'avait salué d'un poli « Mademoiselle de Tréville » avant de continuer son chemin. Évidemment, sa mère et lui nous accompagnaient. Mais ils étaient toujours en froid. Lors des trajets, Milady chevauchait aux côtés d'Aramis, Porthos et Maman. Renard, lui, était invisible ; soit il fermait la marche loin derrière, soit il servait d'éclaireur en nous précédant d'une lieue.

Bien que son père soit présent, Marie de Porthos n'avait pu venir ; il s'agissait d'une mission diplomatique, et officiellement, elle ne possédait aucun titre. De plus, m'avait-elle dit, elle devait travailler d'arrache-pied pour garder son travail au Louvre. Des mousquetaires de Paris, seuls trois avaient étés conviés au voyage, en tant que protecteur de la duchesse de Ligueux et de sa fille. Chiron et Rousseau chevauchaient donc non loin de Maman, et Brujon ne s'éloignait pas beaucoup de moi, faisant la conversation à Philippe ou bien regardant paisiblement le paysage. Quand je n'étais pas sur Siete, j'étais dans la voiture de Mancini, qui seule semblait savoir la cause de cette mélancolie qui m'envahissait, et seule semblait pouvoir me faire sourire. En une semaine, je m'étais rapprochée de l'italienne, qui, sous les fards et les sourires charmeurs, s'était révélée une adorable compagne, aussi vive et intelligente que drôle.

Au soir de notre dixième jour, nous arrivâmes enfin à Lyon, une des dernières villes françaises que nous verrons avant quelques jours. Car dès le lendemain, nous serons en route pour le château de Masigny, au bord du lac du Bourget, donc Aramis ne cessait de vanter la beauté. Nous passâmes une nuit dans la ville réputée pour être la « capitale de la soie », qui honora notre présence d'un grand bal où je ne daignai pas paraître, m'étant endormie dès que je m'étais allongée sur le lit de ma chambre.

Et enfin, nous avions quitté Lyon pour nous diriger vers l'est... Et les montagnes. Nous avions été accueillis en grande pompe à la frontière par un peuple joyeux de nous voir arriver et le duc de Savoie, Charles-Emmanuel II, le frère de Marguerite-Yolande. Petit et fin, Brujon fit remarquer d'un chuchotement qu'il ressemblait à son défunt oncle, Louis XIII

L'héritage de l'Espionne - Livre IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant